Anh, em nhà họ GRIMM và vài tác phẩm (Blanche-Neige ...)
Con Gấu 10.11.2006 20:44:17 (permalink)
Anh, em nhà họ GRIMM

Jacob et Wilhelm GRIMM sont deux écrivains et érudits, nés à Hanau, Jacob le 4 janvier 1785 pour Jacob et le 24 février 1786 pour Wilhelm. Ils font leurs études à l'université de Marbourg. Jacob comme philologue, s'intéresse à la littérature médiévale et à la linguistique et Wilhelm comme critique littéraire. Ils travaillent dans la diplomatie et dans diverses bibliothèques à Kassel. En 1830, les deux frères sont engagés à l'université de Göttingen. Wilhelm en tant que bibliothécaire et Jacob comme chargé de cours en droit ancien, en histoire de la littérature et en philosophie. Ils quittent l'université pour des motifs politiques et reviennent à Kassel en 1837. Quelques années plus tard, Frédéric-Guillaume IV de Prusse les invite à s'installer à Berlin, ce qu'ils font dès 1841. Devenus professeurs dans son université, ils demeurent à Berlin jusqu'à la fin de leur vie. Wilhelm meurt le 16 décembre 1859 et Jacob le 20 septembre 1863.
L'œuvre scientifique majeure de Jacob Grimm est sa Deutsche Grammatik (Grammaire allemande, 1819-1837), qui est généralement considérée comme le fondement de la philologie allemande. Dans la deuxième édition, parue en 1822, Grimm expose sa loi sur le changement et le déplacement des sons, loi qui contribua à la reconstitution des langues mortes. Il écrivit également Über d'en altdeutschen Meistergesang (Poésie des maîtres chanteurs, 1811), Deutsche Mythologie (Mythologie allemande, 1835) ainsi qu'une Geschichte der deutschen Sprache (Histoire de la langue allemande, 1848). Au nombre des publications de son frère Wilhelm Grimm se trouvent plusieurs livres ayant pour thème la littérature et les traditions populaires allemandes, parmi lesquels les Altdänische Heldenlieder (Anciens chants héroïques danois, 1811), Die deutschen Heldensage (les Légendes héroïques de l'ancienne Germanie, 1829), Rolandslied (la Chanson de Roland, 1838) et Altdeutsche Gespräche (Ancien dialecte allemand, 1851).

Les frères Grimm s'intéressent également aux contes populaires allemands. Après les avoir réunis à partir de différentes sources, ils les publient en deux volumes sous le titre de Kinder- und Hausmärchen, (Contes pour les enfants et les parents, 1812-1829). Une nouvelle édition paraît en 1857; elle contient des histoires supplémentaires et devint le fameux livre intitulé Contes de Grimm. Les frères Grimm travaillent ensemble sur nombre d'autres ouvrages; ils publient notamment en 1852 le premier volume du monumental et classique Deutsches Wörterbuch (Dictionnaire allemand), qui est achevé par d'autres érudits en 1958.
<bài viết được chỉnh sửa lúc 13.11.2006 15:22:57 bởi Con Gấu >
#1
    Con Gấu 10.11.2006 20:45:09 (permalink)
    BLANCHE-NEIGE


    Cela se passait en plein hiver et les flocons de neige tombaient du ciel comme un duvet léger. Une reine était assise à sa fenêtre encadrée de bois d'ébène et cousait. Tout en tirant l'aiguille, elle regardait voler les blancs flocons. Elle se piqua au doigt et trois gouttes de sang tombèrent sur la neige. Ce rouge sur ce blanc faisait si bel effet qu'elle se dit : Si seulement j'avais un enfant aussi blanc que la neige, aussi rose que le sang, aussi noir que le bois de ma fenêtre ! Peu de temps après, une fille lui naquit ; elle était blanche comme neige, rose comme sang et ses cheveux étaient noirs comme de l'ébène. On l'appela Blanche-Neige. Mais la reine mourut en lui donnant le jour.
    Au bout d'une année, le roi épousa une autre femme. Elle était très belle ; mais elle était fière et vaniteuse et ne pouvait souffrir que quelqu'un la surpassât en beauté. Elle possédait un miroir magique. Quand elle s'y regardait en disant :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au pays ?

    Le miroir répondait : Madame la reine, vous êtes la plus belle au pays.

    Et elle était contente. Elle savait que le miroir disait la vérité. Blanche-Neige, cependant, grandissait et devenait de plus en plus belle. Quand elle eut atteint ses dix-sept ans elle était déjà plus jolie que le jour et plus belle que la reine elle-même. Un jour que celle-ci demandait au miroir :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au pays ?

    Celui-ci répondit : Madame la reine, vous êtes la plus belle ici
    Mais Blanche-Neige est encore mille fois plus belle.

    La reine en fut épouvantée. Elle devint jaune et verte de jalousie. À partir de là, chaque fois qu'elle apercevait Blanche-Neige, son cœur se retournait dans sa poitrine tant elle éprouvait de haine à son égard. La jalousie et l'orgueil croissaient en elle comme mauvaise herbe. Elle en avait perdu le repos, le jour et la nuit. Elle fit venir un chasseur et lui dit :

    - Emmène l'enfant dans la forêt ! je ne veux plus la voir. Tue-la et rapporte-moi pour preuve de sa mort ses poumons et son foie.
    Le chasseur obéit et conduisit Blanche-Neige dans le bois. Mais quand il eut dégainé son poignard pour en percer son cœur innocent, elle se mit à pleurer et dit :
    - 0, cher chasseur, laisse-moi la vie ! je m'enfoncerai au plus profond de la forêt et ne rentrerai jamais à la maison.
    Et parce qu'elle était belle, le chasseur eut pitié d'elle et dit :
    - Sauve-toi, pauvre enfant !
    Les bêtes de la forêt auront tôt fait de te dévorer ! songeait-il. Et malgré tout, il se sentait soulagé de ne pas avoir dû la tuer. Un marcassin passait justement. Il le tua de son poignard, prit ses poumons et son foie et les apporta à la reine comme preuves de la mort de Blanche-Neige. Le cuisinier reçut ordre de les apprêter et la méchante femme les mangea, s'imaginant qu'ils avaient appartenu à Blanche-Neige.

    La pauvre petite, elle, était au milieu des bois, toute seule. Sa peur était si grande qu'elle regardait toutes les feuilles de la forêt sans savoir ce qu'elle allait devenir. Elle se mit à courir sur les cailloux pointus et à travers les épines. Les bêtes sauvages bondissaient autour d'elle, mais ne lui faisaient aucun mal. Elle courut jusqu'au soir, aussi longtemps que ses jambes purent la porter. Elle aperçut alors une petite maisonnette et y pénétra pour s'y reposer. Dans la maisonnette, tout était minuscule, gracieux et propre. On y voyait une petite table couverte d'une nappe blanche, avec sept petites assiettes et sept petites cuillères, sept petites fourchettes et sept petits couteaux, et aussi sept petits gobelets. Contre le mur, il y avait sept petits lits alignés les uns à côté des autres et recouverts de draps tout blancs. Blanche-Neige avait si faim et si soif qu'elle prit dans chaque assiette un peu de légumes et de pain et but une goutte de vin dans chaque gobelet : car elle ne voulait pas manger la portion tout entière de l'un des convives. Fatiguée, elle voulut ensuite se coucher. Mais aucun des lis ne lui convenait ; l'un était trop long, l'autre trop court. Elle les essaya tous. Le septième, enfin, fut à sa taille. Elle s'y allongea, se confia à Dieu et s'endormit.

    Quand la nuit fut complètement tombée, les propriétaires de la maisonnette arrivèrent. C'était sept nains qui, dans la montagne, travaillaient à la mine. Ils allumèrent leurs sept petites lampes et quand la lumière illumina la pièce, ils virent que quelqu'un y était venu, car tout n'était plus tel qu'ils l'avaient laissé.
    - Le premier dit : Qui s'est assis sur ma petite chaise ?
    - Le deuxième : Qui a mangé dans ma petite assiette ?
    - Le troisième : Qui a pris de mon pain ?
    - Le quatrième : Qui a mangé de mes légumes ?
    - Le cinquième : Qui s'est servi de ma fourchette ?
    - Le sixième : Qui a coupé avec mon couteau ?
    - Le septième : Qui a bu dans mon gobelet ?
    Le premier, en se retournant, vit que son lit avait été dérangé.
    - Qui a touché à mon lit ? dit-il.
    Les autres s'approchèrent en courant et chacun s'écria :
    - Dans le mien aussi quelqu'un s'est couché !
    Mais le septième, quand il regarda son lit, y vit Blanche-Neige endormie. Il appela les autres, qui vinrent bien vite et poussèrent des cris étonnés. Ils prirent leurs sept petites lampes et éclairèrent le visage de Blanche-Neige.
    - Seigneur Dieu ! Seigneur Dieu ! s'écrièrent-ils ; que cette enfant est jolie !
    Ils en eurent tant de joie qu'ils ne l'éveillèrent pas et la laissèrent dormir dans le petit lit. Le septième des nains coucha avec ses compagnons, une heure avec chacun, et la nuit passa ainsi.
    Au matin, Blanche-Neige s'éveilla. Quand elle vit les sept nains, elle s'effraya. Mais ils la regardaient avec amitié et posaient déjà des questions :
    - Comment t'appelles-tu ?
    - Je m'appelle Blanche-Neige, répondit-elle.
    - Comment es-tu venue jusqu'à nous ?
    Elle leur raconta que sa belle-mère avait voulu la faire tuer, mais que le chasseur lui avait laissé la vie sauve et qu'elle avait ensuite couru tout le jour jusqu'à ce qu'elle trouvât cette petite maison. Les nains lui dirent :
    - Si tu veux t'occuper de notre ménage, faire à manger, faire les lits, laver, coudre et tricoter, si tu tiens tout en ordre et en propreté, tu pourras rester avec nous et tu ne manqueras de rien.
    - D'accord, d'accord de tout mon cœur, dit Blanche-Neige.
    Et elle resta auprès d'eux. Elle s'occupa de la maison. le matin, les nains partaient pour la montagne où ils arrachaient le fer et l'or ; le soir, ils s'en revenaient et il fallait que leur repas fût prêt. Toute la journée, la jeune fille restait seule ; les bons petits nains l'avaient mise en garde :
    - Méfie-toi de ta belle-mère ! Elle saura bientôt que tu es ici ; ne laisse entrer personne !
    La reine, cependant, après avoir mangé les poumons et le foie de Blanche-Neige, s'imaginait qu'elle était redevenue la plus belle de toutes. Elle se mit devant son miroir et demanda :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au pays ?

    Le miroir répondit :

    Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
    Mais, par-delà les monts d'airain,
    Auprès des gentils petits nains,
    Blanche-Neige est mille fois plus belle.

    La reine en fut bouleversée ; elle savait que le miroir ne pouvait mentir. Elle comprit que le chasseur l'avait trompée et que Blanche-Neige était toujours en vie. Elle se creusa la tête pour trouver un nouveau moyen de la tuer car aussi longtemps qu'elle ne serait pas la plus belle au pays, elle savait que la jalousie ne lui laisserait aucun repos. Ayant finalement découvert un stratagème, elle se farda le visage et s'habilla comme une vieille marchande ambulante. Elle était méconnaissable.
    Ainsi déguisée, elle franchit les sept montagnes derrière lesquelles vivaient les sept nains. Elle frappa à la porte et dit :
    - J'ai du beau, du bon à vendre, à vendre !
    Blanche-Neige regarda par la fenêtre et dit :
    - Bonjour, cher Madame, qu'avez-vous à vendre ?
    - De la belle, de la bonne marchandise, répondit-elle, des corselets de toutes les couleurs.
    Elle lui en montra un tressé de soie multicolore.
    « Je peux bien laisser entrer cette honnête femme ! » se dit Blanche-Neige. Elle déverrouilla la porte et acheta le joli corselet.
    - Enfant ! dit la vieille. Comme tu t'y prends ! Viens, je vais te l'ajuster comme il faut !
    Blanche-Neige était sans méfiance. Elle se laissa passer le nouveau corselet. Mais la vieille serra rapidement et si fort que la jeune fille perdit le souffle et tomba comme morte.

    Et maintenant, tu as fini d'être la plus belle, dit la vieille en s'enfuyant.
    Le soir, peu de temps après, les sept nains rentrèrent à la maison. Quel effroi fut le leur lorsqu'ils virent leur chère Blanche-Neige étendue sur le sol, immobile et comme sans vie ! Ils la soulevèrent et virent que son corselet la serrait trop. Ils en coupèrent vite le cordonnet. La jeune fille commença à respirer doucement et, peu à peu, elle revint à elle. Quand les nains apprirent ce qui s'était passé, ils dirent :
    - La vieille marchande n'était autre que cette mécréante de reine. Garde-toi et ne laisse entrer personne quand nous ne serons pas là !
    La méchante femme, elle, dès son retour au château, s'était placée devant son miroir et avait demandé :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au pays ?

    Une nouvelle fois, le miroir avait répondu :

    Madame la reine, vous êtes la plus belle ici.
    Mais, par-delà les monts d'airain,
    Auprès des gentils petits nains,
    Blanche-Neige est mille fois plus belle.

    Quand la reine entendit ces mots, elle en fut si bouleversée qu'elle sentit son cœur étouffer. Elle comprit que Blanche-Neige avait recouvré la vie.
    - Eh bien ! dit-elle, je vais trouver quelque moyen qui te fera disparaître à tout jamais !
    Par un tour de sorcellerie qu'elle connaissait, elle empoisonna un peigne. Elle se déguisa à nouveau et prit l'aspect d'une autre vieille femme.
    Elle franchit ainsi les sept montagnes en direction de la maison des sept nains, frappa à la porte et cria :
    - Bonne marchandise à vendre !
    Blanche-Neige regarda par la fenêtre et dit :
    - Passez votre chemin ! je n'ai le droit d'ouvrir à quiconque.
    - Mais tu peux bien regarder, dit la vieille en lui montrant le peigne empoisonné. Je vais te peigner joliment.
    La pauvre Blanche-Neige ne se douta de rien et laissa faire la vieille ; à peine le peigne eut-il touché ses cheveux que le poison agit et que la jeune fille tomba sans connaissance.

    - Et voilà ! dit la méchante femme, c'en est fait de toi, prodige de beauté !
    Et elle s'en alla. Par bonheur, le soir arriva vite et les sept nains rentrèrent à la maison. Quand ils virent Blanche-Neige étendue comme morte sur le sol, ils songèrent aussitôt à la marâtre, cherchèrent et trouvèrent le peigne empoisonné. Dès qu'ils l'eurent retiré de ses cheveux, Blanche-Neige revint à elle et elle leur raconta ce qui s'était passé. Ils lui demandèrent une fois de plus d'être sur ses gardes et de n'ouvrir à personne.
    Rentrée chez elle, la reine s'était placée devant son miroir et avait demandé :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au Pays ?

    Comme la fois précédente, le miroir répondit :

    Madame la reine, vous êtes la plus belle ici.
    Mais, par-delà les monts d'airain,
    Auprès des gentils petits nains,
    Blanche-Neige est mille fois plus belle.

    Quand la reine entendit cela, elle se mit à trembler de colère.
    - Il faut que Blanche-Neige meure ! s'écria-t-elle, dussé-je en périr moi-même !
    Elle se rendit dans une chambre sombre et isolée où personne n'allait jamais et y prépara une pomme empoisonnée. Extérieurement, elle semblait belle, blanche et rouge, si bien qu'elle faisait envie à quiconque la voyait ; mais il suffisait d'en manger un tout petit morceau pour mourir.
    Quand tout fut prêt, la reine se farda le visage et se déguisa en paysanne. Ainsi transformée, elle franchit les sept montagnes pour aller chez les sept nains. Elle frappa à la porte. Blanche-Neige se pencha à la fenêtre et dit :

    - Je n'ai le droit de laisser entrer quiconque ici ; les sept nains me l'ont interdit.
    - D'accord ! répondit la paysanne. J'arriverai bien à vendre mes pommes ailleurs ; mais je vais t'en offrir une.
    - Non, dit Blanche-Neige, je n'ai pas le droit d'accepter quoi que ce soit.
    - Aurais-tu peur d'être empoisonnée ? demanda la vieille. Regarde : je partage la pomme en deux ; tu mangeras la moitié qui est rouge, moi, celle qui est blanche.
    La pomme avait été traitée avec tant d'art que seule la moitié était empoisonnée. Blanche-Neige regarda le fruit avec envie et quand elle vit que la paysanne en mangeait, elle ne put résister plus longtemps. Elle tendit la main et prit la partie empoisonnée de la pomme. À peine y eut-elle mis les dents qu'elle tomba morte sur le sol. La reine la regarda de ses yeux méchants, ricana et dit :

    - Blanche comme neige, rose comme sang, noir comme ébène ! Cette fois-ci, les nains ne pourront plus te réveiller !
    Et quand elle fut de retour chez elle, et demanda au miroir :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au pays ?

    Celui-ci répondit enfin :

    Madame la reine, vous êtes la plus belle au pays.

    Et son cœur jaloux trouva le repos, pour autant qu'un cœur jaloux puisse le trouver.
    Quand, au soir, les petits nains arrivèrent chez eux, ils trouvèrent Blanche-Neige étendue sur le sol, sans souffle. Ils la soulevèrent, cherchèrent s'il y avait quelque chose d'empoisonné, défirent son corselet, coiffèrent ses cheveux, la lavèrent avec de l'eau et du vin. Mais rien n'y fit : la chère enfant était morte et morte elle restait. Ils la placèrent sur une civière, s'assirent tous les sept autour d'elle et pleurèrent trois jours durant. Puis ils se préparèrent à l'enterrer. Mais elle était restée fraîche comme un être vivant et ses jolies joues étaient roses comme auparavant.
    Ils dirent :

    - Nous ne pouvons la mettre dans la terre noire.
    Ils fabriquèrent un cercueil de verre transparent où on pourrait la voir de tous les côtés, l'y installèrent et écrivirent dessus son nom en lettres d'or, en ajoutant qu'elle était fille de roi. Ils portèrent le cercueil en haut de la montagne et l'un d'eux, sans cesse, monta la garde auprès de lui.
    Longtemps Blanche-Neige resta ainsi dans son cercueil toujours aussi jolie. Il arriva qu'un jour un prince qui chevauchait par la forêt s'arrêta à la maison des nains pour y passer la nuit. Il vit le cercueil au sommet de la montagne, et la jolie Blanche-Neige. Il dit aux nains :
    - Laissez-moi le cercueil ; je vous en donnerai ce que vous voudrez.
    Mais les nains répondirent :
    - Nous ne vous le donnerons pas pour tout l'or du monde.
    Il dit :

    - Alors donnez-le-moi pour rien ; car je ne pourrai plus vivre sans voir Blanche-Neige ; je veux lui rendre honneur et respect comme à ma bien-aimée.
    Quand ils entendirent ces mots, les bons petits nains furent saisis de compassion et ils lui donnèrent le cercueil. Le prince le fit emporter sur les épaules de ses serviteurs. Comme ils allaient ainsi, l'un d'eux buta sur une souche. La secousse fit glisser hors de la gorge de Blanche-Neige le morceau de pomme empoisonnée qu'elle avait mangé. Bientôt après, elle ouvrit les yeux, souleva le couvercle du cercueil et se leva. Elle était de nouveau vivante !
    - Seigneur, où suis-je ? demanda-t-elle.
    - Auprès de moi, répondit le prince, plein d'allégresse.
    Il lui raconta ce qui s'était passé, ajoutant :
    - Je t'aime plus que tout au monde ; viens avec moi, tu deviendras ma femme.
    Blanche-Neige accepta. Elle l'accompagna et leurs noces furent célébrées avec magnificence et splendeur.
    La méchante reine, belle-mère de Blanche-Neige, avait également été invitée au mariage. Après avoir revêtu ses plus beaux atours, elle prit place devant le miroir et demanda :

    Miroir, miroir joli,
    Qui est la plus belle au pays ?

    Le miroir répondit :

    Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
    Mais la jeune souveraine est mille fois plus belle

    La méchante femme proféra un affreux juron et elle eut si peur, si peur qu'elle en perdit la tête.
    <bài viết được chỉnh sửa lúc 13.11.2006 23:28:15 bởi Con Gấu >
    #2
      Con Gấu 10.11.2006 20:48:54 (permalink)
      La Belle au Bois Dormant.


      Il était une fois un roi et une reine. Chaque jour ils se disaient :
      - Ah ! si seulement nous avions un enfant.
      Mais d'enfant, point. Un jour que la reine était au bain, une grenouille bondit hors de l'eau et lui dit:
      - Ton voeu sera exaucé. Avant qu'une année ne soit passée, tu mettras une fillette au monde.
      Ce que la grenouille avait prédit arriva. La reine donna le jour à une fille. Elle était si belle que le roi ne se tenait plus de joie. Il organisa une grande fête. Il ne se contenta pas d'y inviter ses parents, ses amis et connaissances, mais aussi des fées afin qu'elles fussent favorables à l'enfant. Il y en avait treize dans son royaume. Mais, comme il ne possédait que douze assiettes d'or pour leur servir un repas, l'une d'elles ne fut pas invitée. La fête fut magnifique. Alors qu'elle touchait à sa fin, les fées offrirent à l'enfant de fabuleux cadeaux : l'une la vertu, l'autre la beauté, la troisième la richesse et ainsi de suite, tout ce qui est désirable au monde.
      Comme onze des fées venaient d'agir ainsi, la treizième survint tout à coup. Elle voulait se venger de n'avoir pas été invitée. Sans saluer quiconque, elle s'écria d'une forte voix :
      - La fille du roi, dans sa quinzième année, se piquera à un fuseau et tombera raide morte.
      Puis elle quitta la salle. Tout le monde fut fort effrayé. La douzième des fées, celle qui n'avait pas encore formé son voeu, s'avança alors. Et comme elle ne pouvait pas annuler le mauvais sort, mais seulement le rendre moins dangereux, elle dit :
      - Ce ne sera pas une mort véritable, seulement un sommeil de cent années dans lequel sera plongée la fille du roi.
      Le roi, qui aurait bien voulu préserver son enfant adorée du malheur, ordonna que tous les fuseaux fussent brûlés dans le royaume. Cependant, tous les dons que lui avaient donnés les fées s'épanouissaient chez la jeune fille. Elle était si belle, si vertueuse, si gentille et si raisonnable que tous ceux qui la voyaient l'aimaient.
      Il advint que le jour de sa quinzième année, le roi et la reine quittèrent leur demeure. La jeune fille resta seule au château. Elle s'y promena partout, visitant les salles et les chambres à sa fantaisie. Finalement, elle entra dans une vieille tour. Elle escalada l'étroit escalier en colimaçon et parvint à une petite porte. Dans la serrure, il y avait une clé rouillée. Elle la tourna. La porte s'ouvrit brusquement. Une vieille femme filant son lin avec application, était assise dans une petite chambre.
      - Bonjour, grand-mère, dit la jeune fille. Que fais-tu là ?
      - Je file, dit la vieille en branlant la tête.
      - Qu'est-ce donc que cette chose que tu fais bondir si joyeusement, demanda la jeune fille.
      Elle s'empara du fuseau et voulut filer à son tour. À peine l'eut-elle touché que le mauvais sort s'accomplit : elle se piqua au doigt.
      À l'instant même, elle s'affaissa sur un lit qui se trouvait là et tomba dans un profond sommeil. Et ce sommeil se répandit sur l'ensemble du château. Le roi et la reine, qui venaient tout juste de revenir et pénétraient dans la grande salle du palais, s'endormirent. Et avec eux, toute la Cour. Les chevaux s'endormirent dans leurs écuries, les chiens dans la cour, les pigeons sur le toit, les mouches contre les murs. Même le feu qui brûlait dans l'âtre s'endormit et le rôti s'arrêta de rôtir. Le cuisinier, qui était en train de tirer les cheveux du marmiton parce qu'il avait raté un plat, le lâcha et s'endormit. Et le vent cessa de souffler. Nulle feuille ne bougea plus sur les arbres devant le château.
      Tout autour du palais, une hale d'épines se mit à pousser, qui chaque jour devint plus haute et plus touffue. Bientôt, elle cerna complètement le château, jusqu'à ce qu'on n'en vît plus rien, même pas le drapeau sur le toit.
      Dans le pays, la légende de la Belle au Bois Dormant - c'est ainsi que fut nommée la fille du roi, - se répandait. De temps en temps, des fils de roi s'approchaient du château et tentaient d'y pénétrer à travers l'épaisse muraille d'épines. Mais ils n'y parvenaient pas. Les épines se tenaient entre elles, comme par des mains. Les jeunes princes y restaient accrochés, sans pouvoir se détacher et mouraient là, d'une mort cruelle.
      Au bout de longues, longues années, le fils d'un roi passa par le pays. Un vieillard lui raconta l'histoire de la haie d'épines. Derrière elle, il devait y avoir un château dans lequel dormait, depuis cent ans, la merveilleuse fille d'un roi, appelée la Belle au Bois Dormant. Avec elle, dormaient le roi, la reine et toute la Cour. Le vieil homme avait aussi appris de son grand-père que de nombreux princes étaient déjà venus qui avaient tenté de forcer la hale d'épines ; mais ils y étaient restés accrochés et y étaient morts d'une triste mort. Le jeune homme dit alors :
      - Je n'ai peur de rien, je vais y aller. Je veux voir la Belle au Bois Dormant.
      Le bon vieillard voulut l'en empêcher, mais il eut beau faire, le prince ne l'écouta pas.
      Or, les cent années étaient justement écoulées et le jour était venu où la Belle au Bois Dormant devait se réveiller. Lorsque le fils du roi s'approcha de la haie d'épines, il vit de magnifiques fleurs qui s'écartaient d'elles-mêmes sur son passage et lui laissaient le chemin. Derrière lui, elles reformaient une haie. Dans le château, il vit les chevaux et les chiens de chasse tachetés qui dormaient. Sur le toit, les pigeons se tenaient la tête sous l'aile. Et lorsqu'il pénétra dans le palais, il vit les mouches qui dormaient contre les murs. Le cuisinier, dans la cuisine, avait encore la main levée comme s'il voulait attraper le marmiton et la bonne était assise devant une poule noire qu'elle allait plumer. En haut, sur les marches du trône, le roi et la reine étaient endormis. Le prince poursuivit son chemin et le silence était si profond qu'il entendait son propre souffle. Enfin, il arriva à la tour et poussa la porte de la petite chambre où dormait la Belle.
      Elle était là, si jolie qu'il ne put en détourner le regard. Il se pencha sur elle et lui donna un baiser. Alors, la Belle au Bois Dormant s'éveilla, ouvrit les yeux et le regarda en souriant.
      Ils sortirent tous deux et le roi s'éveilla à son tour, et la reine, et toute la Cour. Et tout le monde se regardait avec de grand yeux. Dans les écuries, les chevaux se dressaient sur leurs pattes et s'ébrouaient les chiens de chasse bondirent en remuant la queue. Sur le toit, les pigeons sortirent la tête de sous leurs ailes, regardèrent autour d'eux et s'envolèrent vers la campagne. Les mouches, sur les murs, reprirent leur mouvement ; dans la cuisine, le feu s'alluma, flamba et cuisit le repas. Le rôti se remit à rissoler ; le cuisinier donna une gifle au marmiton, si fort que celui-ci en cria, et la bonne acheva de plumer la poule.
      Le mariage du prince et de la Belle au Bois Dormant fut célébré avec un faste exceptionnel. Et ils vécurent heureux jusqu'à leur mort.
      <bài viết được chỉnh sửa lúc 10.11.2006 20:58:28 bởi Con Gấu >
      #3
        Con Gấu 10.11.2006 20:50:59 (permalink)
        Le Petit Chaperon rouge.

        Il était une fois une petite fille que tout le monde aimait bien, surtout sa grand-mère. Elle ne savait qu'entreprendre pour lui faire plaisir. Un jour, elle lui offrit un petit bonnet de velours rouge, qui lui allait si bien qu'elle ne voulut plus en porter d'autre. Du coup, on l'appela « Chaperon rouge ».
        Un jour, sa mère lui dit :
        - Viens voir, Chaperon rouge : voici un morceau de gâteau et une bouteille de vin. Porte-les à ta grand-mère ; elle est malade et faible ; elle s'en délectera ; fais vite, avant qu'il ne fasse trop chaud. Et quand tu seras en chemin, sois bien sage et ne t'écarte pas de ta route, sinon tu casserais la bouteille et ta grand-mère n'aurait plus rien. Et quand tu arriveras chez elle, n'oublie pas de dire « Bonjour » et ne va pas fureter dans tous les coins.
        - Je ferai tout comme il faut, dit le Petit Chaperon rouge à sa mère.
        La fillette lui dit au revoir. La grand-mère habitait loin, au milieu de la forêt, à une demi-heure du village. Lorsque le Petit Chaperon rouge arriva dans le bois, il rencontra le Loup. Mais il ne savait pas que c'était une vilaine bête et ne le craignait point.
        - Bonjour, Chaperon rouge, dit le Loup.
        - Bonjour, Loup, dit le Chaperon rouge.
        - Où donc vas-tu si tôt, Chaperon rouge ?
        - Chez ma grand-mère.
        - Que portes-tu dans ton panier ?
        - Du gâteau et du vin. Hier nous avons fait de la pâtisserie, et ça fera du bien à ma grand-mère. Ça la fortifiera.
        - Où habite donc ta grand-mère, Chaperon rouge ?
        - Oh ! à un bon quart d'heure d'ici, dans la forêt. Sa maison se trouve sous les trois gros chênes. En dessous, il y a une haie de noisetiers, tu sais bien ? dit le petit Chaperon rouge.
        Le Loup se dit : « Voilà un mets bien jeune et bien tendre, un vrai régal ! Il sera encore bien meilleur que la vieille. Il faut que je m'y prenne adroitement pour les attraper toutes les eux ! »
        Il l'accompagna un bout de chemin et dit :
        - Chaperon rouge, vois ces belles fleurs autour de nous. Pourquoi ne les regardes-tu pas ? J'ai l'impression que tu n'écoutes même pas comme les oiseaux chantent joliment. Tu marches comme si tu allais à l'école, alors que tout est si beau, ici, dans la forêt !
        Le Petit Chaperon rouge ouvrit les yeux et lorsqu'elle vit comment les rayons du soleil dansaient de-ci, de-là à travers les arbres, et combien tout était plein de fleurs, elle pensa : « Si j'apportais à ma grand- mère un beau bouquet de fleurs, ça lui ferait bien plaisir. Il est encore si tôt que j'arriverai bien à l'heure. »
        Elle quitta le chemin, pénétra dans le bois et cueillit des fleurs. Et, chaque fois qu'elle en avait cueilli une, elle se disait : « Plus loin, j'en vois une plus belle » ; et elle y allait et s'enfonçait toujours plus profondément dans la forêt. Le Loup lui, courait tout droit vers la maison de la grand-mère. Il frappa à la porte.
        - Qui est là ?
        - C'est le Petit Chaperon rouge qui t'apporte du gâteau et du vin.
        - Tire la chevillette, dit la grand-mère. Je suis trop faible et ne peux me lever.
        Le Loup tire la chevillette, la porte s'ouvre et sans dire un mot, il s'approche du lit de la grand-mère et l'avale. Il enfile ses habits, met sa coiffe, se couche dans son lit et tire les rideaux.
        Pendant ce temps, le petit Chaperon Rouge avait fait la chasse aux fleurs. Lorsque la fillette en eut tant qu'elle pouvait à peine les porter, elle se souvint soudain de sa grand-mère et reprit la route pour se rendre auprès d'elle. Elle fut très étonnée de voir la porte ouverte. Et lorsqu'elle entra dans la chambre, cela lui sembla si curieux qu'elle se dit : « Mon dieu, comme je suis craintive aujourd'hui. Et, cependant, d'habitude, je suis si contente d'être auprès de ma grand-mère ! » Elle s'écria :
        - Bonjour !
        Mais nulle réponse. Elle s'approcha du lit et tira les rideaux. La grand-mère y était couchée, sa coiffe tirée très bas sur son visage. Elle avait l'air bizarre.
        - Oh, grand-mère, comme tu as de grandes oreilles.
        - C'est pour mieux t'entendre...
        - Oh ! grand-mère, comme tu as de grands yeux !
        - C'est pour mieux te voir !
        - Oh ! grand-mère, comme tu as de grandes mains !
        - C'est pour mieux t'étreindre...
        - Mais, grand-mère, comme tu as une horrible et grande bouche !
        - C'est pour mieux te manger !
        À peine le Loup eut-il prononcé ces mots, qu'il bondit hors du lit et avala le pauvre Petit Chaperon rouge.
        Lorsque le Loup eut apaisé sa faim, il se recoucha, s'endormit et commença à ronfler bruyamment. Un chasseur passait justement devant la maison. Il se dit : « Comme cette vieille femme ronfle ! Il faut que je voie si elle a besoin de quelque chose. » Il entre dans la chambre et quand il arrive devant le lit, il voit que c'est un Loup qui y est couché.
        - Ah ! c'est toi, bandit ! dit-il. Voilà bien longtemps que je te cherche...
        Il se prépare à faire feu lorsque tout à coup l'idée lui vient que le Loup pourrait bien avoir avalé la grand-mère et qu'il serait peut-être encore possible de la sauver. Il ne tire pas, mais prend des ciseaux et commence à ouvrir le ventre du Loup endormi. À peine avait-il donné quelques coups de ciseaux qu'il aperçoit le Chaperon rouge. Quelques coups encore et la voilà qui sort du Loup et dit :
        - Ah ! comme j'ai eu peur ! Comme il faisait sombre dans le ventre du Loup !
        Et voilà que la grand-mère sort à son tour, pouvant à peine respirer. Le Petit Chaperon rouge se hâte de chercher de grosses pierres. Ils en remplissent le ventre du Loup. Lorsque celui-ci se réveilla, il voulut s'enfuir. Mais les pierres étaient si lourdes qu'il s'écrasa par terre et mourut.
        Ils étaient bien contents tous les trois : le chasseur dépouilla le Loup et l'emporta chez lui. La grand-mère mangea le gâteau et but le vin que le Petit Chaperon rouge avait apportés. Elle s'en trouva toute ragaillardie. Le Petit Chaperon rouge cependant pensait : « Je ne quitterai plus jamais mon chemin pour aller me promener dans la forêt, quand ma maman me l'aura interdit. »
        <bài viết được chỉnh sửa lúc 13.11.2006 23:28:41 bởi Con Gấu >
        #4
          Con Gấu 10.11.2006 20:54:15 (permalink)
          Hansel et Grethel

          A l'orée d'une grande forêt vivaient un pauvre bûcheron, sa femme et ses deux enfants. Le garçon s'appelait Hansel et la fille Grethel. La famille ne mangeait guère. Une année que la famine régnait dans le pays et que le pain lui-même vint à manquer, le bûcheron ruminait des idées noires, une nuit, dans son lit et remâchait ses soucis. Il dit à sa femme
          - Qu'allons-nous devenir ? Comment nourrir nos pauvres enfants, quand nous n'avons plus rien pour nous-mêmes ?
          - Eh bien, mon homme, dit la femme, sais-tu ce que nous allons faire ? Dès l'aube, nous conduirons les enfants au plus profond de la forêt nous leur allumerons un feu et leur donnerons à chacun un petit morceau de pain. Puis nous irons à notre travail et les laisserons seuls. Ils ne retrouveront plus leur chemin et nous en serons débarrassés.
          - Non, femme, dit le bûcheron. je ne ferai pas cela ! Comment pourrais-je me résoudre à laisser nos enfants tout seuls dans la forêt ! Les bêtes sauvages ne tarderaient pas à les dévorer.
          - Oh ! fou, rétorqua-t-elle, tu préfères donc que nous mourions de faim tous les quatre ? Alors, il ne te reste qu'à raboter les planches de nos cercueils.
          Elle n'eut de cesse qu'il n'acceptât ce qu'elle proposait.
          - Mais j'ai quand même pitié de ces pauvres enfants, dit le bûcheron.
          Les deux petits n'avaient pas pu s'endormir tant ils avaient faim. Ils avaient entendu ce que la marâtre disait à leur père. Grethel pleura des larmes amères et dit à son frère :
          - C'en est fait de nous
          - Du calme, Grethel, dit Hansel. Ne t'en fais pas ; Je trouverai un moyen de nous en tirer.
          Quand les parents furent endormis, il se leva, enfila ses habits, ouvrit la chatière et se glissa dehors. La lune brillait dans le ciel et les graviers blancs, devant la maison, étincelaient comme des diamants. Hansel se pencha et en mit dans ses poches autant qu'il put. Puis il rentra dans la maison et dit à Grethel :
          - Aie confiance, chère petite soeur, et dors tranquille. Dieu ne nous abandonnera pas.
          Et lui-même se recoucha.
          Quand vint le jour, avant même que le soleil ne se levât, la femme réveilla les deux enfants :
          - Debout, paresseux ! Nous allons aller dans la forêt pour y chercher du bois. Elle leur donna un morceau de pain à chacun et dit :
          - Voici pour le repas de midi ; ne mangez pas tout avant, car vous n'aurez rien d'autre.
          Comme les poches de Hansel étaient pleines de cailloux, Grethel mit le pain dans son tablier. Puis, ils se mirent tous en route pour la forêt. Au bout de quelque temps, Hansel s'arrêta et regarda en direction de la maison. Et sans cesse, il répétait ce geste. Le père dit :
          - Que regardes-tu, Hansel, et pourquoi restes-tu toujours en arrière ? Fais attention à toi et n'oublie pas de marcher !
          - Ah ! père dit Hansel, Je regarde mon petit chat blanc qui est perché là-haut sur le toit et je lui dis au revoir.
          La femme dit :
          - Fou que tu es ! ce n'est pas le chaton, c'est un reflet de soleil sur la cheminée. Hansel, en réalité, n'avait pas vu le chat. Mais, à chaque arrêt, il prenait un caillou blanc dans sa poche et le jetait sur le chemin.
          Quand ils furent arrivés au milieu de la forêt, le père dit :
          - Maintenant, les enfants, ramassez du bois ! je vais allumer un feu pour que vous n'ayez pas froid.
          Hansel et Grethel amassèrent des brindilles au sommet d'une petite colline. Quand on y eut mit le feu et qu'il eut bien pris, la femme dit :
          - Couchez-vous auprès de lui, les enfants, et reposez-vous. Nous allons abattre du bois. Quand nous aurons fini, nous reviendrons vous chercher.
          Hansel et Grethel s'assirent auprès du feu et quand vint l'heure du déjeuner, ils mangèrent leur morceau de pain. Ils entendaient retentir des coups de hache et pensaient que leur père était tout proche. Mais ce n'était pas la hache. C'était une branche que le bûcheron avait attachée à un arbre mort et que le vent faisait battre de-ci, de-là. Comme ils étaient assis là depuis des heures, les yeux finirent par leur tomber de fatigue et ils s'endormirent. Quand ils se réveillèrent, il faisait nuit noire. Grethel se mit à pleurer et dit :
          - Comment ferons-nous pour sortir de la forêt ?
          Hansel la consola
          - Attends encore un peu, dit-il, jusqu'à ce que la lune soit levée. Alors, nous retrouverons notre chemin.
          Quand la pleine lune brilla dans le ciel, il prit sa soeur par la main et suivit les petits cailloux blancs. Ils étincelaient comme des écus frais battus et indiquaient le chemin. Les enfants marchèrent toute la nuit et, quand le jour se leva, ils atteignirent la maison paternelle. Ils frappèrent à la porte. Lorsque la femme eut ouvert et quand elle vit que c'étaient Hansel et Grethel, elle dit :
          - Méchants enfants ! pourquoi avez-vous dormi si longtemps dans la forêt ? Nous pensions que vous ne reviendriez jamais.
          Leur père, lui, se réjouit, car il avait le coeur lourd de les avoir laissés seuls dans la forêt.
          Peu de temps après, la misère régna de plus belle et les enfants entendirent ce que la marâtre disait, pendant la nuit, à son mari :
          - Il ne nous reste plus rien à manger, une demi-miche seulement, et après, finie la chanson ! Il faut nous débarrasser des enfants ; nous les conduirons encore plus profond dans la forêt pour qu'ils ne puissent plus retrouver leur chemin ; il n'y a rien d'autre à faire.
          Le père avait bien du chagrin. Il songeait - « Il vaudrait mieux partager la dernière bouchée avec les enfants. » Mais la femme ne voulut n'en entendre. Elle le gourmanda et lui fit mille reproches. Qui a dit « A » doit dire « B. »Comme il avait accepté une première fois, il dut consentir derechef.
          Les enfants n'étaient pas encore endormis. Ils avaient tout entendu. Quand les parents furent plongés dans le sommeil, Hansel se leva avec l'intention d'aller ramasser des cailloux comme la fois précédente. Mais la marâtre avait verrouillé la porte et le garçon ne put sortir. Il consola cependant sa petite soeur :
          - Ne pleure pas, Grethel, dors tranquille ; le bon Dieu nous aidera.
          Tôt le matin, la marâtre fit lever les enfants. Elle leur donna un morceau de pain, plus petit encore que l'autre fois. Sur la route de la forêt, Hansel l'émietta dans sa poche ; il s'arrêtait souvent pour en jeter un peu sur le sol.
          - Hansel, qu'as-tu à t'arrêter et à regarder autour de toi ? dit le père. Va ton chemin !
          - Je regarde ma petite colombe, sur le toit, pour lui dire au revoir ! répondit Hansel.
          - Fou ! dit la femme. Ce n'est pas la colombe, c'est le soleil qui se joue sur la cheminée.
          Hansel, cependant, continuait à semer des miettes de pain le long du chemin.
          La marâtre conduisit les enfants au fin fond de la forêt, plus loin qu'ils n'étaient jamais allés. On y refit un grand feu et la femme dit :
          - Restez là, les enfants. Quand vous serez fatigués, vous pourrez dormir un peu nous allons couper du bois et, ce soir, quand nous aurons fini, nous viendrons vous chercher.
          À midi, Grethel partagea son pain avec Hansel qui avait éparpillé le sien le long du chemin. Puis ils dormirent et la soirée passa sans que personne ne revînt auprès d'eux. Ils s'éveillèrent au milieu de la nuit, et Hansel consola sa petite soeur, disant :
          - Attends que la lune se lève, Grethel, nous verrons les miettes de pain que j'ai jetées ; elles nous montreront le chemin de la maison.
          Quand la lune se leva, ils se mirent en route. Mais de miettes, point. Les mille oiseaux des champs et des bois les avaient mangées. Les deux enfants marchèrent toute la nuit et le jour suivant, sans trouver à sortir de la forêt. Ils mouraient de faim, n'ayant à se mettre sous la dent que quelques baies sauvages. Ils étaient si fatigués que leurs jambes ne voulaient plus les porter. Ils se couchèrent au pied d'un arbre et s'endormirent.
          Trois jours s'étaient déjà passés depuis qu'ils avaient quitté la maison paternelle. Ils continuaient à marcher, s'enfonçant toujours plus avant dans la forêt. Si personne n'allait venir à leur aide, ils ne tarderaient pas à mourir. À midi, ils virent un joli oiseau sur une branche, blanc comme neige. Il chantait si bien que les enfants s'arrêtèrent pour l'écouter. Quand il eut fini, il déploya ses ailes et vola devant eux. Ils le suivirent jusqu'à une petite maison sur le toit de laquelle le bel oiseau blanc se percha. Quand ils s'en furent approchés tout près, ils virent qu'elle était faite de pain et recouverte de gâteaux. Les fenêtres étaient en sucre. - Nous allons nous mettre au travail, dit Hansel, et faire un repas béni de Dieu. Je mangerai un morceau du toit ; ça a l'air d'être bon !
          Hansel grimpa sur le toit et en arracha un petit morceau pour goûter. Grethel se mit à lécher les carreaux. On entendit alors une voix suave qui venait de la chambre

          - Langue, langue lèche !
          Qui donc ma maison lèche ?

          Les enfants répondirent

          - C'est le vent, c'est le vent.
          Ce céleste enfant.

          Et ils continuèrent à manger sans se laisser détourner de leur tâche. Hansel, qui trouvait le toit fort bon, en fit tomber un gros morceau par terre et Grethel découpa une vitre entière, s'assit sur le sol et se mit à manger. La porte, tout à coup, s'ouvrit et une femme, vieille comme les pierres, s'appuyant sur une canne, sortit de la maison. Hansel et Grethel eurent si peur qu'ils laissèrent tomber tout ce qu'ils tenaient dans leurs mains. La vieille secoua la tête et dit :
          - Eh ! chers enfants, qui vous a conduits ici ? Entrez, venez chez moi ! Il ne vous sera fait aucun mal.
          Elle les prit tous deux par la main et les fit entrer dans la maisonnette. Elle leur servit un bon repas, du lait et des beignets avec du sucre, des pommes et des noix. Elle prépara ensuite deux petits lits. Hansel et Grethel s'y couchèrent. Ils se croyaient au Paradis.
          Mais l'amitié de la vieille n'était qu'apparente. En réalité, c'était une méchante sorcière à l'affût des enfants. Elle n'avait construit la maison de pain que pour les attirer. Quand elle en prenait un, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait. Pour elle, c'était alors jour de fête. La sorcière avait les yeux rouges et elle ne voyait pas très clair. Mais elle avait un instinct très sûr, comme les bêtes, et sentait venir de loin les êtres humains. Quand Hansel et Grethel s'étaient approchés de sa demeure, elle avait ri méchamment et dit d'une voix mielleuse :
          - Ceux-là, je les tiens ! Il ne faudra pas qu'ils m'échappent !
          À l'aube, avant que les enfants ne se soient éveillés, elle se leva. Quand elle les vit qui reposaient si gentiment, avec leurs bonnes joues toutes roses, elle murmura :
          - Quel bon repas je vais faire !
          Elle attrapa Hansel de sa main rêche, le conduisit dans une petite étable et l'y enferma au verrou. Il eut beau crier, cela ne lui servit à rien. La sorcière s'approcha ensuite de Grethel, la secoua pour la réveiller et s'écria :
          - Debout, paresseuse ! Va chercher de l'eau et prépare quelque chose de bon à manger pour ton frère. Il est enfermé à l'étable et il faut qu'il engraisse. Quand il sera à point, je le mangerai.
          Grethel se mit à pleurer, mais cela ne lui servit à rien. Elle fut obligée de faire ce que lui demandait l'ogresse. On prépara pour le pauvre Hansel les plats les plus délicats. Grethel, elle, n'eut droit qu'à des carapaces de crabes. Tous les matins, la vieille se glissait jusqu'à l'écurie et disait :
          - Hansel, tends tes doigts, que je voie si tu es déjà assez gras.
          Mais Hansel tendait un petit os et la sorcière, qui avait de mauvais yeux, ne s'en rendait pas compte. Elle croyait que c'était vraiment le doigt de Hansel et s'étonnait qu'il n'engraissât point. Quand quatre semaines furent passées, et que l'enfant était toujours aussi maigre, elle perdit patience et décida de ne pas attendre plus longtemps.
          - Holà ! Grethel, cria-t-elle, dépêche-toi d'apporter de l'eau. Que Hansel soit gras ou maigre, c'est demain que je le tuerai et le mangerai.
          Ah, comme elle pleurait, la pauvre petite, en charriant ses seaux d'eau, comme les larmes coulaient le long de ses joues !
          - Dieu bon, aide-nous donc ! s'écria-t-elle. Si seulement les bêtes de la forêt nous avaient dévorés ! Au moins serions-nous morts ensemble !
          - Cesse de te lamenter ! dit la vieille ; ça ne te servira à rien !
          De bon matin, Grethel fut chargée de remplir la grande marmite d'eau et d'allumer le feu.
          - Nous allons d'abord faire la pâte, dit la sorcière. J'ai déjà fait chauffer le four et préparé ce qu'il faut. Elle poussa la pauvre Grethel vers le four, d'où sortaient de grandes flammes.
          - Faufile-toi dedans ! ordonna-t-elle, et vois s'il est assez chaud pour la cuisson. Elle avait l'intention de fermer le four quand la petite y serait pour la faire rôtir. Elle voulait la manger, elle aussi. Mais Grethel devina son projet et dit :
          - Je ne sais comment faire , comment entre-t-on dans ce four ?
          - Petite oie, dit la sorcière, l'ouverture est assez grande, vois, je pourrais y entrer moi-même.
          Et elle y passa la tête. Alors Grethel la poussa vivement dans le four, claqua la porte et mit le verrou. La sorcière se mit à hurler épouvantablement. Mais Grethel s'en alla et cette épouvantable sorcière n'eut plus qu'à rôtir.
          Grethel, elle, courut aussi vite qu'elle le pouvait chez Hansel. Elle ouvrit la petite étable et dit :
          - Hansel, nous sommes libres ! La vieille sorcière est morte !
          Hansel bondit hors de sa prison, aussi rapide qu'un oiseau dont on vient d'ouvrir la cage. Comme ils étaient heureux ! Comme ils se prirent par le cou, dansèrent et s'embrassèrent ! N'ayant plus rien à craindre, ils pénétrèrent dans la maison de la sorcière. Dans tous les coins, il y avait des caisses pleines de perles et de diamants.
          - C'est encore mieux que mes petits cailloux ! dit Hansel en remplissant ses poches.
          Et Grethel ajouta
          - Moi aussi, je veux en rapporter à la maison !
          Et elle en mit tant qu'elle put dans son tablier.
          - Maintenant, il nous faut partir, dit Hansel, si nous voulons fuir cette forêt ensorcelée.
          Au bout de quelques heures, ils arrivèrent sur les bords d'une grande rivière.
          - Nous ne pourrons pas la traverser, dit Hansel, je ne vois ni passerelle ni pont.
          - On n'y voit aucune barque non plus, dit Grethel. Mais voici un canard blanc. Si Je lui demande, il nous aidera à traverser.
          Elle cria :

          - Petit canard, petit canard,
          Nous sommes Hansel et Grethel.
          Il n'y a ni barque, ni gué, ni pont,
          Fais-nous passer avant qu'il ne soit tard.

          Le petit canard s'approcha et Hansel se mit à califourchon sur son dos. Il demanda à sa soeur de prendre place à côté de lui.
          - Non, répondit-elle, ce serait trop lourd pour le canard. Nous traverserons l'un après l'autre.
          La bonne petite bête les mena ainsi à bon port. Quand ils eurent donc passé l'eau sans dommage, ils s'aperçurent au bout de quelque temps que la forêt leur devenait de plus en plus familière. Finalement, ils virent au loin la maison de leur père. Ils se mirent à courir, se ruèrent dans la chambre de leurs parents et sautèrent au cou de leur père. L'homme n'avait plus eu une seule minute de bonheur depuis qu'il avait abandonné ses enfants dans la forêt. Sa femme était morte. Grethel secoua son tablier et les perles et les diamants roulèrent à travers la chambre. Hansel en sortit d'autres de ses poches, par poignées. C'en était fini des soucis. Ils vécurent heureux tous ensemble.
          <bài viết được chỉnh sửa lúc 10.11.2006 21:01:53 bởi Con Gấu >
          #5
            Con Gấu 10.11.2006 21:17:23 (permalink)
            CENDRILLON



            Un homme riche avait une femme qui tomba malade; et quand celle-ci sentit sa fin prochaine, elle appela à son chevet son unique fille et lui dit :
            - Chère enfant, reste bonne et pieuse, et le bon Dieu t'aidera toujours, et moi, du haut du ciel, je te regarderai et te protégerai.
            Puis elle ferma les yeux et rnourut. La fillette se rendit chaque jour sur la tombe de sa mère, pleura et resta bonne et pieuse. L'hiver venu, la neige recouvrit la tombe d'un tapis blanc. Mais au printemps, quand le soleil l'eut fait fondre, l'homme prit une autre femme.
            La femme avait amené avec elle ses deux filles qui étaient jolies et blanches de visage, mais laides et noires de coeur. Alors de bien mauvais jours commencèrent pour la pauvre belle-fille.
            Faut-il que cette petite oie reste avec nous dans la salle? dirent-elles. Qui veut manger du pain, doit le gagner. Allez ouste, souillon!
            Elles lui enlevèrent ses beaux habits, la vêtirent d'un vieux tablier gris et lui donnèrent des sabots de bois. " Voyez un peu la fière princesse, comme elle est accoutrée! ", s'écrièrent-elles en riant et elles la conduisirent à la cuisine. Alors il lui fallut faire du matin au soir de durs travaux, se lever bien avant le jour, porter de l'eau, allumer le feu, faire la cuisine et la lessive. En outre, les deux soeurs lui faisaient toutes les misères imaginables, se moquaient d'elle, lui renversaient les pois et les lentilles dans la cendre, de sorte qu'elle devait recommencer à les trier. Le soir, lorsqu'elle était épuisée de travail, elle ne se couchait pas dans un lit, mais devait s'étendre près du foyer dans les cendres. Et parce que cela lui donnait toujours un air poussiéreux et sale, elles l'appelèrent " Cendrillon ".
            Il arriva que le père voulut un jour se rendre à la foire; il demanda à ses deux belles-filles ce qu'il devait leur rapporter.
            - De beaux habits, dit l'une. - Des perles et des pierres précieuses, dit la seconde.
            - Et toi, Cendrillon, demanda-t-il, que veux-tu?
            - Père, le premier rameau qui heurtera votre chapeau sur le chemin du retour, cueillez-le pour moi.
            Il acheta donc de beaux habits, des perles et des pierres précieuses pour les deux soeurs, et, sur le chemin du retour, en traversant à cheval un vert bosquet, une branche de noisetier l'effleura et fit tomber son chapeau. Alors il cueillit le rameau et l'emporta. Arrivé à la maison, il donna à ses belles-filles ce qu'elles avaient souhaité et à Cendrillon le rameau de noisetier. Cendrillon le remercia, s'en alla sur la tombe de sa mère et y planta le rameau, en pleurant si fort que les larmes tombèrent dessus et l'arrosèrent. Il grandit cependant et devint un bel arbre. Cendrillon allait trois fois par jour pleurer et prier sous ses branches, et chaque fois un petit oiseau blanc venait se poser sur l'arbre. Quand elle exprimait un souhait, le petit oiseau lui lançait à terre ce quelle avait souhaité.
            Or il arriva que le roi donna une fête qui devait durer trois jours et à laquelle furent invitées toutes les jolies filles du pays, afin que son fils pût se choisir une fiancée. Quand elles apprirent qu'elles allaient aussi y assister, les deux soeurs furent toutes contentes; elles appelèrent Cendrillon et lui dirent -
            -Peigne nos cheveux, brosse nos souliers et ajuste les boucles, nous allons au château du roi pour la noce.
            Cendrillon obéit, mais en pleurant, car elle aurait bien voulu les accompagner, et elle pria sa belle-mère de bien vouloir le lui permettre.
            Toi, Cendrillon, dit-elle, mais tu es pleine de poussière et de crasse, et tu veux aller à la noce? Tu n'as ni habits, ni souliers, et tu veux aller danser?
            Mais comme Cendrillon ne cessait de la supplier, elle finit par lui dire :
            -J'ai renversé un plat de lentilles dans les cendres; si dans deux heures tu les as de nouveau triées, tu pourras venir avec nous.
            La jeune fille alla au jardin par la porte de derrière et appela : " Petits pigeons dociles, petites tourterelles et vous tous les petits oiseaux du ciel, venez m'aider à trier les graines :

            les bonnes dans le petit pot,
            les mauvaises dans votre jabot. "

            Alors deux pigeons blancs entrèrent par la fenêtre de la cuisine, puis les tourterelles, et enfin, par nuées, tous les petits oiseaux du ciel vinrent en voletant se poser autour des cendres. Et baissant leurs petites têtes, tous les pigeons commencèrent à picorer : pic, pic, pic, pic, et les autres s'y mirent aussi : pic, pic, pic, pic, et ils amassèrent toutes les bonnes graines dans le plat. Au bout d'une heure à peine, ils avaient déjà terminé et s'envolèrent tous de nouveau. Alors la jeune fille, toute joyeuse à l'idée qu’elle aurait maintenant la permission d'aller à la noce avec les autres, porta le plat à sa marâtre. Mais celle-ci lui dit :
            - Non, Cendrillon, tu n'as pas d'habits et tu ne sais pas danser : on ne ferait que rire de toi.
            Comme Cendrillon se mettait à pleurer, elle lui dit :
            - Si tu peux, en une heure de temps, me trier des cendres deux grands plats de lentilles, tu nous accompagneras. - Car elle se disait qu'au grand jamais elle n'y parviendrait.
            Quand elle eut jeté le contenu des deux plats de lentilles dans la cendre, la jeune fille alla dans le jardin par la porte de derrière et appela : " Petits pigeons dociles, petites tourterelles, et vous tous les petits oiseaux du ciel, venez m'aider à trier les graines :


            les bonnes dans le petit pot,
            les mauvaises dans votre jabot.

            Alors deux pigeons blancs entrèrent par la fenêtre de la cuisine, puis les tourterelles, et enfin, par nuées, tous les petits oiseaux du ciel vinrent en voletant se poser autour des cendres. Et baissant leurs petites têtes, tous les pigeons commencèrent -à picorer: pic, pic, pic, pic, et les autres s y mirent aussi : pic, pic, pic, pic, et ils ramassèrent toutes les bonnes graines dans les plats. Et en moins d'une demi-heure, ils avaient déjà terminé, et s'envolèrent tous à nouveau. Alors la jeune fille, toute joyeuse à l'idée que maintenant elle aurait la permission d'aller à la noce avec les autres, porta les deux plats à sa marâtre. Mais celle-ci lui dit :
            - C'est peine perdue, tu ne viendras pas avec nous, car tu n'as pas d'habits et tu ne sais pas danser; nous aurions honte de toi.
            Là-dessus, elle lui tourna le dos et partit à la hâte avec ses deux filles superbement parées.
            Lorsqu'il n'y eut plus personne à la maison, Cendrillon alla sous le noisetier planté sur la tombe de sa mère et cria


            Petit arbre, ébranle-toi, agite-toi,
            jette de l'or et de l'argent sur moi. "

            Alors l'oiseau lui lança une robe d'or et d'argent, ainsi que des pantoufles brodées de soie et d'argent. Elle mit la robe en toute hâte et partit à la fête. Ni ses soeurs, ni sa marâtre ne la reconnurent, et pensèrent que ce devait être la fille d'un roi étranger, tant elle était belle dans cette robe d'or. Elles ne songeaient pas le moins du monde à Cendrillon et la croyaient au logis, assise dans la saleté, a retirer les lentilles de la cendre. Le fils du roi vint à sa rencontre, a prit par la main et dansa avec elle. Il ne voulut même danser avec nulle autre, si bien qu'il ne lui lâcha plus la main et lorsqu'un autre danseur venait l'inviter, il lui disait : " C'est ma cavalière ".
            Elle dansa jusqu'au soir, et voulut alors rentrer. Le fils du roi lui dit : " je m'en vais avec toi et t'accompagne ", car il voulait voir à quelle famille appartenait cette belle jeune fille. Mais elle lui échappa et sauta dans le pigeonnier. Alors le prince attendit l'arrivée du père et lui dit que la jeune inconnue avait sauté dans le pigeonnier. " Serait-ce Cendrillon? " se demanda le vieillard et il fallut lui apporter une hache et une pioche pour qu'il pût démolir le pigeonnier. Mais il n'y avait personne dedans. Et lorsqu'ils entrèrent dans la maison, Cendrillon était couchée dans la cendre avec ses vêtements sales, et une petite lampe à huile brûlait faiblement dans la cheminée; car Cendrillon avait prestement sauté du pigeonnier par- derrière et couru jusqu'au noisetier; là, elle avait retiré ses beaux habits, les avait posés sur la tombe, et l'oiseau les avait remportés; puis elle était allée avec son vilain tablier gris se mettre dans les cendres de la cuisine.
            Le jour suivant, comme la fête recommençait et que ses parents et ses soeurs étaient de nouveau partis, Cendrillon alla sous le noisetier et dit :


            Petit arbre, ébranle-toi, agite-toi,
            jette de l'or et de l'argent sur moi. "

            Alors l'oiseau lui lança une robe encore plus splendide que celle de la veille. Et quand elle parut à la fête dans cette toilette, tous furent frappés de sa beauté. Le fils du toi, qui avait attendu sa venue, la prit aussitôt par la main et ne dansa qu'avec elle. Quand d'autres venaient l'inviter, il leur disait : " C'est ma cavalière ". Le soir venu, elle voulut partir, et le fils du roi la suivit, pour voir dans quelle maison elle entrait, mais elle lui échappa et sauta dans le jardin derrière sa maison. Il y avait là un grand et bel arbre qui portait les poires les plus exquises, elle grirnpa entre ses branches aussi agilement qu'un écureuil, et le prince ne sut pas où elle était passée. Cependant il attendit l'arrivée du père et lui dit :
            - La jeune fille inconnue m'a échappé, et je crois qu'elle a sauté sur le poirier.
            " Serait-ce Cendrillon? " pensa le père qui envoya chercher la hache et abattit l'arbre, mais il n'y avait personne dessus. Et quand ils entrèrent dans la cuisine, Cendrillon était couchée dans la cendre, tout comme d'habitude, car elle avait sauté en bas de l'arbre par l'autre côté, rapporté les beaux habits à l'oiseau du noisetier et revêtu son vilain tablier gris. Le troisième jour, quand ses parents et ses soeurs furent partis, Cendrillon retourna sur la tombe de sa mère et dit au noisetier :
            " Petit arbre, ébranle-toi, agite-toi,
            jette de l'or et de l'argent sur moi. "
            Alors l'oiseau lui lança une robe qui était si somptueuse et si éclatante qu'elle n'en avait encore jamais vue de pareille, et les pantoufles étaient tout en or. Quand elle arriva à la noce dans cette parure, tout le monde fut interdit d'admiration. Seul le fils du roi dansa avec elle, et si quelqu'un l'invitait, il disait : " C'est ma cavalière ".
            Quand ce fut le soir, Cendrillon voulut partir, et le prince voulut l'accompagner, mais elle lui échappa si vite qu'il ne put la suivre. Or le fils du roi avait eu recours à une ruse : il avait fait enduire de poix tout l'escalier, de sorte qu'en sautant pour descendre, la jeune fille y -avait laissé sa pantoufle gauche engluée. Le prince la ramassa, elle était petite et mignonne et tout en or.
            Le lendemain matin, il vint trouver le vieil homme avec la pantoufle et lui dit :
            - Nulle ne sera mon épouse que celle dont le pied chaussera ce soulier d'or.
            Alors les deux soeurs se réjouirent, car elles avaient le pied joli. L'aînée alla dans sa chambre pour essayer le soulier en compagnie de sa mère. Mais elle ne put y faire entrer le gros orteil, car la chaussure tait trop petite pour elle; alors sa mère lui tendit un couteau en lui disant :
            - Coupe-toi ce doigt; quand tu seras reine, tu n’auras plus besoin d'aller à pied.
            Alors la jeune fille se coupa l'orteil, fit entrer de force son pied dans le soulier et, contenant sa douleur, s'en alla trouver le fils du roi. Il la prit pour fiancée, la mit sur son cheval et partit avec elle. Mais il leur fallut passer devant la tornbe; les deux pet îts pigeons s'y trouvaient, perchés sur le noisetier, et ils crièrent :
            " Ro cou-cou, roucou-cou et voyez là,
            Dans la pantoufle, du sang il y a:
            Bien trop petit était le soulier;
            Encore au logis la vraie fiancée "
            Alors il regarda le pied et vit que le sang en coulait. Il fit faire demi-tour à son cheval, ramena la fausse fiancée chez elle, dit que ce n'était pas la véritable jeune fille et que l'autre soeur devait essayer le soulier. Celle-ci alla dans sa chambre, fit entrer l’orteil, mais son talon était trop grand. Alors sa mère lui tendit un couteau en disant :
            - Coupe-toi un bout de talon; quand tu seras reine, tu n'auras plus besoin d'aller à pied.
            La jeune fille se coupa un bout de talon, fit entrer de force son pied dans le soulier et, contenant sa douleur, s'en alla trouve le fils du roi. Il la prit alors pour fiancée, la mit sur son cheval et partit avec elle. Quand ils passèrent devant le noisetier, les deux petits pigeons s'y trouvaient perchés et crièrent :


            Roucou-cou, Roucou-cou et voyez là,
            Dans la pantoufle, du sang il y a:
            Bien trop petit était le soulier;
            Encore au logis la vraie fiancée."

            Le prince regarda le pied et vit que le sang coulait de la chaussure et teintait tout de rouge les bas blancs. Alors il fit faire demi-tour à son cheval, et ramena la fausse fiancée chez elle.
            Ce n'est toujours pas la bonne, dit-il, n'avez-vous point d'autre fille?
            -Non, dit le père, il n'y a plus que la fille de ma défunte femme, une misérable Cendrillon malpropre, c'est impossible qu'elle soit la fiancée que vous cherchez.
            Le fils du roi dit qu'il fallait la faire venir, mais la mère répondit :
            -Oh non! la pauvre est bien trop sale pour se montrer.
            Mais il y tenait absolument et on dut appeler Cendrillon. Alors elle se lava d'abord les mains et le visage, puis elle vint s'incliner devant le fils du roi, qui lui tendit le soulier d'or. Elle s'assit sur un escabeau, retira son pied du lourd sabot de bois et le mit dans la pantoufle qui lui allait comme un gant. Et quand elle se redressa et que le fils du roi vit sa figure, il reconnut la belle jeune fille avec laquelle il avait dansé et s'écria :
            - Voilà la vraie fiancée!
            La belle-mère et les deux soeurs furent prises de peur et devinrent blêmes de rage. Quant au prince, il prit Cendrillon sur son cheval et partit avec elle. Lorsqu'ils passèrent devant le noisetier, les deux petits pigeons blancs crièrent :


            "Rocoucou, Roucou-cou et voyez là,
            Dans la pantoufle, du sang plus ne verra
            Point trop petit était le soulier,
            Chez lui, il mène la vraie fiancée."

            Et après ce roucoulement, ils s'envolèrent tous deux et descendirent se poser sur les épaules de Cendrillon, l'un à droite, l'autre à gauche et y restèrent perchés.
            Le jour où l'on devait célébrer son mariage avec le fils du roi, ses deux perfides soeurs s'y rendirent avec l'intention de s’insinuer dans ses bonnes grâces et d'avoir part à son bonheur. Tandis que les fiancés se rendaient à l’église, l’aînée marchait à leur droite et la cadette à leur gauche : alors les pigeons crevèrent un oeil à chacune celles. Puis, quand ils s'en revinrent de l'église, l’aînée marchait à leur gauche et la cadette à leur droite : alors les pigeons crevèrent l'autre oeil à chacune d'elles. Et c’est ainsi qu’en punition de leur méchanceté et de leur perfidie, elles furent aveugles pour le restant de leurs jours.
            #6
              Con Gấu 13.11.2006 23:20:55 (permalink)
              Le Loup et les sept Chevreaux.


              Il était une fois une vieille chèvre qui avait sept chevreaux et les aimait comme chaque mère aime ses enfants. Un jour, elle voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit :
              - Je dois aller dans la forêt, mes chers enfants. Faites attention au loup ! S'il arrivait à rentrer dans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouer la comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires, c'est ainsi que vous le reconnaîtrez.
              - Ne t'inquiète pas, maman, répondirent les chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t'en aller sans crainte.
              La vieille chèvre bêla de satisfaction et s'en alla.
              Peu de temps après, quelqu'un frappa à la porte en criant :
              - Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre mère est là et vous a apporté quelque chose.
              Mais les chevreaux reconnurent le loup à sa voix rude.
              - Nous ne t'ouvrirons pas, crièrent- ils. Tu n'es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréable et ta voix est rauque. Tu es un loup !
              Le loup partit chez le marchand et y acheta un grand morceau de craie. Il mangea la craie et sa voix devint plus douce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela à nouveau :
              - Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre maman est de retour et vous a apporté pour chacun un petit quelque chose.
              Mais tout en parlant il posa sa patte noire sur la fenêtre ; les chevreaux l'aperçurent et crièrent :
              - Nous ne t'ouvrirons pas ! Notre maman n'a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup !
              Et le loup courut chez le boulanger et dit :
              - Je me suis blessé à la patte, enduis-la-moi avec de la pâte.
              Le boulanger lui enduisit la patte et le loup courut encore chez le meunier.
              - Verse de la farine blanche sur ma patte ! commanda-t-il.
              - Le loup veut duper quelqu'un, pensa le meunier, et il fit des manières. Mais le loup dit :
              - Si tu ne le fais pas, je te mangerai.
              Le meunier eut peur et blanchit sa patte. Eh oui, les gens sont ainsi !
              Pour la troisième fois le loup arriva à la porte de la petite maison, frappa et cria :
              - Ouvrez la porte, mes chers petits, maman est de retour de la forêt et vous a apporté quelque chose.
              - Montre-nous ta patte d'abord, crièrent les chevreaux, que nous sachions si tu es vraiment notre maman.
              Le loup posa sa patte sur le rebord de la fenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu'elle était blanche, ils crurent tout ce qu'il avait dit et ouvrirent la porte. Mais c'est un loup qui entra.
              Les chevreaux prirent peur et voulurent se cacher. L'un sauta sous la table, un autre dans le lit, le troisième dans le poêle, le quatrième dans la cuisine, le cinquième s'enferma dans l'armoire, le sixième se cacha sous le lavabo et le septième dans la pendule. Mais le loup les trouva et ne traîna pas : il avala les chevreaux, l'un après l'autre. Le seul qu'il ne trouva pas était celui caché dans la pendule.
              Lorsque le loup fut rassasié, il se retira, se coucha sur le pré vert et s'endormit.
              Peu de temps après, la vieille chèvre revint de la forêt. Ah, quel triste spectacle l'attendait à la maison ! La porte grande ouverte, la table, les chaises, les bancs renversés, le lavabo avait volé en éclats, la couverture et les oreillers du lit traînaient par terre. Elle chercha ses petits, mais en vain. Elle les appela par leur nom, l'un après l'autre, mais aucun ne répondit. C'est seulement lorsqu'elle prononça le nom du plus jeune qu'une petite voix fluette se fit entendre :
              - Je suis là, maman, dans la pendule !
              Elle l'aida à en sortir et le chevreau lui raconta que le loup était venu et qu'il avait mangé tous les autres chevreaux. Imaginez combien la vieille chèvre pleura ses petits !
              Toute malheureuse, elle sortit de la petite maison et le chevreau courut derrière elle. Dans le pré, le loup était couché sous l'arbre et ronflait à en faire trembler les branches. La chèvre le regarda de près et observa que quelque chose bougeait et grouillait dans son gros ventre.
              - Mon Dieu, pensa-t-elle, et si mes pauvres petits que le loup a mangés au dîner, étaient encore en vie ?
              Le chevreau dut repartir à la maison pour rapporter des ciseaux, une aiguille et du fil. La chèvre cisailla le ventre du monstre, et aussitôt le premier chevreau sortit la tête ; elle continua et les six chevreaux en sortirent, l'un après l'autre, tous sains et saufs, car, dans sa hâte, le loup glouton les avaient avalés tout entiers. Quel bonheur ! Les chevreaux se blottirent contre leur chère maman, puis gambadèrent comme le tailleur à ses noces. Mais la vieille chèvre dit :
              - Allez, les enfants, apportez des pierres, aussi grosses que possible, nous les fourrerons dans le ventre de cette vilaine bête tant qu'elle est encore couchée et endormie.
              Et les sept chevreaux roulèrent les pierres et en farcirent le ventre du loup jusqu'à ce qu'il soit plein. La vieille chèvre le recousit vite, de sorte que le loup ne s'aperçut de rien et ne bougea même pas.
              Quand il se réveilla enfin, il se leva, et comme les pierres lui pesaient dans l'estomac, il eut très soif. Il voulut aller au puits pour boire, mais comme il se balançait en marchant, les pierres dans son ventre grondaient.

              Cela grogne, cela gronde,
              mon ventre tonne !
              J'ai avalé sept chevreaux,
              n'était-ce rien qu'une illusion ?
              Et de lourdes grosses pierres
              les remplacèrent.

              Il alla jusqu'au puits, se pencha et but. Les lourdes pierres le tirèrent sous l'eau et le loup se noya lamentablement. Les sept chevreaux accoururent alors et se mirent à crier :
              - Le loup est mort, c'en est fini de lui !
              Et ils se mirent à danser autour du puits et la vieille chèvre dansa avec eux.
              #7
                Con Gấu 13.11.2006 23:22:51 (permalink)
                TOM POUCE

                Un pauvre laboureur assis un soir au coin de son feu dit à sa femme, qui filait à côté de lui :
                - Quel grand chagrin pour nous de ne pas avoir d'enfants. Notre maison est si triste tandis que la gaieté et le bruit animent celle de nos voisins.
                - Hélas ! dit la femme, en poussant un soupir quand nous n'en aurions qu'un gros comme le pouce, je m'en contenterais, et nous l'aimerions de tout notre cœur.
                Sur ces entrefaites, la femme devint souffrante et mit au monde au bout de sept mois un enfant bien conformé dans tous ses membres mais n'ayant qu'un pouce de haut.
                Ils dirent :
                - Il est tel que nous l'avons souhaité et nous ne l’en aimerons pas moins de, tout notre cœur.
                Ils l'appelèrent Tom Pouce à cause de sa taille... Ils ne le laissaient manquer de rien ; cependant l'enfant ne grandit pas et conserva toujours sa petite taille. Il avait les yeux vifs, la physionomie intelligente et se montra bientôt avisé et adroit, de sorte que tout ce qu'il entreprit lui réussit.
                Le paysan s'apprêtait un jour à aller abattre du bois dans la forêt et il se disait à lui-même : " Ah ! si j'avais quelqu'un qui voulût conduire ma charrette! "
                - Père, s'écria Tom Pouce, je la conduirai bien, vous pouvez vous reposer sur moi, elle arrivera dans le bois à temps.
                L'homme se mit à rire.
                - Comment cela est-il possible, dit-il, tu es beaucoup trop petit pour conduire, le cheval par la bride.
                - Ça ne fait rien, si maman veut atteler je m'installerai dans l'oreille du cheval et je lui crierai où il faudra qu'il aille.
                - Eh bien, dit le père, nous allons essayer.
                La mère attela et installa Tom Pouce dans l'oreille du cheval. Le petit homme lui cria le chemin qu'il fallait prendre. " Hue ! dia ! Rue ! dia ! " et le cheval marcha ainsi, comme, s'il eût été guidé, par un véritable charretier ; la charrette arriva dans le bois par la bonne route.
                Au moment où la voiture tournait au coin d'une haie, tandis que, le petit criait : Dia, Dia ! deux étrangers vinrent à passer.
                - Voilà, s'écria l'un d'eux, une charrette qui marche sans que l'on voie le charretier et cependant on entend sa voix.
                - C'est étrange, en effet, dit l'autre, suivons-la et voyons où elle s'arrêtera.
                Elle poursuivit sa route et s'arrêta juste à l'endroit où se trouvait le bois abattu.
                Quand Tom Pouce, aperçut son père, il lui cria :
                - Vois-tu, père, me voilà avec la voiture, maintenant viens me faire descendre.
                Lie père saisit la bride du cheval de la main gauche et de la main droite retira de l'oreille son fils et le déposa à terre. Celui-ci s'assit joyeusement sur un fétu. En voyant Tom Pouce les deux étrangers ne surent que dire dans leur étonnement.
                L'un d'eux prit l'autre à part et lui dit :
                - Ecoute, ce petit être ferait notre fortune si nous l'exhibions pour de l'argent dans une grande ville. Achetons-le.
                Ils s'adressèrent au paysan et lui dirent :
                - Vendez-nous ce petit bonhomme, nous en aurons bien soin.
                - Non, répond le père, c'est mon enfant et il n'est pas à vendre pour tout l'or du monde.
                Cependant, en entendant cette proposition, Tom Pouce avait grimpé le long des plis des vêtements de son Père. Il se posa sur son épaule et de là lui souffla dans l'oreille :
                - Livrez-moi toujours, père, je saurai bien revenir.
                Son père le donna donc aux deux hommes pour une belle pièce d'or.
                - Où veux-tu te, mettre lui demandèrent-ils.
                - Posez-moi sur le bord de votre chapeau, je pourrai m'y promener et voir le paysage ; je ne tomberai pas.
                Ils firent comme il le demanda et quand Tom Pouce eut fait ses adieux à son père ils l'emmenèrent avec eux. Ils marchèrent ainsi jusqu'au soir. A ce moment le petit homme leur dit :
                - Posez-moi un peu par terre, j'ai besoin de descendre.
                L'homme ôta son chapeau et en retira Tom Pouce qu'il déposa dans un champ près de la route. Aussitôt il s'enfuit parmi les mottes de terre, puis il se glissa dans un trou de souris qu'il avait cherché exprès.
                - Bonsoir, mes amis, rentrez sans moi, leur cria-t-il d'un ton moqueur.
                Ils voulurent le rattraper et fourragèrent avec des baguettes le trou de souris, peine perdue. Tom Pouce s'y enfonça toujours plus avant, et, comme la nuit était venue tout à fait, ils durent rentrer chez eux en colère et les mains vides.

                Quand ils furent partis, Tom Pouce sortit de sa cachette souterraine. Il est dangereux de s'aventurer de nuit dans les champs, on a vite fait de se casser une jambe. Il rencontra par bonheur une coque vide d'escargot.
                - Je pourrai passer ici la nuit en sûreté ; et il s'y installa. Sur le point de s'endormir, il entendit passer deux hommes dont l'un dit :
                - Comment s'y prendre pour dérober son or et son argent à ce richard de curé?
                - Je vais vous le dire, interrompit Tom Pouce.
                - Que veut dire ceci s'écria l'un des voleurs effrayés ; j'ai entendu quelqu'un parler.
                Ils s'arrêtèrent et prêtèrent l'oreille. Tom Pouce répéta :
                - Emmenez-moi, je vous aiderai.
                - Mais où es-tu ?
                - Cherchez par, terre, répondit-il, et du côté d'où vient la voix.
                Les voleurs finirent par le trouver.
                - Comment peux-tu avoir la prétention de nous être utile, petit drôle ? lui demandèrent-ils.
                - Je me glisserai à travers les barreaux dans la fenêtre du curé, et -vous passerai tout ce que vous voudrez.
                - C'est bien, répondirent-ils, nous allons voir ce que tu sais faire.

                Quand ils furent arrivés au presbytère, Tom Pouce se coula dans la chambre du curé, puis il se mit à crier de toutes ses forces :
                - Voulez-vous tout ce qu'il y a ici ?
                Les -voleurs furent effrayés et ils lui dirent :
                - Parle plus bas, tu vas éveiller tout le monde.
                Mais Tom Pouce feignit de ne pas avoir entendu et cria de nouveau :
                - Qu'est-ce que vous désirez ? Voulez-vous tout ce qu'il y a ici ?
                La servante qui reposait dans la chambre contiguë entendit ces mots, elle se leva sur son séant et prêta l'oreille. Les voleurs avaient commencé à battre en retraite, mais ils reprirent courage, et, pensant que le petit drôle voulait s'amuser à leurs dépens, ils revinrent sur leurs pas et lui dirent tout bas :
                - Allons, sois sérieux et passe-nous quelque chose.
                Alors Tom Pouce cria encore une fois, le plus fort qu'il put :
                - Je vous passerai tout ; tendez-moi les mains.
                Cette fois, la servante entendit bien nettement, elle sauta à bas de son lit et se précipita vers la porte. Les voleurs s'enfuirent comme si le diable eût été à leurs trousses, mais n'ayant rien remarqué, la servante alla allumer une chandelle. Quand elle revint, Tom Pouce alla se cacher dans le foin, et la servante, ayant fouillé, partout sans avoir rien pu découvrir, crut avoir rêvé les yeux ouverts et alla se recoucher.

                Tom Pouce s'était blotti dans le foin et s'y était arrangé une bonne, place, pour dormir ; il comptait s'y reposer jusqu'au jour et puis retourner chez ses parents. Mais il dut en voir bien d'autres, car ce monde est plein de peines et de, misères. La servante se leva dès l'aurore, pour donner à manger aux bestiaux. Sa première visite fut pour la grange où elle prit une brassée du foin là où se trouvait précisément endormi le pauvre Tom. Mais il dormait d'un sommeil si profond qu'il ne s'aperçut de rien et ne s'éveilla que quand il fut dans la bouche d'une vache qui l'avait pris avec son foin.
                - Mon Dieu ! s'écria-t-il, me voilà dans le moulin à foulon.
                Mais il se rendit bientôt compte où il se, trouvait réellement. Il prit garde, de ne pas se laisser broyer entre les dents, et finalement glissa dans la gorge et dans la panse. " Les fenêtres ont été oubliées dans cet appartement, se dit-il, et l'on n'y voit ni le soleil, ni chandelle. " Ce, séjour lui déplut beaucoup et, ce qui aggravait encore la situation, c'est qu'il arrivait toujours du nouveau foin et que l’espace qu’il occupait devenait de plus en plus, étroit. Il se mit à crier le plus haut qu'il put :
                - Ne m'envoyez plus de fourrage, ne m'envoyez plus de fourrage, !
                La servante à ce moment était justement en train de traire la vache. En entendant parler sans voir personne, et, reconnaissant la même voix que celle qui l'avait déjà éveillée la nuit, elle fut prise d'une telle frayeur qu'elle tomba de son tabouret et répandit son lait.
                Elle alla en toute hâte trouver son maître et lui cria :
                - Ah ! grand Dieu, monsieur le curé, la vache parle.
                - Tu es folle, répondit le prêtre.
                Il se rendit cependant à l'étable afin de s'assurer de ce, qui se passait.
                A peine y eut-il mis le pied que Tom Pouce s'écria de nouveau :
                - Ne m’envoyez plus de fourrage, ne m'envoyez plus, de fourrage.
                La frayeur gagna le curé lui-même et, s'imaginant qu'il y avait un diable dans le corps de la vache, il dû qu'il fallait la tuer. Ainsi fut fait, et l'on jeta au fumier la panse, où se trouvait le pauvre Tom Pouce.

                Il eut beaucoup de mal à se démêler de là et il commençait à passer sa tête quand survint un nouveau malheur. Un loup affamé qui passait par là avala la panse de la vache avec le petit bonhomme d'une seule bouchée. Tom Pouce ne perdit pas courage. " Peut-être, se dit-il, ce loup sera-t-il traitable. " Et de son ventre où il était enfermé il lui cria :
                - Cher loup, je, vais t'indiquer un bon repas à faire.
                - Et où cela ? dit le loup.
                Dans telle et telle maison ; tu n'auras qu'à te glisser par le soupirail de la cuisine, et tu trouveras des gâteaux, du lard, des saucisses à bouche que veux-tu.
                Et il lui indiqua exactement la maison de son père.
                Le loup ne se le fit pas dire deux fois. Il s'introduisit de nuit dans le soupirail et s'en donna à cœur joie dans le buffet aux provisions. Quand il fut repu et qu'il voulut sortir il s'était tellement gonfl6 de nourriture qu'il ne put venir à bout de repasser par la même voie. C'est là-dessus que Tom Pouce avait compté. Aussi commença-t-il à faire dans le ventre du loup un vacarme effroyable, hurlant et gambadant tant qu'il put.
                - Veux-tu te tenir en repos, dit le loup ; tu vas éveiller le monde.
                - Eh quoi ! répondit le petit homme, tu t'es régalé, je veux m'amuser aussi moi.
                Et il recommença son tapage.

                Il finit par éveiller son père et sa mère qui se mirent à regarder dans la cuisine par la serrure. Quand ils virent le loup, ils coururent s'armer, l'homme d'une hache, la femme d'une faux.
                - Reste derrière, dit l'homme, à la femme au moment d'entrer, je vais lui asséner un coup avec ma hache, et s'il n'en meurt pas du coup, tu lui couperas le ventre.
                Tom Pouce qui entendit la voix de son père lui cria :
                - Cher père, c'est moi, je suis dans le ventre du loup.
                - Notre cher enfant nous est rendu ! s'écria le père plein de joie.
                Et il ordonna à sa femme de mettre la faux de côté afin de ne pas blesser Tom Pouce. Puis il leva sa hache et en porta au loup un coup qui l'étendit mort. Il lui ouvrit ensuite le ventre avec des ciseaux et un couteau et en tira le petit Tom.
                - Ah ! dit le père, que nous avons été inquiets sur ton sort !
                - Oui, père, j'ai beaucoup couru le monde, heureusement que je puis enfin reprendre l'air frais.
                - Où as-tu donc été?
                - Ah ! père, j'ai été dans un trou de souris, dans la panse d'une vache et dans le ventre d'un loup. Mais maintenant je veux rester avec vous.
                - Nous ne te vendrons plus pour tout l'or du monde, dirent les parents en l'embrassant et le serrant contre leur cœur.
                Ils lui donnèrent à manger et à boire, et lui firent confectionner d'autres vêtements, car les siens avaient été gâtés pendant le voyage.
                <bài viết được chỉnh sửa lúc 13.11.2006 23:24:16 bởi Con Gấu >
                #8
                  Mayvang 14.11.2006 15:26:17 (permalink)
                  lâu lắm rồi mới có dịp đọc lại mấy câu chuyện cổ tích này, merci Con Gấu nhiều nha [sm=flower.gif]
                  #9
                    Con Gấu 14.11.2006 20:10:06 (permalink)
                    Còn nữa nà, người đẹp MV ơi !!

                    Le petit âne.


                    Il était une fois un roi et une reine qui avaient tout ce qu'ils souhaitaient, mais ils n'avaient pas d'enfant. La reine était désespérée, et tous les jours et toutes les nuits elle se lamentait :- « Je suis comme une terre en friche où rien ne germe. »
                    Enfin le ciel exauça ses prières ; mais lorsque l'enfant fut né, il ne ressemblait en rien à un homme: c'était un petit âne. Lorsque sa mère le vit, elle se mit à se lamenter de plus belle :
                    - Plutôt qu'un âne comme fils, dit-elle, je préfère ne pas avoir d'enfant du tout. On devrait le jeter à l'eau, pour qu'il se fasse dévorer par les poissons.
                    Mais le roi ne fut pas d'accord et dit :
                    - Le bon Dieu nous l'a donné, il sera donc mon fils et mon héritier et après ma mort c'est lui qui s'assiéra sur le trône et portera la couronne royale.
                    Ils éduquaient donc le petit âne de leur mieux, et celui-ci grandissait bien. Il se réjouissait de la vie, s'amusait, jouait, mais par-dessus tout il aimait la musique. Aussi s'en alla-t-il trouver un célèbre musicien et lui demanda :
                    - Apprends-moi ton art. Que je sache jouer du luth aussi bien que toi.
                    - Pauvre petit, soupira le musicien. Vos doigts ne sont pas faits pour jouer du luth ; ils sont même trop grands, je crains que les cordes ne tiennent pas.
                    Mais il pouvait toujours dire tout ce qu'il voulait, le petit âne avait décidé de jouer du luth et ne céda pas. Et il finit par y arriver. Il était si assidu et si appliqué qu'il avait appris à jouer aussi bien que son maître.
                    Un jour, le petit âne se promenait et il arriva jusqu'à un puits. Là, il vit sa tête d'âne se refléter sur la surface de l'eau. Il fut si attristé par ce qu'il venait de voir qu'il s'en alla dans le monde ; il ne prit avec lui que son compagnon fidèle. Ils avaient marché par monts et par vaux, lorsqu'ils arrivèrent dans un royaume où régnait un vieux roi. Il n'avait qu'une fille, mais elle était très belle. - Nous resterons un peu par ici, décida le petit âne.
                    Il frappa à la porte du château et cria :
                    - Un hôte est devant votre porte ; ouvrez pour qu'il puisse entrer !
                    Comme la porte ne s'ouvrait pas, le petit âne s'assit, prit son luth, et avec ses pattes avant, il joua merveilleusement.
                    Le portier, chargé de surveillance, écarquilla les yeux et courut annoncer au roi :
                    - Dehors, devant la porte du château, il y a un petit âne et il joue du luth comme un grand maître.
                    - Faites-le donc venir, demanda le roi.
                    Dès que le petit âne entra avec son luth dans la grande salle, tout le monde se moqua de lui. Puis ils lui recommandèrent d'aller en bas, chez les gens de service, de s'y asseoir et d'y manger. Mais le petit âne protesta :
                    - Je ne sors pas d'une vulgaire étable, je descends d'une famille noble !
                    - Si tu es si noble, lui dirent-ils, va t'asseoir avec les soldats.
                    - Non, refusa le petit âne, je veux m'asseoir avec le roi.
                    Le roi rit, et comme il était de bonne humeur, il acquiesça.
                    - Entendu, petit âne, comme tu veux : viens ici, près de moi.
                    Ensuite il lui demanda :
                    - Et comment trouves-tu ma fille, petit âne ?
                    Le petit âne tourna la tête vers la princesse, la regarda de la tête aux pieds et dit :
                    - Elle me plaît beaucoup, je n'ai jamais vu de fille plus belle.
                    - Va donc t'asseoir près d'elle, dit le roi.
                    - Volontiers, se réjouit le petit âne.
                    Et il alla s'asseoir près de la princesse. Puis il mangea et but avec de très belles manières, très proprement.
                    Le noble petit âne resta un temps à la cour du roi. « Il n'y a rien à faire, se dit-il un jour, il faut que tu rentres à la maison. » Triste et la tête baissée, il se présenta devant le roi et lui demanda l'autorisation de partir. Or, le roi s'était habitué à lui et l'appréciait énormément. Il se mit donc à le questionner :
                    - Qu'est-ce que tu as, petit âne ? Tu as l'air si triste ! Reste chez moi, je te donnerai tout ce que tu veux. Veux-tu de l'or ?
                    - Non, fit le petit âne en secouant la tête.
                    - Veux-tu des bijoux, des objets rares ?
                    - Non, merci.
                    - Veux-tu la moitié de mon royaume ?
                    - Non, non.
                    - Si je savais ce qui pourrait te faire plaisir, soupira le roi. Veux-tu la main de ma gracieuse fille ?
                    - Oh, oui, acquiesça le petit âne, elle, je la voudrais vraiment.
                    Et tout à coup il fut plus gai, sa bonne humeur revint, car c'était précisément ce qu'il souhaitait le plus. Et on donna alors un magnifique banquet de noces. Le soir, avant que les mariés n'aient été accompagnés à leur chambre à coucher, le roi, voulant s'assurer que le petit âne continuerait à se conduire avec toujours autant de belles manières, ordonna à son valet de se cacher dans leur chambre.
                    Les nouveaux mariés entrèrent dans leur chambre à coucher. Le marié ferma le verrou puis, croyant qu'ils étaient seuls, il ôta subitement sa peau d'âne. Il apparut devant la mariée comme un beau et jeune prince.
                    - Tu sais maintenant qui je suis, dit-il, et tu vois aussi que je ne suis pas indigne de toi.
                    L'heureuse mariée l'embrassa et en tomba éperdument amoureuse.
                    Or, dès l'aube le jeune homme revêtit sa peau d'âne. Personne ne pouvait soupçonner ce que la peau cachait ! Et bientôt, le vieux roi arriva.
                    - Tiens donc, le petit âne est déjà debout ! s'écria-t-il. Tu es sans doute triste, se tourna-t-il vers sa fille, de n'avoir pu épouser un vrai jeune homme ?
                    - Pas du tout, père, je l'aime tant que pour moi il est le plus beau du monde ; de toute ma vie, je ne veux que lui.
                    Le roi fut surpris, mais son valet accourut et lui raconta tout.
                    - Ce n'est tout de même pas possible ! s'étonna le roi.
                    - Restez donc cette nuit dans leur chambre, vous verrez tout de vos propres yeux, lui conseilla le valet. Et j'ai encore une autre idée. Prenez-lui sa peau et jetez-la dans le feu. Il ne lui restera plus qu'à se montrer sous sa véritable apparence.
                    - Très bonne idée, dit le roi.
                    Le soir, lorsque les jeunes mariés dormaient, il se glissa comme une ombre dans leur chambre à coucher, il s'approcha du lit et au clair de lune il aperçut un beau jeune homme dormant paisiblement. La peau d'âne ôtée était par terre. Le roi l'emporta et fit allumer dehors un grand feu, puis il y fit jeter la peau. Et il veilla personnellement à ce qu'elle fût réduite en cendres. Et comme il voulait savoir comment le petit âne volé allait réagir, il resta éveillé toute la nuit.
                    À l'aube, dès qu'il se réveilla, le jeune homme se leva et voulut se glisser à nouveau dans sa peau d'âne ; mais il la chercha en vain. Il en fut horrifié et il 'écria avec une voix pleine d'épouvante :
                    - Il ne me reste plus qu'à fuir !
                    Il sortit de la chambre, mais le roi l'y attendait.
                    - Où vas-tu, cher fils, l'interpella-t-il. Que veux-tu faire ? Reste ici : tu es un beau jeune homme et je ne te laisserai pas partir. Je te donnerai tout de suite la moitié de mon royaume et, après ma mort, tu seras le maître du pays tout entier.
                    - Pourvu que ce bon début présage une bonne fin, dit le jeune homme.
                    Le vieux roi lui donna la moitié du royaume, et quand il mourut l'année suivante, le jeune roi devint le maître du pays tout entier. Et après la mort de son propre père, il hérita également du royaume natal. Il vécut ainsi majestueusement.

                    #10
                      Con Gấu 14.11.2006 20:17:40 (permalink)
                      Le Roitelet

                      Autrefois, chaque son avait sa propre signification et son importance. Lorsque le frappe-devant d'un forgeron retentissait sur le métal, il chantait : « Je forge, je forge, boum, boum, boum ! » Lorsque le rabot d'un menuisier grinçait, il s'encourageait au travail en répétant sans cesse : « Un grincement par-ici, un grincement par-là, ils sont tous pour toi ! » et lorsque les roues d'un moulin tournaient, elles résonnaient : « Que Dieu nous garde, clapotis, clapotas, que Dieu nous garde clac, clac ! » Lorsque le meunier était un filou, les roues du moulin en marche étaient au début très polies et demandaient : « Qui est là, qui est là ? » et se donnaient la réponse elles-mêmes : « C'est le meunier, c'est le meunier ». Et à la fin elles répétaient sans cesse : « Il vole comme une pie, tu n'auras qu'un demi-sac d'un huitième. »
                      Jadis, les oiseaux avaient aussi leur propre langage et tout le monde les comprenait, tandis que de nos jours leur piaillement n'est pour nous qu'un gazouillis, un jacassement, un cri ou un sifflement ou, dans le meilleur des cas, une musique sans paroles.
                      Un jour, les oiseaux décidèrent d'élire leur roi, parce qu'ils ne voulaient plus vivre sans maître. Un petit oiseau ne fut pourtant pas d'accord, car il vivait librement et voulait aussi mourir librement. C'était le vanneau. Il voletait tout affolé et gazouillait :
                      - Où dois-je voler, où dois-je m'en aller ?
                      Finalement il décida de vivre à l'écart, s'installa au bord d'un marécage isolé et ne rejoignit plus jamais les autres.
                      Les oiseaux voulurent se consulter avant de prendre leur décision et, un beau matin du mois de mai, ils quittèrent leurs forêts et leurs champs pour tous se rassembler. Il y avait l'aigle, le pinson, le hibou et la caille, l'alouette et le moineau, bref tous ceux qui existaient et il serait fastidieux de les énumérer tous. Se présentèrent également le coucou et la huppe, surnommée le sacristain du coucou, parce qu'on l'entend toujours quelques jours avant ce dernier. À la grande réunion arriva aussi, en sautillant, un tout petit oiseau, qui n'avait même pas encore de nom et qui se mêla aux autres. À cause d'un concours de circonstances la poule d'eau qui ignorait tout de l'élection prévue, fut très surprise par tout ce monde.
                      Elle se mit à caqueter : « Quoi ? Quoi ? » mais le coq la rassura tout de suite en criant : « C'est un grand rassemblement ! »
                      Ensuite il expliqua à sa poule préférée ce qui se préparait, puis il se mit à se vanter :
                      - Ils ont invité les héros ! Et moi aussi !
                      L'assemblée générale décida qu'elle élirait roi celui qui volerait le plus haut. Une rainette cachée dans un buisson l'entendit et coassa un cri d'avertissement « Pourquoi pleurer ? Quelle idée insensée ! » car elle pensait qu'une telle élection ne pouvait apporter que des pleurs et des embêtements. Une corneille l'obligea pourtant à se taire et croassa qu'il n'y aurait pas de vacarme, que tout irait comme sur des roulettes et que la compétition serait « très belle, très belle ! »
                      Les oiseaux rassemblés décidèrent qu'ils partiraient tous à l'aube pour qu'aucun ne puisse crier en cherchant des excuses : « J'aurais sûrement pu voler plus haut encore mais la tombée de la nuit m'en a empêché. » Lorsque le départ fut donné, tous les oiseaux rassemblés se dirigèrent vers le ciel. Des nuages de poussière montèrent des champs, on entendit un bourdonnement intense, le battement des ailes, des soufflements et des sifflements et, à première vue, on aurait pu croire qu'un gros nuage tout noir s'élevait vers le ciel à toute vitesse. Les petits oiseaux furent vite à bout de souffle et prirent du retard. Puis, ne pouvant plus continuer, ils redescendirent au sol. Les oiseaux plus grands tinrent le coup plus longtemps, mais aucun ne put égaler l'aigle qui montait toujours plus haut, et encore et encore, et il aurait presque pu crever les yeux du soleil. Lorsqu'il s'aperçut que les autres n'arrivaient pas à le suivre, il se dit : « Pourquoi monter plus haut encore, puisqu'il est clair que le roi c'est moi ! » et il descendit lentement jusqu'au sol. Les oiseaux se mirent aussitôt à l'acclamer :
                      - C'est toi qui seras notre roi, car aucun de nous n'a pu monter aussi haut que toi !
                      - Sauf moi, s'écria le petit oiseau sans nom.
                      En effet, il s'était caché avant le départ de la course entre les plumes de la poitrine de l'aigle et n'étant donc pas fatigué, il s'envola et monta si haut qu'il pouvait apercevoir le bon Dieu assis sur son trône céleste. Ayant atteint cette hauteur incroyable, il replia ses ailes, descendit jusqu'au sol et cria d'une voix sifflante :
                      - Je suis le roi ! je suis le roi ! Le roi, c'est moi !
                      - Toi, notre roi ? s'écrièrent les oiseaux en colère. Tu n'as réussi que grâce à ta ruse, tricheur !
                      Et sur-le-champ, ils formulèrent une nouvelle condition d'élection : le roi serait celui qui saurait pénétrer le plus profondément dans la terre. C'était vraiment drôle de voir l'oie battre l'herbe avec sa large poitrine ! Et si vous aviez vu le coq s'efforçant de creuser un petit trou dans le sol ! Le sort le plus cruel fut réservé pourtant au canard qui sauta dans un fossé et se foula les deux pattes. Il réussit à en sortir en clopinant et il rejoignit difficilement un lac situé à proximité en se lamentant:
                      - Mon Dieu, quelle débâcle, quelle triste spectacle !
                      Le tout petit oiseau trouva en attendant un trou creusé par une souris. Il s'y glissa et fit entendre sa petite voix fluette :
                      - Je suis le roi ! je suis le roi ! Le roi, c'est moi !
                      Les autres oiseaux piaillèrent alors encore plus fort qu'auparavant :
                      - Toi, notre roi ? Tu ne crois tout de même pas que nous allons gober ton stratagème douteux, espèce de mauviette !
                      Et ils décidèrent de l'emprisonner dans le trou et de l'y laisser mourir de faim. Ils confièrent la garde au hibou auquel ils recommandèrent que, pour rien au monde, il ne devait laisser le tricheur s'échapper, s'il tenait à rester en vie.
                      La nuit tomba. Les oiseaux fatigués par leur long vol commencèrent à rentrer chez eux pour y retrouver leurs femmes et leurs petits, et pour se coucher. Le hibou resta tout seul près du trou et, immobile, il le fixait de ses yeux énormes. Néanmoins, lui aussi fut gagné par la fatigue.
                      « Je peux tout de même fermer un œil, se dit-il, puisque je surveille aussi avec l'autre. Il veillera et ne permettra pas à ce roitelet infâme de s'enfuir. »
                      Il ferma donc un œil et guetta fixement le trou avec l'autre.
                      Le petit oiseau coquin voulut s'enfuir et il sortit la tête du trou, mais le hibou s'approcha vite et il fut obligé de la rentrer immédiatement. Peu de temps après, le hibou ouvrit l'œil fermé et ferma l'autre, avec l'intention de répéter cette manœuvre toute la nuit. Mais une fois, en fermant l'œil ouvert, il oublia d'ouvrir l'autre, et à peine eut-il les deux yeux fermés qu'il s'endormit. Le petit oiseau, s'en étant très vite aperçu, sortit du trou et s'enfuit.
                      Depuis lors le hibou ne peut plus sortir à la lumière du jour, car les oiseaux se jetteraient sur lui, lui voleraient dans les plumes et lui en feraient voir de toutes les couleurs. C'est pourquoi il ne sort que la nuit et, plein de rancune, il chasse les souris. Il les déteste, car elles creusent d'horribles trous.
                      Mais le petit roitelet préfère lui aussi ne pas se montrer, car il ne veut pas risquer sa tête en se laissant attraper. Il se cache donc, se faufile dans les haies et parfois, lorsqu'il se sent vraiment en sécurité, il crie :
                      - Je suis le roi ! je suis le roi ! Le roi, c'est moi !
                      En l'entendant les autres oiseaux se moquent en criant :
                      - Roitelet, Roitelet, tu te caches dans les haies !
                      Tous les oiseaux étaient contents de ne plus devoir écouter le roitelet ; mais c'était l'alouette la plus heureuse.
                      C'est pourquoi elle monte vers le ciel aux premiers rayons du soleil de printemps et grisolle :
                      Quelle joie, la Terre est belle,
                      quel bonheur de vivre sur elle.

                      #11
                        Con Gấu 14.11.2006 20:24:12 (permalink)
                        LE LIEVRE ET LE HERISSON


                        Personne ne voudra croire cette histoire. Elle est cependant véridique, car mon grand-père, qui me l'a dite, tenait beaucoup à répéter avant de me la raconter :
                        - Il faut bien qu'elle soit vraie, mon enfant, sinon je ne pourrais pas te la conter.
                        Voilà donc l'histoire : ça se passait en automne, un dimanche matin. Le soleil s'était levé bien brillant dans le ciel, le vent du matin caressait les chaumes d'une chaude haleine, les alouettes chantaient, les abeilles butinaient dans les fleurs et les gens endimanchés se rendaient à l'église. Tout le monde était content. Le hérisson aussi.
                        Le hérisson se tenait devant la porte de sa maison, les bras croisés, le regard dans le vent, entonnant une chanson ni bien ni mal, comme peut le faire un hérisson par un beau dimanche matin. Tout en chantant, il lui vint à l'idée que, pendant que sa femme lavait et habillait les enfants, il pourrait bien faire un bout de promenade à travers champs, pour voir ce que devenaient les navets. Les navets n'étaient pas loin de sa maison il s'en nourrissait avec sa famille et, par conséquent, les considérait comme sa propriété personnelle. Le hérisson tira derrière lui la porte de la maison et prit le chemin du champ. Il n'était pas encore très loin et s'apprêtait justement à contourner un buisson de prunelliers, avant de monter vers le champ, quand il rencontra le lièvre qui était en route avec les mêmes intentions que lui : il voulait aller voir ses choux. Le hérisson le salua amicalement. Le lièvre, monsieur très considérable en son genre et horriblement fier, ne lui rendit même pas son salut, se contentant de lui dire d'un air mielleux :
                        - Comment se fait-il que tu te promènes dans les champs de si bon matin ?
                        - je me promène, répondit le hérisson.
                        - Tu te promènes ? ricana le lièvre. J'ai l'impression que tu pourrais te servir de tes jambes à meilleur usage.
                        Ce discours irrita énormément le hérisson, car il supportait toutes les plaisanteries, sauf celles ayant trait à ses jambes que la nature avait faites torses.
                        - T'imaginerais-tu, dit-il au lièvre, que tu peux mieux faire que moi avec tes jambes ?
                        - Je me l'imagine ! lui dit le lièvre.
                        - Eh bien ! dit le hérisson, nous allons voir. je suis sûr de te dépasser si nous faisons une course.
                        - Tu plaisantes ! toi, avec tes jambes tordues ? dit le lièvre. Mais enfin, d'accord, si tu y tiens absolument. Que parions-nous ?
                        - Un louis d'or et une bouteille de vin, dit le hérisson.
                        - Accepté, répondit le lièvre. Topons là et on pourra y aller.
                        - Non, ce n'est pas si pressé, dit le hérisson. je suis encore à jeun. je vais d'abord aller à la maison pour prendre mon petit déjeuner. Dans une demi-heure, je serai de nouveau ici.
                        Le lièvre accepta et le hérisson s'en alla. En chemin, il pensa : « Le lièvre s'en remet à ses longues jambes. Mais je l'aurai quand même. Il a beau être un monsieur considérable, il n'en est pas moins un pauvre sot. Il faudra bien qu'il paye ! » Quand il arriva chez lui, il dit à sa femme :
                        - Femme, habille-toi vite, il faut que tu viennes aux champs avec moi
                        - Que se passe-t-il donc ? demanda sa femme.
                        - J'ai parié un louis d'or et une bouteille de vin avec le lièvre. Nous allons faire une course et il faut que tu sois présente.
                        - Ah ! Mon Dieu ! se mit à gémir dame Hérissonne. Serais-tu fou ? Tu as donc perdu complètement la raison. Comment peux-tu faire un pari, pour une course avec un lièvre ?
                        - Tais-toi, femme ! dit le hérisson. Cela me regarde. Ne t'occupe pas des affaires des hommes. En avant, marche ! Habille-toi et viens !
                        Il n'y avait rien à faire : elle dut le suivre, bon gré, mal gré.
                        En cours de chemin, le hérisson dit à sa femme :
                        - Écoute bien ce je vais te dire ; tu vois, c'est dans ce champ que nous allons faire la course. Le lièvre court dans ce sillon, moi dans cet autre. Nous partirons de là-bas. Tu n'as rien d'autre à faire qu'à te placer au bout de ce sillon et quand le lièvre arrivera, tu diras : « je suis déjà arrivé ».
                        Arrivé sur place, le hérisson laissa sa femme à un bout du champ et se rendit à l'autre extrémité. Le lièvre l'attendait.
                        - On peut y aller ? demanda-t-il.
                        - Bien sûr, répondit le hérisson.
                        - Eh bien ! allons-y !
                        Et chacun de prendre place dans son sillon. Le lièvre compte
                        - Un, deux, trois. Et il démarra avec la vitesse d'un vent d'orage. Le hérisson lui, ne fit que trois ou quatre pas, se coucha au fond du sillon et ne bougea plus.
                        Lorsque le lièvre en plein élan arriva au bout du champ, la femme du hérisson lui cria :
                        - je suis déjà ici
                        Le lièvre n'en revenait pas. Il croyait que c'était le hérisson lui-même qui lui parlait. Sa femme avait exactement la même apparence que lui. Mais le lièvre dit.
                        - Ce n'est pas naturel. Et il s'écria.
                        - je vais recourir dans l'autre sens !
                        Et, de nouveau, il partit comme une tempête, et ses oreilles en volaient au-dessus de sa tête. La femme du hérisson resta tranquillement à sa place. Quand le lièvre arriva à l'autre extrémité du champ, le hérisson lui cria
                        - Je suis déjà ici !
                        Le lièvre, que la passion mettait hors de lui, s'écria
                        - On refait le même chemin ?
                        - Ça m'est égal, dit le hérisson. Aussi longtemps que tu voudras.
                        Et c'est ainsi que le lièvre courut encore soixante-treize fois et le hérisson gagnait toujours. Chaque fois que le lièvre arrivait en bas ou en haut du champ, le hérisson ou sa femme disaient : « je suis déjà ici ! »
                        À la soixante-quatorzième fois, le lièvre n'arriva pas jusqu'au bout du parcours. Il tomba au milieu du champ, le sang lui sortant par la bouche. Il était mort. Le hérisson prit le louis d'or et la bouteille de vin qu'il avait gagnés, appela sa femme, et tous deux, bien contents, regagnèrent leur maison. Et s'ils ne sont pas morts depuis, c'est qu'ils vivent encore.
                        C'est ainsi qu'il arriva sur la lande qu'un lièvre fit la course avec un hérisson jusqu'à en mourir. Et depuis ce jour-là, dans ce pays, aucun lièvre ne s'est laissé prendre à parier pour une course avec un hérisson.
                        #12
                          Con Gấu 14.11.2006 20:54:55 (permalink)
                          Chat et souris associés

                          - Il nous faudra faire nos réserves de nourriture pour l'hiver, dit le chat, sinon nous risquons de mourir de faim. Toi, ma petite souris, tu ne peux pas aller partout, tu pourrais te faire prendre dans un piège.
                          C'était une bonne idée. Ils achetèrent alors un petit pot de saindoux mais ne savaient pas où le cacher. Ils réfléchirent longtemps et, finalement, le chat décida :
                          - Sais-tu ce que nous allons faire ? Nous le cacherons dans l'église ; on ne peut imaginer meilleure cachette ! Personne n'oserait emporter quelque chose d'une église. Nous poserons le pot sous l'autel et nous ne l'entamerons qu'en cas de nécessité absolue.
                          Ils portèrent donc le pot en ce lieu sûr, mais très vite le chat eut envie de saindoux. Il dit à la souris:
                          - Je voulais te dire, ma petite souris, ma cousine m'a demandé d'être le parrain de leur petit dernier. Ils ont eu un petit, blanc avec des taches marron et je dois le tenir pendant le baptême. Laisse-moi y aller, et occupe-toi aujourd'hui de la maison toute seule, veux-tu ?
                          - Bien sûr, sans problème, acquiesça la souris, vas-y, si tu veux, et pense à moi quand tu mangeras des bonnes choses. J'aurais bien voulu, moi aussi, goûter de ce bon vin doux qu'on donne aux jeunes mamans.
                          Mais tout cela était faux ; le chat n'avait pas de cousine et personne ne lui avait demandé d'être parrain. Il s'empressa d'aller à l'église, rampa jusqu'au petit pot de saindoux et lécha jusqu'à avoir mangé toute la graisse du dessus. Ensuite, il partit se promener sur les toits pour voir ce qui se passait dans le monde, et puis surtout pour trouver encore quelque chose de bon à manger. Puis il s'allongea au soleil. Et chaque fois qu'il se souvenait du petit pot de saindoux, il se léchait les babines et se caressait la moustache. Il ne rentra à la maison que dans la soirée.
                          - Te voilà enfin de retour ! l'accueillit la petite souris. T'es-tu bien amusé ? Vous avez dû bien rire.
                          - Oui, ce n'était pas mal, répondit le chat.
                          - Et quel nom avez-vous donné à ce chaton ? demanda la souris.
                          - Sanledessu, répondit sèchement le chat.
                          - Sanledessu ? chicota la souris, quel drôle de nom ! Assez rare, dirais-je. Est-il courant dans votre famille ?
                          - Tu peux dire ce que tu veux, rétorqua le chat, mais ce n'est pas pire que Volemiettes, le nom de tes filleuls.
                          Peu de temps après, le chat se sentit de nouveau l'eau venir à la bouche.
                          - Sois gentille, supplia-t-il, occupe-toi encore une fois de la maison toute seule. Fais cela pour moi, petite souris ; on m'a encore demandé d'être le parrain. Le chaton a une collerette blanche au cou, je ne peux pas refuser.
                          La gentille souris fut d'accord. Et le chat se glissa à travers le mur de la ville, s'introduisit dans l'église et vida la moitié du pot de saindoux.
                          - Rien à faire, se dit-il, c'est bien meilleur quand on mange tout seul.
                          Et il se félicita de son exploit.
                          Lorsqu'il arriva à la maison, la petite souris demanda :
                          - Comment avez-vous baptisé le bébé ?
                          - Miparti, répondit le chat.
                          - Miparti ? Pas possible ! je n'ai jamais entendu un nom pareil. Je parie qu'il n'est même pas dans le calendrier.
                          Le chat ne tarda pas à se sentir de nouveau l'eau à la bouche en pensant au pot de saindoux.
                          - Jamais deux sans trois, dit-il à la souris. On me demande de nouveau d'être le parrain. L'enfant est tout noir, seules les pattes sont blanches, elles mis à part, il n'a pas un seul poil blanc. Un enfant comme ça ne naît qu'une fois par siècle ! Tu me laisseras y aller, n'est-ce pas ?
                          - Sanledessu ! Miparti ! répondit la souris, ce sont des noms si étranges. Cela ne s'est jamais vu. Ils me trottent dans la tête sans arrêt.
                          - C'est parce que tu restes tout le temps ici, avec ta vilaine robe gris foncé à longue natte, tu passes toutes tes journées enfermée ici, pas étonnant que tout se brouille dans ta tête, dit le chat. Voilà ce qui arrive quand on passe sa vie dans ses pantoufles.
                          Le chat parti, la petite souris fit le ménage dans toute la maison. Pendant ce temps-là, le chat gourmand vida entièrement le pot de saindoux.
                          - Et voilà, pensa-t-il, maintenant que j'ai tout mangé, je ne serai plus tenté.
                          Si repu qu'il s'essoufflait en marchant, il ne rentra à la maison que la nuit, mais serein.
                          La petite souris lui demanda aussitôt le nom du troisième chaton.
                          - Je suis sûr que tu n'aimeras pas, répondit le chat. Il s'appelle Toufini.
                          - Toufini ! chicota la souris. Cela parait suspect, ce nom ne me dit rien qui vaille. Je ne l'ai jamais vu imprimé quelque part. Toufini ! Qu'est ce que cela veut dire, en fait ?
                          Elle hocha la tête, se roula en boule et s'endormit.
                          Depuis ce jour, plus personne n'invita le chat à un baptême.
                          L'hiver arriva, et dehors, il n'y avait rien à manger. La petite souris se rappela qu'ils avaient quelque chose en réserve.
                          - Viens, mon chat, allons chercher notre pot de saindoux que nous avons caché pour les temps durs. On va se régaler.
                          - Tu te régaleras, tu te régaleras, marmonna le chat, cela sera comme si tu sortais ta petite langue fine par la fenêtre.
                          Ils s'en allèrent et lorsqu'ils arrivèrent dans l'église, le pot était toujours à sa place mais vide.
                          - « Ça y est, dit la souris, je comprends tout, j'y vois clair à présent. Tu parles d'un ami ! Tu as tout mangé quand tu allais « faire le parrain » : d'abord « Sanledessu », puis « Miparti » et pour finir...
                          - Tais-toi, coupa le chat, encore un mot et je te mange !
                          Mais la petite souris avait le « Toufini » sur la langue, et à peine l'eut-elle prononcé que le chat lui sauta dessus, l'attrapa et la dévora.
                          Eh oui, ainsi va le monde.
                          #13
                            Chuyển nhanh đến:

                            Thống kê hiện tại

                            Hiện đang có 0 thành viên và 2 bạn đọc.
                            Kiểu:
                            2000-2024 ASPPlayground.NET Forum Version 3.9