Dans la tanière du loup - Traudl JUNGE
Con Gấu 05.04.2007 04:27:06 (permalink)
DANS LA TANIERE DU LOUP
 
TRAUDL JUNGE
 
Aves la collaboration de Melissa Müller
 
Les confessions de la secrétaire de Hitler
 
Traduit de l’allemand par Janine Bourlois
 
Editions JC Lattès
 
-----
 
Note de l’éditeur
 
 
        Les écrits de Traudl Junge, datant des années 1947-1948, restituent des souvenirs subjectifs et sont publiés ici dans la version originale. En collaboration avec Mme Junge, le texte a simplement été légèrement modifié, là où il montrait le faiblesses propres à un manuscrit (orthographe non uniformisée, erreurs dans l’écriture des noms, mots manquants, etc.) .
        Les rares suppressions , insignifiantes pour le contenu, sont indiquées par des crochets.
        Traudl Junge est décédée le 15 janvier 2002.

                                                        « Nous ne pouvons pas corriger
notre biographie a posteriori, il nous faut vivre avec elle. Mais nous pouvons nous corriger nous-mêmes. »
 
Reiner Kunze, Am Sonnenhang.
Tagebuch eines Jahres (1993).
 
 
Préface
 
De Traudl Junge
 
 
        Ce livre n’est pas une justification tardive. Ni une auto-accusation. Je ne veux pas non plus qu’il soit compris comme une confession. Il s’agit plutôt d’une tentative pour me réconcilier, non pas avec mon entourage, mais avec moi-même.
 
        Pendant deux ans et demi, j’ai été la secrétaire de Hitler. En dehors de cela, jusqu’à présent, il n’y a rien eu de sensationnel dans ma vie. En 1947-1948, j’ai couché sur le papier les souvenirs encore très vifs de ma vie à proximité immédiate d’Adolf Hitler. C’était à une époque où « nous tous », les Allemands, regardions vers l’avant et où – avec un succès étonnant du reste – nous minimisions et refoulions ce que nous avons vécu. Je me mis alors à l’ouvrage en toute candeur, et je voulus fixer les événements et les épisodes les plus importants de cette époque, avant que les détails susceptibles d’être plus tard intéressants ne pâlissent ou ne tombent complètement dans l’oubli.
        Quand je relus mon manuscrit avec un recul de plusieurs années, je fus effrayée, et remplie de honte par le manque de critique et de distance avec lequel je m’étais mise alors à l’ouvrage. Comment pouvais-je avoir été si naïve et insouciante ? Mis ce n’est qu’une  de raisons pour lesquelles je redoutais jusqu’à présent de faire publier le manuscrit dans mon pays. Une autre raison est que , face au flux de littérature sur Adolf Hitler et son « Reich de mille ans », mon destin et mes observations ne me semblaient pas suffisamment manquants. De plus, je m’inquiétais de la soif de sensation, et des applaudissements de mauvaise part.
        Je n’ai jamais caché mon passé mais, dans les années d’après-guerre, mon environnement m’a beaucoup aidée à le refouler : j’aurai été trop jeune et trop inexpérimentée pour percer à jour mon patron, dont la façade honnête dissimulait un homme au désir de puissance meurtrier. La commission de dénazification, qui me disculpa en tant que « jeune suiveur », n’était pas la seule à agir de la sorte. C’était aussi l’avis de toutes les personnes que je connaissais avec je parlais de mon expérience, non seulement celles qui étaient elles-mêmes soupçonnées de complicité, mais aussi celles qui avaient été persécutées par le régime. Je n’ai que trop volontiers admis cette disculpation. Après tout, je venais juste fêter mon vingt-cinquième anniversaire quand l’Allemagne nationale-socialiste s’effondra et je désirais qu’une chose : vivre.
 
        C’est seulement au milieu des années soixante que j’ai commencé petit à petit à réfléchir sérieusement à mon passé et à mes sentiments croissants de culpabilité. Au cours des trente-cinq dernières années, je devenais de plus en plus tourmentée, cherchant sans fin à me comprendre moi-même et à comprendre mes motivations de l’époque. J’ai appris à l’accepter : en 1942, je n’avais que vingt-deux ans et j’étais aventureuse, fascinée par Hitler, qui était un patron agréable et un ami paternel. J’ignorais alors volontiers ma voix qui m’avertissait  et que le percevais parfaitement. JE prenais même plaisir au temps passé près de lui presque jusqu’à la fin cruelle. Après les révélation sur les crimes de cet homme, je vivrai jusqu’à ma dernière heure avec le sentiment d’avoir été complice.
 
        Il y a deux ans, j’ai fait la connaissance de l’écrivain Melissa Müller. Elle vint me voir pour me poser, en tant que témoin de l’époque, quelques questions sur Adolf Hitler et ses préférences artistiques. De cette conversation naquirent beaucoup d’autres entretiens concernant ma vie et l’effet à long terme qu’avait eu sur moi ma rencontre avec Hitler. Melissa Müller appartient à la deuxième génération d’après-guerre, son regard est marqué de ce qu’elle sait sur les crimes du Troisième Reich. Mais elle ne fait pas partie de ceux qui, après coup, savent tout mieux que les autres. Pour elle, ce n’est pas aussi simple. Elle écoute ce que nous, témoins de l’époque qui étions autrefois sous le charme du Führer, avons à raconter, et elle essaie d’aller jusqu’aux racines de ce qui s’est passé. « Nous ne pouvons pas corriger notre biographie a posteriori, mais nous devons vivre avec elle. Cependant, nous pouvons nous corriger nous-mêmes. » Cette citation de Reine Kunze, extraite de son Tagebuch eines Jahres (« Journal d’une année »), est devenu un principe important dans ma vie. « Mais l’on ne s’attend pas toujours à la génuflexion publique », est-il dit plus loin. « Il existe une honte  muette plus parlante que tout discours – et parfois plus sincère. » Melissa Müller réussit finalement à me convaincre de publier quand même mon manuscrit. Si je parviens, pensai-je, à lui faire comprendre combien il était facile de succomber à la fascination de Hitler et combien il est difficile de vivre en sachant que l’on a servi un criminel de masse, cela devrait aussi pouvoir le faire comprendre aux lecteurs. C’est en tout cas ce que j’espère.
 
        L’an dernier, Melissa Müller m’a fait rencontrer André Heller, qui est pour moi non seulement un artiste extrêmement intéressant, mais aussi un homme très engagé d’une morale politique inébranlable. Des conversations intenses avec lui furent une autre impulsion, infiniment précieuse, pour réfléchir sur Traudl Humps, la jeune fille avec laquelle je fus si longtemps sur le pied de guerre. Une partie importante de nos entretiens se déroula devant la caméra. André Heller et Otthmar Schmiderer montèrent à partir des prises de vue le film documentaire » Im toten Winkel » (« Dans l’angle-mort »).
 
        Dans le présent livre, c’est tantôt la jeune et tantôt la vieille Junge (jeune, en allemand) qui parle. La jeune Junge, même de façon posthume, s’est laissé convaincre de publier ses premiers écrits par l’intérêt toujours croissant de « connaître de l’intérieur » le régime nazi et espère pouvoir, avec son texte, fournir des éclaircissements. Le vieille Junge ne veut certes pas se faire un apôtre de la morale, mais espère tout de même transmettre quelques idées moins banales qu’elles peuvent le paraître au premier abord : les belles façades sont souvent trompeuses, cela vaut toujours la peine de jeter un coup d’œil derrière. L’homme doit écouter la voix de sa conscience. Il ne fut guère autant de courage qu’il paraît pour avouer des fautes et apprendre d’elles. L’homme est au monde pour se transformer en apprenant.
 
                                                        Traudl Junge
                                                        Janvier 2002
<bài viết được chỉnh sửa lúc 07.04.2007 05:34:30 bởi Con Gấu >
#1
    Chuyển nhanh đến:

    Thống kê hiện tại

    Hiện đang có 0 thành viên và 2 bạn đọc.
    Kiểu:
    2000-2024 ASPPlayground.NET Forum Version 3.9