Jean de La Fontaine (1621-1695) và tác phẩm - Tập V
Con Gấu 22.06.2007 19:07:58 (permalink)
Livre V

Ce livre comporte 21 fables.

Ne manquez sous aucun prétexte la merveilleuse fable du petit poisson et du pêcheur. C'est de cette fable que sont tirés les dictons suivants :

« Petit poisson deviendra grand ... »
« Un tien vaut mieux que deux ... »

 
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Le Bûcheron et Mercure


Votre goût a servi de règle à mon ouvrage.
J'ai tenté les moyens d'acquérir son suffrage.
Vous voulez qu'on évite un soin trop curieux,
Et des vains ornements l'effort ambitieux.
Je le veux comme vous ; cet effort ne peut plaire.
Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.
Non qu'il faille bannir certains traits délicats :
Vous les aimez, ces traits, et je ne les hais pas.
Quant au principal but qu'Esope se propose,
J'y tombe au moins mal que je puis.
Enfin si dans ces Vers je ne plais et n'instruis,
Il ne tient pas à moi, c'est toujours quelque chose.
Comme la force est un point
Dont je ne me pique point,
Je tâche d'y tourner le vice en ridicule,
Ne pouvant l'attaquer avec des bras d'Hercule.
C'est là tout mon talent ; je ne sais s'il suffit.
Tantôt je peins en un récit
La sotte vanité jointe avecque l'envie,
Deux pivots sur qui roule aujourd'hui notre vie.
Tel est ce chétif animal
Qui voulut en grosseur au Boeuf se rendre égal.
J'oppose quelquefois, par une double image,
Le vice à la vertu, la sottise au bon sens,
Les Agneaux aux Loups ravissants,
La Mouche à la Fourmi, faisant de cet ouvrage
Une ample Comédie à cent actes divers,
Et dont la scène est l'Univers.
Hommes, Dieux, Animaux, tout y fait quelque rôle :
Jupiter comme un autre : Introduisons celui
Qui porte de sa part aux Belles la parole :
Ce n'est pas de cela qu'il s'agit aujourd'hui.

Un Bûcheron perdit son gagne-pain,
C'est sa cognée ; et la cherchant en vain,
Ce fut pitié là-dessus de l'entendre.
Il n'avait pas des outils à revendre.
Sur celui-ci roulait tout son avoir.
Ne sachant donc où mettre son espoir,
Sa face était de pleurs toute baignée.
O ma cognée ! ô ma pauvre cognée !
S'écriait-il, Jupiter, rends-la-moi ;
Je tiendrai l'être encore un coup de toi.
Sa plainte fut de l'Olympe entendue.
Mercure vient. Elle n'est pas perdue,
Lui dit ce dieu, la connaîtras-tu bien ?
Je crois l'avoir près d'ici rencontrée.
Lors une d'or à l'homme étant montrée,
Il répondit : Je n'y demande rien.
Une d'argent succède à la première,
Il la refuse. Enfin une de bois :
Voilà, dit-il, la mienne cette fois ;
Je suis content si j'ai cette dernière.
- Tu les auras, dit le Dieu, toutes trois.
Ta bonne foi sera récompensée.
- En ce cas-là je les prendrai, dit-il.
L'Histoire en est aussitôt dispersée ;
Et Boquillons de perdre leur outil,
Et de crier pour se le faire rendre.
Le Roi des Dieux ne sait auquel entendre.
Son fils Mercure aux criards vient encor,
A chacun d'eux il en montre une d'or.
Chacun eût cru passer pour une bête
De ne pas dire aussitôt : La voilà !
Mercure, au lieu de donner celle-là,
Leur en décharge un grand coup sur la tête.

Ne point mentir, être content du sien,
C'est le plus sûr : cependant on s'occupe
A dire faux pour attraper du bien :
Que sert cela ? Jupiter n'est pas dupe.

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Le Pot de terre et le Pot de fer


Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il ferait que sage
De garder le coin du feu :
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause.
Il n'en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
- Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matière dure
Vous menace d'aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s'en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.
Le Pot de terre en souffre ; il n'eut pas fait cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.
Ne nous associons qu'avecque nos égaux.
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces Pots.

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Le petit Poisson et le Pêcheur


Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie.
Mais le lâcher en attendant,
Je tiens pour moi que c'est folie ;
Car de le rattraper il n'est pas trop certain.
Un Carpeau qui n'était encore que fretin
Fut pris par un Pêcheur au bord d'une rivière.
Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin ;
Voilà commencement de chère et de festin :
Mettons-le en notre gibecière.
Le pauvre Carpillon lui dit en sa manière :
Que ferez-vous de moi ? je ne saurais fournir
Au plus qu'une demi-bouchée ;
Laissez-moi Carpe devenir :
Je serai par vous repêchée.
Quelque gros Partisan m'achètera bien cher,
Au lieu qu'il vous en faut chercher
Peut-être encor cent de ma taille
Pour faire un plat. Quel plat ? croyez-moi ; rien qui vaille.
- Rien qui vaille ? Eh bien soit, repartit le Pêcheur ;
Poisson, mon bel ami, qui faites le Prêcheur,
Vous irez dans la poêle ; et vous avez beau dire,
Dès ce soir on vous fera frire.

Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras :
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.

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Les Oreilles du Lièvre



Un animal cornu blessa de quelques coups
Le Lion, qui plein de courroux,
Pour ne plus tomber en la peine,
Bannit des lieux de son domaine
Toute bête portant des cornes à son front.
Chèvres, Béliers, Taureaux aussitôt délogèrent,
Daims, et Cerfs de climat changèrent ;
Chacun à s'en aller fut prompt.
Un Lièvre, apercevant l'ombre de ses oreilles,
Craignit que quelque Inquisiteur
N'allât interpréter à cornes leur longueur,
Ne les soutînt en tout à des cornes pareilles.
Adieu, voisin Grillon, dit-il, je pars d'ici ;
Mes oreilles enfin seraient cornes aussi ;
Et quand je les aurais plus courtes qu'une Autruche,
Je craindrais même encor. Le Grillon repartit :
Cornes cela ? Vous me prenez pour cruche ;
Ce sont oreilles que Dieu fit.
- On les fera passer pour cornes,
Dit l'animal craintif, et cornes de Licornes.
J'aurai beau protester ; mon dire et mes raisons
Iront aux Petites-Maisons.


Le Renard ayant la queue coupée

Un vieux Renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de Poulets, grand preneur de Lapins,
Sentant son Renard d'une lieue,
Fut enfin au piège attrapé.
Par grand hasard en étant échappé,
Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue :
S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile),
Un jour que les Renards tenaient conseil entre eux :
Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux ?
Que nous sert cette queue ? Il faut qu'on se la coupe :
Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.
- Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe ;
Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra.
A ces mots, il se fit une telle huée,
Que le pauvre écourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu ;
La mode en fut continuée.

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La Vieille et les deux Servantes


Il était une vieille ayant deux Chambrières.
Elles filaient si bien que les soeurs filandières
Ne faisaient que brouiller au prix de celles-ci.
La Vieille n'avait point de plus pressant souci
Que de distribuer aux Servantes leur tâche.
Dès que Téthis chassait Phébus aux crins dorés,
Tourets entraient en jeu, fuseaux étaient tirés ;
Deçà, delà, vous en aurez ;
Point de cesse, point de relâche.
Dès que l'Aurore, dis-je, en son char remontait,
Un misérable Coq à point nommé chantait.
Aussitôt notre Vieille encor plus misérable
S'affublait d'un jupon crasseux et détestable,
Allumait une lampe, et courait droit au lit
Où de tout leur pouvoir, de tout leur appétit,
Dormaient les deux pauvres Servantes.
L'une entr'ouvrait un oeil, l'autre étendait un bras ;
Et toutes deux, très malcontentes,
Disaient entre leurs dents : Maudit Coq, tu mourras.
Comme elles l'avaient dit, la bête fut grippée.
Le réveille-matin eut la gorge coupée.
Ce meurtre n'amenda nullement leur marché.
Notre couple au contraire à peine était couché
Que la Vieille, craignant de laisser passer l'heure,
Courait comme un Lutin par toute sa demeure.
C'est ainsi que le plus souvent,
Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,
On s'enfonce encor plus avant :
Témoin ce Couple et son salaire.
La Vieille, au lieu du Coq, les fit tomber par là
De Charybde en Scylla.

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#1
    Con Gấu 22.06.2007 19:20:48 (permalink)
    Le Satyre et le Passant



    Au fond d'un antre sauvage,
    Un Satyre et ses enfants
    Allaient manger leur potage
    Et prendre l'écuelle aux dents.

    On les eût vus sur la mousse
    Lui, sa femme, et maint petit ;
    Ils n'avaient tapis ni housse,
    Mais tous fort bon appétit.

    Pour se sauver de la pluie,
    Entre un Passant morfondu.
    Au brouet on le convie :
    Il n'était pas attendu.

    Son hôte n'eut pas la peine
    De le semondre deux fois ;
    D'abord avec son haleine
    Il se réchauffe les doigts.

    Puis sur le mets qu'on lui donne
    Délicat il souffle aussi ;
    Le Satyre s'en étonne :
    Notre hôte, à quoi bon ceci ?

    - L'un refroidit mon potage,
    L'autre réchauffe ma main.
    - Vous pouvez, dit le Sauvage,
    Reprendre votre chemin.

    Ne plaise aux Dieux que je couche
    Avec vous sous même toit.
    Arrière ceux dont la bouche
    Souffle le chaud et le froid !

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    Le Cheval et le Loup



    Un certain Loup, dans la saison
    Que les tièdes Zéphyrs ont l'herbe rajeunie,
    Et que les animaux quittent tous la maison,
    Pour s'en aller chercher leur vie ;
    Un loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l'Hiver,
    Aperçut un Cheval qu'on avait mis au vert.
    Je laisse à penser quelle joie !
    Bonne chasse, dit-il, qui l'aurait à son croc.
    Eh ! que n'es-tu Mouton ? car tu me serais hoc :
    Au lieu qu'il faut ruser pour avoir cette proie.
    Rusons donc. Ainsi dit, il vient à pas comptés,
    Se dit Ecolier d'Hippocrate ;
    Qu'il connaît les vertus et les propriétés
    De tous les Simples de ces prés,
    Qu'il sait guérir, sans qu'il se flatte,
    Toutes sortes de maux. Si Dom Coursier voulait
    Ne point celer sa maladie,
    Lui Loup gratis le guérirait.
    Car le voir en cette prairie
    Paître ainsi sans être lié
    Témoignait quelque mal, selon la Médecine.
    J'ai, dit la Bête chevaline,
    Une apostume sous le pied.
    - Mon fils, dit le docteur, il n'est point de partie
    Susceptible de tant de maux.
    J'ai l'honneur de servir Nosseigneurs les Chevaux,
    Et fais aussi la Chirurgie.
    Mon galand ne songeait qu'à bien prendre son temps,
    Afin de happer son malade.
    L'autre qui s'en doutait lui lâche une ruade,
    Qui vous lui met en marmelade
    Les mandibules et les dents.
    C'est bien fait, dit le Loup en soi-même fort triste ;
    Chacun à son métier doit toujours s'attacher.
    Tu veux faire ici l'Arboriste,
    Et ne fus jamais que Boucher.

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    Le Laboureur et ses Enfants


    Travaillez, prenez de la peine :
    C'est le fonds qui manque le moins.
    Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
    Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
    Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
    Que nous ont laissé nos parents.
    Un trésor est caché dedans.
    Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
    Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
    Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'Oût.
    Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
    Où la main ne passe et repasse.
    Le père mort, les fils vous retournent le champ
    Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an
    Il en rapporta davantage.
    D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
    De leur montrer avant sa mort
    Que le travail est un trésor.


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    La Montagne qui accouche


    Une Montagne en mal d'enfant
    Jetait une clameur si haute,
    Que chacun au bruit accourant
    Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
    D'une Cité plus grosse que Paris :
    Elle accoucha d'une Souris.

    Quand je songe à cette Fable
    Dont le récit est menteur
    Et le sens est véritable,
    Je me figure un Auteur
    Qui dit : Je chanterai la guerre
    Que firent les Titans au Maître du tonnerre.
    C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
    Du vent.

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    La Fortune et le jeune Enfant


    Sur le bord d'un puits très profond
    Dormait étendu de son long
    Un Enfant alors dans ses classes.
    Tout est aux Ecoliers couchette et matelas.
    Un honnête homme en pareil cas
    Aurait fait un saut de vingt brasses.
    Près de là tout heureusement
    La Fortune passa, l'éveilla doucement,
    Lui disant : Mon mignon, je vous sauve la vie.
    Soyez une autre fois plus sage, je vous prie.
    Si vous fussiez tombé, l'on s'en fût pris à moi ;
    Cependant c'était votre faute.
    Je vous demande, en bonne foi,
    Si cette imprudence si haute
    Provient de mon caprice. Elle part à ces mots.
    Pour moi, j'approuve son propos.
    Il n'arrive rien dans le monde
    Qu'il ne faille qu'elle en réponde.
    Nous la faisons de tous Echos.
    Elle est prise à garant de toutes aventures.
    Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ;
    On pense en être quitte en accusant son sort :
    Bref la Fortune a toujours tort.

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    #2
      Con Gấu 22.06.2007 19:22:48 (permalink)
      Les Médecins



      Le Médecin Tant-pis allait voir un malade
      Que visitait aussi son confrère Tant-mieux ;
      Ce dernier espérait, quoique son camarade
      Soutînt que le gisant irait voir ses aïeux.
      Tous deux s'étant trouvés différents pour la cure,
      Leur malade paya le tribut à Nature,
      Après qu'en ses conseils Tant-pis eut été cru.
      Ils triomphaient encor sur cette maladie.
      L'un disait : il est mort, je l'avais bien prévu.
      - S'il m'eût cru, disait l'autre, il serait plein de vie.

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      La Poule aux oeufs d'or


      L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
      Je ne veux, pour le témoigner,
      Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
      Pondait tous les jours un oeuf d'or.
      Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
      Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
      A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
      S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
      Belle leçon pour les gens chiches :
      Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
      Qui du soir au matin sont pauvres devenus
      Pour vouloir trop tôt être riches ?

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      L'Ane portant des reliques



      Un Baudet, chargé de Reliques,
      S'imagina qu'on l'adorait.
      Dans ce penser il se carrait,
      Recevant comme siens l'Encens et les Cantiques.
      Quelqu'un vit l'erreur, et lui dit :
      Maître Baudet, ôtez-vous de l'esprit
      Une vanité si folle.
      Ce n'est pas vous, c'est l'Idole
      A qui cet honneur se rend,
      Et que la gloire en est due.
      D'un Magistrat ignorant
      C'est la Robe qu'on salue.

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      Le Cerf et la Vigne


      Un Cerf, à la faveur d'une Vigne fort haute
      Et telle qu'on en voit en de certains climats,
      S'étant mis à couvert et sauvé du trépas.
      Les Veneurs pour ce coup croyaient leurs chiens en faute.
      Ils les rappellent donc. Le Cerf hors de danger
      Broute sa bienfaitrice, ingratitude extrême !
      On l'entend, on retourne, on le fait déloger,
      Il vient mourir en ce lieu même.
      J'ai mérité, dit-il, ce juste châtiment :
      Profitez-en, ingrats. Il tombe en ce moment.
      La Meute en fait curée. Il lui fut inutile
      De pleurer aux Veneurs à sa mort arrivés.
      Vraie image de ceux qui profanent l'asile
      Qui les a conservés.

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      Le Serpent et la Lime


      On conte qu'un serpent voisin d'un Horloger
      C'était pour l'Horloger un mauvais voisinage),
      Entra dans sa boutique, et cherchant à manger
      N'y rencontra pour tout potage
      Qu'une Lime d'acier qu'il se mit à ronger.
      Cette Lime lui dit, sans se mettre en colère :
      Pauvre ignorant ! et que prétends-tu faire ?
      Tu te prends à plus dur que toi.
      Petit Serpent à tête folle,
      Plutôt que d'emporter de moi
      Seulement le quart d'une obole,
      Tu te romprais toutes les dents.
      Je ne crains que celles du temps.

      Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,
      Qui n'étant bons à rien cherchez sur tout à mordre.
      Vous vous tourmentez vainement.
      Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages
      Sur tant de beaux ouvrages ?
      Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.

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      Le Lièvre et la Perdrix


      Il ne se faut jamais moquer des misérables :
      Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?
      Le sage Esope dans ses Fables
      Nous en donne un exemple ou deux.
      Celui qu'en ces Vers je propose,
      Et les siens, ce sont même chose.
      Le Lièvre et la Perdrix, concitoyens d'un champ,
      Vivaient dans un état, ce semble, assez tranquille,
      Quand une Meute s'approchant
      Oblige le premier à chercher un asile.
      Il s'enfuit dans son fort, met les chiens en défaut,
      Sans même en excepter Briffaut.
      Enfin il se trahit lui-même.
      Par les esprits sortants de son corps échauffé.
      Miraut sur leur odeur ayant philosophé
      Conclut que c'est son Lièvre, et d'une ardeur extrême
      Il le pousse, et Rustaut, qui n'a jamais menti,
      Dit que le Lièvre est reparti.
      Le pauvre malheureux vient mourir à son gîte.
      La Perdrix le raille, et lui dit :
      Tu te vantais d'être si vite :
      Qu'as-tu fait de tes pieds ? Au moment qu'elle rit,
      Son tour vient ; on la trouve. Elle croit que ses ailes
      La sauront garantir à toute extrémité ;
      Mais la pauvrette avait compté
      Sans l'Autour aux serres cruelles.

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      #3
        Con Gấu 22.06.2007 19:24:22 (permalink)
        L'Aigle et le Hibou



        L'Aigle et le Chat-huant leurs querelles cessèrent,
        Et firent tant qu'ils s'embrassèrent.
        L'un jura foi de Roi, l'autre foi de Hibou,
        Qu'ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou.
        Connaissez-vous les miens ? dit l'Oiseau de Minerve.
        - Non, dit l'Aigle.- Tant pis, reprit le triste Oiseau.
        Je crains en ce cas pour leur peau :
        C'est hasard si je les conserve.
        Comme vous êtes Roi, vous ne considérez
        Qui ni quoi : Rois et Dieux mettent, quoi qu'on leur die,
        Tout en même catégorie.
        Adieu mes nourrissons si vous les rencontrez.
        - Peignez-les-moi, dit l'Aigle, ou bien me les montrez.
        Je n'y toucherai de ma vie.
        Le Hibou repartit : Mes petits sont mignons,
        Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons.
        Vous les reconnaîtrez sans peine à cette marque.
        N'allez pas l'oublier ; retenez-la si bien
        Que chez moi la maudite Parque
        N'entre point par votre moyen.
        Il avint qu'au Hibou Dieu donna géniture,
        De façon qu'un beau soir qu'il était en pâture,
        Notre Aigle aperçut d'aventure,
        Dans les coins d'une roche dure,
        Ou dans les trous d'une masure
        (Je ne sais pas lequel des deux),
        De petits monstres fort hideux,
        Rechignés, un air triste, une voix de Mégère.
        Ces enfants ne sont pas, dit l'Aigle, à notre ami.
        Croquons-les. Le galand n'en fit pas à demi.
        Ses repas ne sont point repas à la légère.
        Le Hibou, de retour, ne trouve que les pieds
        De ses chers nourrissons, hélas ! pour toute chose.
        Il se plaint, et les Dieux sont par lui suppliés
        De punir le brigand qui de son deuil est cause.
        Quelqu'un lui dit alors : N'en accuse que toi
        Ou plutôt la commune loi
        Qui veut qu'on trouve son semblable
        Beau, bien fait, et sur tous aimable.
        Tu fis de tes enfants à l'Aigle ce portrait ;
        En avaient-ils le moindre trait ?

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        Le Lion s'en allant en guerre



        Le Lion dans sa tête avait une entreprise.
        Il tint conseil de guerre, envoya ses Prévots,
        Fit avertir les animaux :
        Tous furent du dessein, chacun selon sa guise.
        L'Eléphant devait sur son dos
        Porter l'attirail nécessaire
        Et combattre à son ordinaire,
        L'Ours s'apprêter pour les assauts ;
        Le Renard ménager de secrètes pratiques,
        Et le Singe amuser l'ennemi par ses tours.
        Renvoyez, dit quelqu'un, les Anes qui sont lourds,
        Et les Lièvres sujets à des terreurs paniques.
        - Point du tout, dit le Roi, je les veux employer.
        Notre troupe sans eux ne serait pas complète.
        L'Ane effraiera les gens, nous servant de trompette,
        Et le Lièvre pourra nous servir de courrier.
        Le monarque prudent et sage
        De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,
        Et connaît les divers talents :
        Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens

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        L'Ours et les deux Compagnons



        Deux compagnons pressés d'argent
        A leur voisin Fourreur vendirent
        La peau d'un Ours encor vivant,
        Mais qu'ils tueraient bientôt, du moins à ce qu'ils dirent.
        C'était le Roi des Ours au compte de ces gens.
        Le Marchand à sa peau devait faire fortune.
        Elle garantirait des froids les plus cuisants,
        On en pourrait fourrer plutôt deux robes qu'une.
        Dindenaut prisait moins ses Moutons qu'eux leur Ours :
        Leur, à leur compte, et non à celui de la Bête.
        S'offrant de la livrer au plus tard dans deux jours,
        Ils conviennent de prix, et se mettent en quête,
        Trouvent l'Ours qui s'avance, et vient vers eux au trot.
        Voilà mes gens frappés comme d'un coup de foudre.
        Le marché ne tint pas ; il fallut le résoudre :
        D'intérêts contre l'Ours, on n'en dit pas un mot.
        L'un des deux Compagnons grimpe au faîte d'un arbre ;
        L'autre, plus froid que n'est un marbre,
        Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent,
        Ayant quelque part ouï dire
        Que l'Ours s'acharne peu souvent
        Sur un corps qui ne vit, ne meut, ni ne respire.
        Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
        Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
        Et de peur de supercherie
        Le tourne, le retourne, approche son museau,
        Flaire aux passages de l'haleine.
        C'est, dit-il, un cadavre ; Otons-nous, car il sent.
        A ces mots, l'Ours s'en va dans la forêt prochaine.
        L'un de nos deux Marchands de son arbre descend,
        Court à son compagnon, lui dit que c'est merveille
        Qu'il n'ait eu seulement que la peur pour tout mal.
        Eh bien, ajouta-t-il, la peau de l'animal ?
        Mais que t'a-t-il dit à l'oreille ?
        Car il s'approchait de bien près,
        Te retournant avec sa serre.
        - Il m'a dit qu'il ne faut jamais.
        Vendre la peau de l'Ours qu'on ne l'ait mis par terre.

        -----

        L'Ane vêtu de la peau du lion


        De la peau du Lion l'Ane s'étant vêtu
        Etait craint partout à la ronde,
        Et bien qu'animal sans vertu,
        Il faisait trembler tout le monde.
        Un petit bout d'oreille échappé par malheur
        Découvrit la fourbe et l'erreur.
        Martin fit alors son office.
        Ceux qui ne savaient pas la ruse et la malice
        S'étonnaient de voir que Martin
        Chassât les Lions au moulin.

        Force gens font du bruit en France,
        Par qui cet Apologue est rendu familier.
        Un équipage cavalier
        Fait les trois quarts de leur vaillance.

         
                                                                                       FIN LIVRE V
        <bài viết được chỉnh sửa lúc 22.06.2007 19:26:37 bởi Con Gấu >
        #4
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