Ministère du mensonge
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marcel 18.08.2007 19:43:21 (permalink)
Il existe au Vietnam comme ailleurs de véritables menteurs capables de vous faire avaler des histoires invraisemblables qui sont de pures merveilles de mensonges.

Les vietnamiens comme tous les autres certains sont politisés et d'autres non. Or, une certaine catégorie fanatisée, contrairement aux vietnamiens de coeur, font le porte-parole de ce que Hannah Arendt * déclare : 

 
Le mensonge érigé en art

 
Pour Hannah Arendt, il existe un lien fort entre mensonge politique et action.  En effet, sans action, la politique ne présente aucune utilité. Or, en politique, le mensonge est érigé en art. En conséquence, les liens entre politique, mensonge et action s’établissent aisément.
Eu égard aux liens existant entre politique et mensonge, l’auteur fait remarquer que le mensonge en politique présente deux caractéristiques principales :
 
-      Le mensonge s’adapte au public. Il anticipe les désirs du public pour qu’il y’ait une parfaite correspondance entre le message qui est émis et la réalité perçue par le public visé. 
 
-       Le mensonge est doté d’un pouvoir intrinsèque, du fait  de  sa nature adaptative et sa capacité d’anticipation. Le pouvoir du mensonge se manifeste lorsque par exemple un gouvernement (ou toute autre forme organisationnelle) élimine délibérément toutes les données qui ne cadrent pas avec l’idéologie qu’il véhicule sans conséquences majeures.
 
Lorsque le mensonge est érigé en art (ce qui est toujours le cas en politique), il peut revêtir plusieurs formes. Dans le cadre des documents du Pentagone, deux catégories « d’artistes menteurs » ont été identifiées : les experts en relations publiques et les « spécialistes de la solution des problèmes ».
 
-      Les experts en relations publiques sont des experts en publicité politique. Quelle que soit la démarche qu’ils adoptent, leurs objectifs restent identiques. Ils vantent pour vendre et manipulent pour convaincre.
 
-      Quant aux « spécialistes de la solution des problèmes » leur démarche est caractérisée par une rationalisation du mensonge. Cette rationalisation est liée à leur formation « d’élite » et à leurs « grandes capacités intellectuelles ». Les « spécialistes de la solution des problèmes » ont une excellente formation et sont « solidement armés de l’analyse des systèmes et de la théorie des jeux ». Ils utilisent un langage pseudo mathématique, se défont de tout sentimentalisme et sont riches de certitudes et de convictions. Parfois, ils élaborent le mensonge et contribuent à sa justification scientifique sans se rendre compte qu’ils sont à l’opposé de la vérité.  Leurs connaissances et capacités intellectuelles en font des citoyens naïfs et adeptes de la « pensée scientifique unique ».


Mentir pour justifier un engagement militaire
 

Le mensonge peut avoir une visée salutaire. C’est notamment le cas lorsqu’il est utilisé dans le cadre d’une stratégie militaire destinée à tromper l’ennemi. Seulement, L’élaboration et leur diffusion secrète des documents du pentagone ne relèvent d’aucune stratégie visant à atteindre le véritable ennemi. Ces documents étaient diffusés secrètement au niveau de la haute administration américaine et étaient destinés à un public américain. C’est ainsi que l’on peut montrer que le mensonge a été utilisé comme artifice pour justifier un engagement militaire dont les objectifs réels sont restés flous.
 
A travers une lecture approfondie des archives du pentagone, Hannah Arendt met en évidence  le tissu de mensonge qui couvre les objectifs annoncés pour justifier la guerre du Vietnam. Ainsi, pour répondre à la question « pourquoi étions nous engagées dans une guerre et cela au Vietnam ? », plusieurs réponses peuvent être apportées.  Les premières offrent des perspectives nobles et ambitieuses telles que « veiller à ce que le peuple vietnamien puisse librement déterminer son avenir » ou encore « éviter l’éclatement de la troisième guerre mondiale ». Quant aux dernières réponses, elles montrent d’une part l’incapacité des Etats-Unis à atteindre les objectifs annoncés et d’autre part, elles mettent en relief « l’égocentrisme » de la première puissance économique et militaire du monde. En effet, ces réponses sont telles qu’il est simplement question « d’éviter une défaite humiliante ou de sauver la face ». Remarquons que sur un horizon chronologique relativement court à l’échelle d’une grande nation (de l’ordre d’une dizaine d’années), les motivations affichées ont connu des grandes fluctuations.
 
Parallèlement à cet ensemble d’objectifs annoncés, le pentagone avec l’aide des « spécialistes de la solution des problèmes » avait mis en place plusieurs scénarios en fonction des publics ciblés.  Il fallait « soutenir le moral » des Sud Vietnamiens,  rassurer les alliés et faire subir aux communistes « des pressions énergiques ».
 
Notons au passage que cette situation était prévisible car à aucun moment la haute administration américaine n’a daigné mettre en évidence les réelles motivations de sa mission militaire au Vietnam. Ce qui reste paradoxal dans cette affaire, c’est le fait que les gouvernements républicain et démocrate se soient succédés au pouvoir sans qu’il y’ait une réelle volonté de changement.
Les métamorphoses remarquées tenaient plus de la forme que du fond. Pendant toute la durée de la présence militaire américaine au Vietnam, le mensonge a été une affaire d’Etat. C’est probablement la raison pour laquelle la Maison Blanche a parfois violé les règles constitutionnelles élémentaires exigeant l’autorisation du congrès américain préalablement à la mise en œuvre de certaines opérations de grande envergure.
 
Pour Hannah Arendt, une double disparité caractérise l’engagement militaire américain au Vietnam. La première disparité concerne les éléments sur lesquels portent les mensonges. Ceci est illustré par deux exemples :
 
-      Le premier exemple rappelle que les informations fournies par les services de renseignements américains et relatifs à l’influence mutuelle qu’exercent les pays voisins du Vietnam les uns sur les autres (théorie des dominos)  ont été parfois contradictoires. Aussi, ces mêmes informations ont été parfois utilisées par des décideurs qui n’adhéraient pas à leur fondement.
 
-      Le second exemple montre comment de faux alibis basés sur « le postulat d’une conspiration monolithique communiste et celui de l’existence d’un bloc sino-soviétique et en outre sur l’hypothèse des visées expansionnistes des chinois » ont été utilisés. Ces alibis ne sont pas avérés parce que tout simplement il existait beaucoup de différents entre Moscou et Pékin, à l’époque. Aussi, le peuple vietnamien a toujours opposé une farouche résistance à toute visée impérialiste d’une puissance étrangère.
 
La seconde disparité  relève des rapports entre les moyens utilisés et les objectifs annoncés. Des moyens militaires et économiques importants ont été utilisés pour une mission dont les objectifs et les contours ont été mal définis et délimités.
 
Enfin, notons que pour mieux asseoir sa politique, le pentagone a usé de ruse en classant dans la catégorie « secret défense » une bonne partie des documents qui devraient être mis à la disposition de certains décideurs. Cette utilisation du sceau « Secret défense » a augmenté la puissance du Pentagone en lui laissant une plus grande latitude quant à l’élaboration de stratégies de manipulation, de tromperie et de mensonge à des fins inavouées.
C’est cette idée qui fait dire à Hannah Arendt que « l’efficacité de la tromperie et du mensonge dépend entièrement de la notion claire de vérité que le menteur et le trompeur entendent dissimuler ».

 
Comment ont-ils pu ?

 
Après une analyse des documents du Pentagone sous les aspects du mensonge et de la tromperie, Hannah Arendt essaye d’apporter des éléments de réponse justifiant l’enlisement des Etats-Unis au Vietnam. Ainsi, à la question « comment ont-ils pu ? », un ensemble de réponses a été apporté. Cet ensemble comporte quatre éléments de réponse : l’art du mensonge, l’utilisation de mauvaises méthodes, la recherche aveugle de l’omnipotence et l’arrogance.
 
Le mensonge érigé en art se manifeste par les écarts existant entre les déclarations publiques et la réalité quotidienne. Toute la communication faite par le Pentagone était à l’écart de la réalité. Au final, le Pentagone a fini par croire en ses propres mensonges car « plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chances de croire à ses propres mensonges ».
 
Les méthodes utilisées par les « spécialistes de la solution des problèmes » relevaient des mathématiques et de la logique. Or, le problème qui leur était présenté n’était pas rationnel et n’admettait pas de solution unique. Hannah Arendt nous rappelle que ces spécialistes au lieu d’ « apprécier » passaient leur temps à « calculer ».
 
Le troisième élément de réponse apporté à la question « comment ont-ils pu ? » tient au fait que l’administration américaine est incapable de comprendre que le pouvoir même d’une très grande puissance comporte toujours des limites.  Ces limites sont apparues à la fin du conflit lorsque le monde a constaté la défaite américaine malgré la puissance militaire et la suprématie écrasante. Cette défaite a sonné le glas de la grande puissance américaine. Finalement, on pourrait avancer que l’impuissance de la grande puissance américaine a été mise en exergue par sa propre puissance militaire.  
 
Le dernier élément de réponse est lié à la double arrogance qui caractérise la démarche américaine : l’arrogance du pouvoir et l’arrogance de l’esprit. L’arrogance du pouvoir s’intéresse exclusivement à la recherche de l’omnipotence. Aucun arbitrage n’est fait entre les moyens et les ressources dégagés et les résultats obtenus ou espérés. L’arrogance de l’esprit est propre à la démarche des « spécialistes de la solution des problèmes ».
 
Ces quatre attitudes ont conduit les Etats-Unis à ne porter aucune attention à l’ennemi et à le mépriser. Ceci a les a conduit directement à une triste et amère défaite.
 

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* Hannah Arendt : professeur de philosophie politique d’abord à l’université de Chicago, ensuite à la New School for Social Research de New York
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#1
    long tong 19.08.2007 00:03:00 (permalink)
    Bon retour, Marcel !  Je suis content que vous soyez revenu a VNTQ après une longue éclipse.  Je manque votre poe2mes !???!!!
    Comment ca va a Hanoi?
     

     
    #2
      marcel 25.08.2007 20:50:34 (permalink)
      Je veux bien continuer la discussion en cours, mais autant revenir sur le topic pour éviter de partir trop hors sujet …
      Je voudrais attirer votre attention sur l’évolution d’un terme ”communisme”, ou sur une Histoire qui n’en finit pas d’être pervertie - trop souvent - par ceux qui raclent les fonds “d'histoires” par peur ou par manque d’innovation.
      Un pays qui ne tire aucune leçon de son histoire est destiné à répéter ses erreurs, que dire d’un pays qui s’englue dans le passé …
      c’est terrible la peur, non ?
      #3
        marcel 30.08.2007 21:47:23 (permalink)
        A l'heure de la "démocratisation" par la force de l'Irak, trouvons-nous le droit d'ingérence donnant possibilité d'immixtion dans les affaires intérieures d'un autre État ne soit pas outre-passé. Il serait bon pour nous d'aller dans les coulisses du Ministère du mensonge et de rouvrir quelques pages d'histoires pour se rafraîchir la mémoire sur les actions des Etats-Unis à travers la CIA dans le monde et particulièrement en Amérique Centrale.
         
        La Central Intelligence Agency (CIA)
         
        La Central Intelligence Agency est créée en 1947 par la loi de sécurité nationale. Son rôle dépasse le simple domaine du renseignement : elle est appelée à intervenir là où la diplomatie s'avère insuffisante et l'action militaire contre-indiquée. Manœuvres de guerre psychologique, financement des partis politiques pro-Etats-Unis, provocations, actions contre les syndicats ou les oppositions, soutien aux coups d'Etat, entraînement de mercenaires ou de bandes armées  : les opérations spéciales et secrètes se sont multipliées sans discontinuer depuis le début des années 50.
         
        La lutte contre le communisme
         
        Politiques, économiques, ou les deux à la fois, les objectifs de la CIA se camouflent sous une dénomination unique  : la lutte contre le communisme. Mais, lors du renversement militaire du gouvernement légal du Guatemala, en 1954, le numéro un de la CIA Allen Dulles siège également au conseil d'administration de la United Fruit dont les intérêts sont menacés par la réforme agraire qu'a entreprise le gouvernement guatémaltèque. On a tout naturellement retrouvé la CIA en première ligne à Cuba (épisode de la Baie des cochons en 1961, en particulier) puis au Chili. Son implication dans le coup d'Etat de 1973 qui a renversé le régime socialiste de Salvador Allende provoque le vote de l'amendement Hugh-Ryan en 1974 : ses opérations clandestines à l'étranger nécessiteront désormais le feu vert du président et l'information du Congrès. Sous l'administration de M. Ronald Reagan et dirigée par M. George Bush, la centrale revient sur le premier plan de la scène en menant une politique résolument belliciste en Amérique centrale. Par l'intermédiaire des contras, elle dirige la guerre faite aux sandinistes au Nicaragua, multiplie les opérations clandestines au Salvador et utilise les services du général Manuel Noriega au Panamá, n'hésitant pas à fermer les yeux sur son implication dans le trafic de drogue.
         
        Affaire de de l'Iran-contragate
         
        Les scandales de l'Iran-contragate (financement des contras par la vente d'armements à l'Iran) et de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), banque privilégiée de l'Agence mais aussi du Cartel de Medellin, jettera la CIA dans l'œil du cyclone. Les révélations faites, pendant l'administration Clinton, sur l'enseignement de la torture à divers organismes policiers, militaires et d'espionnage du continent à travers ses manuels (par exemple le Manuel d'entraînement pour l'exploitation des ressources humaines !), ses agissements dénoncés preuves à l'appui au Guatemala (où elle emploie et couvre des tortionnaires), achèvent de discréditer l'agence. La guerre froide se terminant faute de combattants, la CIA s'oriente vers la collecte d'informations économiques, la protection des intérêts de « l'Empire » sur les marchés émergents, la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic. Alors que, partout en Amérique latine, les lois d'amnistie protégeant les anciens dictateurs sont remises en cause par la justice (nationale et internationale), la CIA peine toutefois à échapper à son passé. En août 2000, elle s'oppose à l'ouverture d'archives révélant son rôle dans le coup d'Etat du général Pinochet, au Chili.
         
        L’ingérences des Etats-Unis
         
        Le continent latinoaméricain a toujours été considéré par les Etats-Unis comme une « arrière-cour ». Le XIXe siècle sera marqué par une succession d'interventions militaires auxquels peu d'Etats caraïbes ou centraméricains échapperont. Dès 1947, en pleine guerre froide, toutes les armées du continent sont placées sous la tutelle de Washington à travers le Traité interaméricain d'assistance réciproque (TIAR). Tout Etat sera défendu par tous les autres s'il est attaqué par une puissance extracontinentale. La conférence de Bogotá définit un an plus tard les lignes générales des futures relations interaméricaines. La charte de l'Organisation des Etats américains (OEA) en constitue l'essentiel. Programme d'assistance militaire, rôle accru de la CIA dans l'encadrement et l'entraînement de troupes mercenaires, envoi de conseillers militaires étatsuniens pour lutter contre les guérillas, formations des états-majors à l'école des Amériques signent la prééminence des États-Unis en Amérique latine. Toute tentative révolutionnaire, toute velléité de réforme voire tout mouvement social relèvent désormais de l'« expansion communiste » et sont imputés à Moscou. Donc vigoureusement combattus sous l'égide de la Doctrine de sécurité nationale. Sous l'administration du président John F. Kennedy, et pour contrer l'expansion des mouvements révolutionnaires qu'ont inspiré l'exemple de Cuba, une politique de réformes sociales et de développement économique a été entreprise, politique demeurée dans l'Histoire sous le nom d'« Alliance pour le progrès ». Au-delà de la rhétorique, développement équitable et justice sociale ne suivront pas.
         
        Les dictateurs aux service des Etats-Unis
         
        Viendra ensuite le temps des dictatures, toutes soutenues, ouvertement ou en sous-main, par les Etats-Unis (Brésil, Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay, Bolivie, etc.). En cassant les oppositions, en affaiblissant le mouvement social, ces régimes militaires jettent les bases théoriques et pratiques des politiques néolibérales qui prendront toute leur ampleur dans les années 90. Seule la présidence de M. James Carter marquera un infléchissement à la fin des années 70. La chute de MM. Ferdinand Marcos (Philippines) et Anastasio Somoza (Nicaragua) font prendre conscience à Washington des dangers qu'il y a à soutenir des dictatures. Les aides américaines sont réorientées vers les régimes démocratiques et l'accent est mis sur le respect des droits humains. Mais Washington renoue avec ses vieux démons. Anticommuniste furibond, M. Ronald Reagan estime la « Sécurité nationale des Etats-Unis » menacée par la jeune révolution sandiniste et les oppositions armées qui tentent d'en finir avec la dictature au Salvador et au Guatemala. Au Nicaragua, il soutient, finance et arme les contras (contre-révolutionnaires). Il renoue avec ses anciens alliés, comme le Chili de Pinochet. Il envahit le micro-Etat de La Grenade (1984). Son successeur, M. George Bush, en fera autant au Panama en 1989 (4000 morts), au prétexte d'arrêter le général Manuel Noriega pour ses liens avec le narcotrafic (il est aussi agent de... la CIA). La guerre des Malouines (1982) a certes provoqué un net refroidissement des relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine. Le soutien américain à la Grande-Bretagne contre l'Argentine, a remis en cause le Traité d'assistance réciproque. Mais, ralliés à la politique néolibérale imposée par l'« Empire » aidé de ses fidèles supplétifs, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) - le « consensus de Washington » -, les dirigeants latinos oublient vite cette trahison des grands principes continentaux. L'ennemi communiste ayant disparu, la lutte contre le narcotrafic permet aux Etats-Unis de reprendre une politique ouverte d'ingérence et, jouant comme toujours avec le feu, de remilitariser la région.
        <bài viết được chỉnh sửa lúc 02.09.2007 17:36:34 bởi marcel >
        #4
          marcel 02.09.2007 17:41:21 (permalink)
          Les “bijoux de famille” du Ministère - 1 -
          (Le Monde)
           
          Des archives, “les bijoux de famille”, ont été rendues publiques il y a quelques semaines par la célèbre agence. Vingt ans d’histoire d’activités illégales et de coups tordus. Ce n’est pas de la fiction...
           
          « Je peux déclarer, et sous serment si nécessaire, que la CIA na jamais effectué d’assassinat politique ni n’a jamais provoqué ou suggéré que de tels assassinats aient lieu. Peut-être suis-je trop sensible, mais j’ose espérer que vous porterez cela à la connaissance de vos lecteurs. »

          Cette affirmation se trouve dans une lettre adressée le 29 janvier 1972 à Lloyd Sherar, directeur du magazine de Los Angeles Parade, par William Colby, alors Directeur exécutif et chef des opérations de la CIA. Il avait été précédemment, pour le compte de la CIA l’organisateur de l’opération Phénix, un gigantesque programme terroriste d’assassinats politiques de civils vietnamiens soupçonnés d’être des “communistes”, qui coûta la vie à au moins quarante mille personnes. La lettre de Colby, ses différents brouillons et l’échange de correspondances avec le directeur de Parade, dont un journaliste avait osé écrire que la CIA « a utilisé l’assassinat politique comme une arme » constituent les derniers documents dune série officiellement appelée « les bijoux de famille » de la CIA. Ces fiches ont été rendues publiques le 26 juin dernier par l’actuel directeur de la CIA, Michael V. Hayden, quinze ans après la demande déposée au nom de la loi sur la liberté d’information par le centre de recherches indépendant, “National Security Archive”.



          Les révélations de “gorge profonde”


          Les “bijoux de famille” rassemblent, selon ses initiateurs, des notes de synthèse toutes marquées du tampon “secret-regard uniquement” « des récapitulatifs d’actions menées par le passé » (de mars 1959 à mai 1973 - NDLR) qui « entrent en conflit avec les dispositions de la loi sur la sécurité nationale de 1947 » et « gardent un potentiel d’affolement actif », si elles étaient rendues publiques, affirme une note datée du 16 mai 1973 du directeur de la sécurité de l’agence Howard J. Osborne. Il s’agissait par conséquent de maintenir au fond du placard des secrets totalement impubliables. On était alors en pleine crise de destitution du président Richard Nixon, pris la main dans le sac après l’arrestation, le 17 juin 1972 de cinq “plombiers”, des agents de la CIA qu’il avait envoyés cambrioler le siège du Parti démocrate dans l’immeuble du Watergate, à Washington.

          Révélations après révélations dans la presse, avec de mystérieuses sources comme ce fantôme surnommé “Gorge profonde”, le délire policier et la paranoïa de surveillance planétaire d’un régime englué dans la guerre du Vietnam furent l’objet de commissions d’enquêtes du Congrès américain, contraint d’agir face à une opinion par les révélations quotidiennes d’horreurs commises en son nom par le pouvoir. L’histoire des actions des services et polices secrets est, par définition, celle de l’illégalité et du crime, commis au nom de la raison d’État. On a pour habitude de stigmatiser les régimes autoritaires, précisément du fait de l’omniprésence dans le système de gouvernement des polices secrètes et autres escadrons de la mort. Mais lorsqu’il s’agit de régimes prétendant, au nom de démocratie, tuer, torturer, violer, renverser des gouvernements démocratiquement élus, le scandale est d’autant plus révoltant.



          Une agence née de la guerre froide


          Les États-Unis, fondés sur le principe du moins de gouvernement possible, n’avaient pas de services de renseigne- ment central jusqu’en 1947, année au cours de laquelle fut votée la loi sur la sécurité nationale (National Security Act), créant tout à la fois un secrétariat (ministère) à la Défense, un état-major inter- armes et l’Agence centrale de renseignement - CIA. Ce service n’avait, selon la loi, que le droit de “regrouper et dévaluer” le renseignement. Il lui était, intrinsèquement, interdit d’espionner les citoyens américains. Les législateurs états-uniens étaient en effet très réticents. David Wise (1) cite l’interpellation du secrétaire à la Marine, James Forrestal par Clarence J. Brown, un élu républicain de l’Ohio en août 1947 : « Jusqu’où iront l’autorité et les compétences de cette CIA ? Il s’agit d’une véritable rupture avec ce que nous avons fait dans le passé aux États-Unis. Je souhaite certes un service de renseignement militaire à l’étranger le meilleur possible, mais je ne suis pas intéressé à la création, ici aux États-Unis, de quelque agence que ce soit, sous quelque président que ce soit, (...) et tout simplement autoriser [ce dernier] à avoir une Gestapo à lui, s’il a envie d’en avoir une. »

          Le texte législatif - toujours en vigueur - précise que l’agence de renseignement « n’aura ni pouvoir de police et d’inculpation judiciaire, ni fonction de sécurité intérieure ». Mais une clause passée inaperçue à l’époque, a ouvert la voie à la légitimation de toutes les exactions : la CIA pouvait être appelée à fournir aux institutions de renseignement et d’investigation déjà existantes, telles le FBI (Bureau fédéral d’investigation) par exemple, « des services supplémentaires d’intérêt commun ». Pire, elle avait été habilitée à protéger « les méthodes et sources de renseignement de toute divulgation non autorisée ». En fait, l’implication intérieure de la CIA en a fait dès les premières années une véritable police politique secrète incontrôlable, selon le principe du « pas vu, pas pris ». Écoutes téléphoniques, ouverture de courrier, interrogatoires clandestins, menaces en tous genres, chantages et effraction de domiciles de citoyens « suspects d’activités antigouvernementales », étaient dès les années 1950 devenus lune des activités centrales de l’agence, toujours sous l’autorité directe des présidents successifs des États-Unis.

          Rivale du FBI, la CIA se retrouvait aux côtés de la police d’État avec une même obsession : l’anticommunisme et la chasse à tout ce qui pourrait paraître subversif, comme par exemple le syndicalisme - déjà souvent noyauté par un assemblage nauséabond de mafieux, d’agents doubles ou triples et de dirigeants corrompus comme par exemple Jimmy Hoffa le patron du syndicat des camionneurs - ou encore, à partir des années 1960, la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains et celle contre la guerre du Vietnam.

          Les “bijoux de famille”, ce sont plus de 700 photocopies numérotées et souvent presque illisibles - au moins une centaine ne sont que des pages blanches ou occultées - d’un vrac composé de notes diverses sans ordre apparent, de bordereaux d’envoi, de pièces sans queue ni tête comme celles portant sur un obscur différend financier - environ 15.000 dollars - avec le FBI, ou encore sur le nombre de timbres à payer pour l’envoi de lettres du président Johnson.



          L’État, tortionnaire et terroriste légal


          Ce sont des documents fastidieux à lire, tant leur style est cimenté dans la langue de bois bureaucratique. Mais un travail de décryptage et de recoupement, notamment avec les révélations des commissions d’enquête parlementaires du début des années soixante-dix - constituées après la révélation du Watergate - permet de cerner le caractère véritablement criminel de l’agence de renseignements. Et c’est dans ce sens que les “bijoux” sont en réalité des déchets ultimes à partir desquels on peut reconstituer une histoire de l’infamie. Aujourd’hui, sous la férule de l’oligarchie au pouvoir à Washington, l’État est devenu légalement policier, tortionnaire et terroriste, avec son Patriot Act liberticide, ses prisons secrètes de la CIA et sa prétendue « guerre durable contre le terrorisme ». Et pourtant aucune commission parlementaire d’enquête na été réclamée à ce jour. C’est la raison pour laquelle, les “bijoux de famille” nous rappellent aussi le courageux combat, dans les années soixante-dix, de citoyens et d’élus états-uniens contre l’arbitraire. Michel Muller (1) Voir “The American Police State - The government against the people”, de David Wise, First Vintage Books Edition, February 1978. Sans doute l’ouvrage le plus complet sur les turpitudes de la CIA et du pouvoir états-uniens de 1947 à 1976.

          La CIA lave plus blanc

          Les barbouzes battent leur coulpe ? En publiant, il y a peu, plus de 700 pages de documents secrets, la CIA laverait son passé trouble plus blanc que blanc. Cet épais pavé de notes internes et de pièces diverses, baptisé les “bijoux de famille”, provient pour l’essentiel d’un dossier commandé en 1973 par James Schlesinger, alors directeur de l’agence, soucieux de donner des gages de transparence sur deux décennies de plomb, période close avec l’implication de la CIA dans l’affaire du Watergate et la démission du président Nixon. Le “boss” des espions avait quelque raison de penser que bon nombre d’opérations secrètes violaient allégrement la charte de la CIA, chargée en principe de collecter, de centraliser des renseignements et de mener des opérations clandestines à l’étranger, et non sur le sol américain.

          L’actuel directeur de l’agence, Michael Hayden, a fait sienne cette volonté d’entreprendre le ménage. Il a justifié le tri des archives par le fait d’éviter qu’une accumulation de cachotteries ne pousse finalement la désinformation « à remplir le vide comme un gaz ». Il a aussi reconnu dans une formule touchante que « l’agence avait fait des choses qu’elle n’aurait jamais dû faire ». C’est le moins que l’on puisse dire. Ce que révèlent les documents, ce sont des tentatives d’assassinat de chefs d’État et de leaders politiques, répétées et avortées s’agissant de Fidel Castro qui est sans doute l’un des rares à avoir su déjouer tous les complots fomentés contre lui, des surveillances illégales de citoyens, des emprisonnements abusifs, des expérimentations comportementales ou thérapeutiques sur des cobayes humains, à leur insu.
          Cependant en séparant le bon grain du présent de l’ivraie du passé, il y a peu de chance que les “squelettes” sortent des placards. Au-delà de la simple lecture il se dégage aujourd’hui une sorte d’accablement si l’on mesure le haut niveau de l’ingérence des États-Unis par des opérations dites “couvertes” à travers le monde. Depuis sa création en 1947 au début de la guerre froide jusqu’au milieu des années soixante-dix, aucun contrôle parlementaire n’était exercé sur l’agence de Langley (ni d’ailleurs sur les autres services de renseignements américains). Depuis les années soixante-dix avec la crise engendrée par la défaite au Vietnam et le scandale du Watergate, deux commissions du Congrès sont chargées de surveiller ses activités. Malgré les restrictions imposées à l’initiative de l’exécutif, elles ont été régulièrement foulées au pied par “l’ordre spécial” dont est détenteur le président des USA.

          La mission de la CIA couvre un large spectre et la liste des interventions criminelles est inépuisable. Rappelons tout de même le soutien au coup d’État au Chili en 1973, l’affaire de l’Iran Gate touchant l’Iran et le Nicaragua, la lutte contre l’URSS en Afghanistan dans les années quatre-vingt alliée aux services secrets pakistanais et saoudiens pour former des moudjahidin, Ben Laden entre autres, le coup de pouce à Saddam Hussein, etc. Toutes renvoient à cette “répugnante philosophie” d’une action illégale selon la définition célèbre du général Doolittle en 1954, qui jugeait nécessaire de l’appliquer en raison du danger du communisme. La menace actuelle identifiée a pour nom terrorisme. Décriée parce qu’elle n’aurait pas su déjouer les attentats du 11 septembre, la CIA reste l’instrument aux mains de George Bush et des faucons de Washington dont la mission “démocratique” proclamée est la guerre antiterroriste. L’État, légalement, est devenu policier, inquisiteur et liberticide avec son Patriot Act, ses prisons secrètes de la CIA et ses tortures. Pratiques mises au jour, dans un processus de lutte démocratique par tous ceux qui désormais exigent transparence et vérité. Car pour le fonds d’archives, il faudra sans doute encore attendre...

           
          Michel Muller
          <bài viết được chỉnh sửa lúc 02.09.2007 17:48:20 bởi marcel >
          #5
            marcel 07.09.2007 11:57:29 (permalink)
            Les “bijoux de famille” du Ministère - 2 -
            (Le Monde)
             
             
            Des archives, “Les bijoux de famille”, ont été rendues publiques il y a quelques semaines par la célèbre agence. Vingt ans d’histoire d’activités illégales et de coups tordus. Ce n’est pas de la fiction... Voici la seconde partie de ce dossier.

            La cible de la mission : Fidel Castro
             
            En 1960, la CIA contacte un ancien agent du FBI, homme de main du milliardaire Howard Hughes, qui, à son tour, se met en relation avec la mafia pour faire assassiner Fidel...

            La commission d’enquête sénatoriale états-unienne chargée d’analyser « les opérations gouvernementales en relation avec les activités de renseignement », constituée en septembre 1975 et présidée par le Sénateur démocrate de l’Idaho Frank Church, avait rédigé un document de 347 pages portant sur des complots d’assassinat ou de renversement de 8 dirigeants étrangers : pêle-mêle, on y trouve cités Fidel Castro, le héros de l’indépendance du Congo ex-belge Patrice Lumumba, le Président Salvador Allende et le général Schneider du Chili, le premier Président indonésien Sukarno (fondateur du mouvement des non-alignés), mais aussi des personnages devenus encombrants par leurs compromissions avec Washington, le “président” fantoche sud-vietnamien Ngo Dinh Diem, les dictateurs Trujillo de la République dominicaine et “Papa Doc” Duvalier de Haïti.

            Dès le début de 1960, sous la présidence finissante de Dwight Eisenhower, Fidel Castro a été la cible de mauvais coups impulsés avec la complaisance de la Maison-Blanche. La commission Church en a compté 8, à l’aide de poison, de tirs de précision, mais aussi de “trucs” plus farfelus tels de la poudre de thallium destinée à rendre imberbe le dirigeant des « babudos »... ou encore un cigare explosif, une combinaison de plongée et un stylo empoisonnés ou encore un coquillage explosif près de l’endroit où le dirigeant cubain se baignait. Mais l’affaire qui eut pour effet de conduire sans doute à nouer le nœud gordien des liens de la CIA, du FBI, de la mafia et des Kennedy, tranché par l’assassinat, le 22 novembre 1963, de John Kennedy, fut le complot contre Castro dont enfin, la CIA (dans les “bijoux”) reconnaît pour la première fois officiellement la paternité en rendant public un mémorandum daté du 19 novembre 1970. Ce document, adressé au Directeur de la CIA Richard Helms et signé par Howard J. Osborn, Directeur de la sécurité, confirme qu’« en août 1960, M. Richard Bissell a pris contact avec le colonel Sheffield Edwards afin de déterminer si le bureau de la sécurité (dont il est le Directeur - NDLR) avait des éléments qui pourraient participer à une mission sensible nécessitant une action de type gangster. La cible de la mission était Fidel Castro ».

            À cet effet, « on contacta Robert A. Maheu » pour lui demander s’il pouvait organiser « une ouverture auprès de gangsters comme premier pas en vue de l’accomplissement de l’objectif ». Ce que la note ne dit pas, c’est que Maheu est un personnage particulièrement louche : ancien du FBI, il exerçait la fonction de factotum auprès du multimilliardaire agoraphobe et paranoïaque Howard Hughes, ami du patron du FBI John Hoover et, dit-on, financier dans les années 1930 du chef du clan Kennedy, le « pater familias » Joe. Maheu avait, entre autres turpitudes, réalisé en 1957, pour le compte de la CIA, un film porno titré “Happy Days” et mettant en scène un sosie de Sukarno, afin de faire croire aux Indonésiens que leur président était un vulgaire noceur ! Maheu, selon la note de synthèse, contacte « un certain Johnny Roselli », « membre de rang élevé du Syndicat » du crime, qui contrôlait « toutes les machines à crèmes glacées » de la principale avenue de Las Vegas (le Strip), qui devait avoir « sans aucun doute des relations avec les intérêts du jeu à Cuba ». L’homme de main de Hughes devait « dire à Roselli » qu’il avait été récemment engagé par un client qui représentait « plusieurs firmes internationales subissant de lourdes pertes financières à cause des actions de Castro » et qui étaient prêtes à payer « le prix de 150.000 dollars pour un résultat heureux », c’est-à-dire l’assassinat de Fidel. Roselli passe à son tour la main à « Sam et Joe », que Maheu rencontre le 25 septembre 1960. Ce n’est que « plusieurs semaines plus tard », affirme avec une fausse candeur le mémorandum, que Maheu découvre dans le magazine “Challenge” le portrait de ces deux personnes figurant parmi les 10 personnes les plus recherchées des États-Unis sur les listes du FBI. Il s’agissait respectivement de Momo Salvatore Giancana, chef de Cosa Nostra à Chicago et héritier de l’empire d’Al Capone, et de Santos Trafficante, parrain de la branche cubaine de la Mafia (on sait qu’avant le renversement du dictateur Batista, Cuba était essentiellement la maison close des États-Unis et la principale plaque tournante du trafic de drogue vers l’Amérique du Nord).

            La note de la CIA raconte dans les détails comment fut organisée cette tentative d’assassinat qui ne fut cependant jamais totalement mise en œuvre. Toutefois, le passage le plus intéressant du mémorandum consiste en une incidente rédigée comme suit : « Au plus fort du projet, Sam (Giancana - NDLR) a fait part de ses inquiétudes au sujet de son amie Phyllis McGuire, dont il avait appris qu’elle était l’objet de nombreuses attentions de la part de Dan Rowan alors que tous deux étaient sous contrat dans une boîte de nuit de Las Vegas. Sam a demandé à Maheu que l’on place un micro dans l’appartement de Rowan afin de déterminer l’étendue de son intimité avec miss McGuire. Le technicien chargé de la mission a été pris sur le fait, arrêté et conduit au bureau du shérif pour interrogation. Rowan téléphona à Maheu pour l’informer de son arrestation. L’appel eut lieu en présence du personnel du shérif. Subséquemment, le département de la Justice annonça son intention de poursuivre Maheu avec le technicien. Le 7 février 1962, le directeur de la sécurité (de la CIA - NDLR) a mis au courant l’attorney general, Robert Kennedy, des circonstances ayant conduit à l’implication de Maheu. À notre demande, la poursuite était abandonnée ». En fait, selon la commission Church, cette démarche de la CIA n’aurait eu lieu que le 7 mai 1962, alors que le patron du FBI Herbert Hoover avait révélé dès août 1961 à Bob Kennedy que la CIA utilisait Giancana dans une « opération » contre Castro.

            Outre la rivalité avec la CIA, Hoover haïssait les Kennedy et tout particulièrement Bob qui poursuivait de sa vindicte le parrain du syndicat des camionneurs, Jimmy Hoffa, ami et client de chef du FBI. Le 9 février 1962, Hoover informe incidemment Bob Kennedy de « rumeurs » selon lesquelles Giancana avait échappé aux poursuites « à cause des relations intimes » du parrain « avec Frank Sinatra qui, de son côté, affirmait être un ami proche de la famille Kennedy ». Mais le pire devait arriver : le 22 mars 1962, Hoover déjeune avec le Président John F. Kennedy et lui présente un mémoire sur les liens entretenus par Judith Campbell avec les truands Roselli et Giancana, qu’elle avait connus par l’intermédiaire de Frank Sinatra. Par la même occasion, Hoover annonce au président des États-Unis qu’en mettant sur écoutes Mme Campbell, « il était tombé sur des communications téléphoniques avec la Maison-Blanche », autrement dit, avec John Fitzgerald Kennedy, dont Judith Campbell affirma plus tard avoir été l’une des nombreuses maîtresses.

            Ainsi, une tentative d’assassinat de Fidel Castro plutôt désordonnée, orchestrée par la CIA, a provoqué des « dégâts collatéraux » dont a été victime celui qui avait voulu mettre fin à la révolution cubaine en organisant avec une bande de mercenaires une tentative d’invasion de Cuba, qui échoua sur la plage de la baie des Cochons le 17 avril 1961. Bissell était à l’époque Directeur des opérations de la CIA. C’était l’un des concepteurs de la mission d’espionnage à haute altitude de l’ex-URSS avec un avion U2 abattu par les Soviétiques le 1er mai 1960. Il fut plus tard l’artisan de l’invasion de la baie des Cochons. Maheu est, sous le nom de Pete Bondurant, l’un des principaux personnages du roman-vérité de James Ellroy, “American Tabloid”, un ouvrage fascinant et plein de bruit et de fureur sur la période 1958-1963 (Éditions Rivages/noir, 2007).
            #6
              marcel 09.09.2007 02:37:50 (permalink)
              Pendant que le ministère du mensonge vaque a ses propagandes, faisons une visite dans les coulisses de cette belle démocratie.
               
              Submergées par la hausse du taux de leurs crédits immobiliers, des centaines de milliers de familles américaines voient leur logement saisi par les banques, reflétant le drame humain derrière la crise financière. Cette marée de saisies a doublé en juillet et menace jusqu’à 3 millions de personnes, selon un sénateur américain.

              Les procédures de saisie ont ainsi atteint 180.000 environ en juillet, 2 fois plus qu’en juillet 2006, et dépassent la barre du million depuis le début de l’année, soit 60% de plus qu’il y a 1 an, a indiqué mardi le site spécialisé RealtyTrac. Entre janvier et juillet, les procédures de saisie ont concerné environ 1 foyer sur 112 aux Etats-Unis. La moitié des avis de saisie de juillet visait 5 Etats américains : la Californie, la Floride, le Michigan, l’Ohio et la Géorgie.

              En Californie, on recense depuis janvier une procédure de saisie pour 57 foyers. Le Nevada qui, avec le développement effréné de l’agglomération de Las Vegas, a connu un extraordinaire boom immobilier depuis 3 ans, affiche un record d’une procédure pour 33 foyers sur les 7 premiers mois de 2007.

              En juillet, la ville de Détroit affiche le record des saisies urbaines, avec une procédure pour 97 foyers.

              Une étude du Woodstock Institute sur la ville de Chicago montre aussi combien, dans cette ville, la carte des saisies recoupe celle des minorités ethniques.
               
              Une crise nationale jette à la rue près de 3 millions d’Américains

              Le Président de RealtyTrac, James Saccacio, avait pronostiqué en juillet qu’il y aurait plus de 2 millions de procédures de saisie en 2007. Plus pessimiste encore, le Sénateur américain Christopher Dodd a averti mardi qu’« 1 à 3 millions de personnes pourraient perdre leur logement », submergés par l’envolée de leurs mensualités.

              « A cause de certains types de crédits accordés entre 2004 et 2006, les modifications (augmentation des intérêts des prêts - NDLR) peuvent faire passer les mensualités de 400 dollars à plus de 1.500 dollars », a ajouté le sénateur démocrate du Connecticut. « Nous sommes au plus haut niveau des saisies de logements depuis 37 ans. Donc, je demande instamment au gouvernement de faire tout le nécessaire pour que les gens puissent garder leur logement », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à Washington.

              Autres victimes, les employés des sociétés de crédits hypothécaires qui, après avoir recruté à tour de bras, doivent désormais licencier. Selon le site Internet spécialisé "mortgagedaily.com", 84 sociétés de crédits hypothécaires ont fait faillite ou fermé depuis le début de l’année. Depuis le 1er août, 21.000 emplois ont été supprimés dans le secteur lié à la crise des prêts hypothécaires, dont 11.040 depuis vendredi dernier.

              Les crédits adossés sur le prix des logements sont laminés par la chute des prix immobiliers : une vente aux enchères de maisons dans la région de San Diego, samedi, a montré que les meilleures offres étaient inférieures de 67% à leur prix de vente original, généralement datant de 2004 ou 2005.

              Outre dans la finance, la crise immobilière provoque également des réductions de personnel dans les agences immobilières où 1.950 emplois ont été supprimés depuis le début de l’année.

              De leur côté, les sociétés de construction ont annoncé 19.670 suppressions d’emplois depuis le début de l’année, auxquelles il faudrait ajouter les réductions de personnel chez les sous-traitants et les fournisseurs de matériaux.

              Un nouveau type de métier immobilier se développe à grande vitesse aux Etats-Unis autour des biens saisis. Quantité d’agences immobilières vantent ainsi sur Internet leur capacité à acheter des biens en urgence -- pour les propriétaires au bord de la faillite -- ou proposent à la vente de très bonnes affaires : les logements saisis. Triste pays où les requins se repaissent du malheur des autres. Et dire que c’est un modèle pour certains.
              #7
                marcel 06.10.2007 16:35:41 (permalink)
                Voici un article intéressant :
                 
                Ministère du mensonge 

                par PAR JEAN-MICHEL AUBRIET

                La guerre et le mensonge ont toujours fait bon ménage : lorsque la patrie est en danger, la diffusion de fausses nouvelles devient une arme comme une autre. On appelait ça autrefois la « guerre psychologique ». L'inconvénient, bien sûr, est que personne n'est obligé de se laisser abuser. Il y a toujours un petit malin pour tenter de dissiper les faux-semblants de l'information officielle. Les États-Unis, qui ne sont certes pas militairement menacés par l'Irak, mais simplement résolus à asseoir leur domination mondiale aussi brutalement que possible, sont apparemment passés à une étape supérieure de cette entreprise de désinformation : pas de nouvelles du tout.
                 
                Ou alors, puisqu'il faut bien alimenter l'insatiable machine médiatique, en provenance directe des services compétents du Pentagone.

                Le 17 mars, après son ultimatum à Saddam Hussein, George W. Bush a fermement invité les journalistes américains à quitter « immédiatement » l'Irak. Un tiers d'entre eux ont obtempéré sans délai. De nombreux quotidiens, du New York Times à USA Today et au Wall Street Journal, n'ont plus ni correspondant ni envoyé spécial à Bagdad. Et CNN n'y est présente que parce que Fox-TV en a été expulsée, il y a quelques semaines : commercialement, elle ne pouvait laisser passer l'occasion de regagner le terrain perdu sur sa très conservatrice rivale.
                 
                Les autorités américaines invoquent des raisons de sécurité. Elles redoutent, paraît-il, que des journalistes ne soient pris en otages pour servir de « boucliers humains ». Sans doute ce risque n'est-il pas illusoire, mais personne n'a jamais prétendu que le métier de correspondant de guerre était une sinécure ! Du Vietnam aux boucheries de la Seconde Guerre mondiale, combien y ont laissé leur vie ? Même le plus illustre d'entre eux, un certain Ernest Hemingway, ne sortit pas indemne d'un reportage sur le front italien, en 1918.
                 
                La sollicitude de l'administration Bush est touchante. Elle le serait davantage encore si elle avait un rapport moins lointain avec la vérité. Car les journalistes installés au Qatar, à deux pas du Combine Air Operations Center (CAOC), le QG des forces américaines, ne sont pas mieux lotis que leurs collègues restés dans la capitale irakienne : rien, pas une information. Black-out total. Ils croyaient naïvement côtoyer le saint des saints, mais en sont réduits, pour s'informer, à regarder Fox-TV. Doha étant distante de Bagdad de quelque 1 500 km, nos confrères ne semblent pourtant pas directement exposés à la quincaillerie désuète des missiles irakiens !
                 
                Cette volonté d'imposer, par tous les moyens, une prétendue « vérité » officielle est tout sauf surprenante de la part d'un homme, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, qui, après les attentats du 11 septembre 2001, tenta de mettre en place un Bureau de l'influence stratégique (OSI) ouvertement destiné à tromper l'opinion internationale. Une sorte de Lie Department. De « ministère du Mensonge ». Les protestations prirent une ampleur telle qu'il fut tactiquement contraint de faire machine arrière, mais sans, bien entendu, renoncer à son objectif. Celui-là même qu'il poursuit aujourd'hui dans la région du Golfe. 
                #8
                  marcel 29.11.2007 04:12:28 (permalink)
                  Le retour de M. Henry Kissinger


                  Le Monde Diplomatique

                  Dans ses précédents ouvrages, Bob Woodward faisait preuve d’une admiration béate devant le président américain et son équipe (4). M. George W. Bush y était dépeint en leader héroïque, audacieux et visionnaire ; ses lieutenants brillaient par leur professionnalisme. Le dernier volet de la trilogie, qui vient de paraître, révèle au contraire un président falot (quoique convaincu de son infaillibilité), en « état de déni » face au fiasco irakien, et entouré d’une cour aussi incompétente qu’obséquieuse.
                   
                  Le journaliste d’investigation le plus célèbre – mais assurément pas le plus courageux – des Etats-Unis donne l’impression d’enfoncer des portes ouvertes, car les ouvrages consacrés à la folle aventure irakienne ne se comptent déjà plus. L’intérêt de son dernier livre réside ailleurs, dans une révélation inédite : celle du grand retour sur la scène politique de M. Henry Kissinger. Elle éclaire d’un jour nouveau la « diplomatie » américaine.
                   
                  De prime abord, les visites, aussi nombreuses que secrètes, de l’ancien secrétaire d’Etat peuvent surprendre, car la vision « kissingérienne » est en tous points aux antipodes des principes énoncés par l’administration Bush. Lorsque des intellectuels de gauche, tel Christopher Hitchens, se sont ralliés à l’idée d’un changement de régime en Irak, ils pouvaient même s’enorgueillir de prendre le contre-pied de cette « vision ».
                   
                  Le premier mandat de M. Bush avait en effet été imprégné de l’influence des néoconservateurs, dont la doctrine de politique étrangère fut bâtie depuis les années 1970 avec M. Kissinger pour repoussoir : contre la politique de détente avec l’Union soviétique, contre les traités limitant la course aux armements, contre le choix de la « stabilité » aux dépens de la « démocratie ». Par ailleurs, M. Donald Rumsfeld, chef d’état-major de la Maison Blanche du temps du président Gerald Ford, et son adjoint de l’époque Richard Cheney s’étaient livrés à une véritable « guérilla bureaucratique » visant à affaiblir un Kissinger jugé trop puissant.
                   
                  Depuis son départ du pouvoir en janvier 1977, l’ancien secrétaire d’Etat n’avait cessé de tenter de se remettre en selle. Il trouva preneur en la personne du président George W. Bush, orphelin, au début de son second mandat, de la tutelle des néoconservateurs, dont les principaux ténors (tels MM. Paul Wolfowitz et Douglas Feith, respectivement numéros deux et trois du Pentagone) avaient quitté l’administration. M. Bush a donc trouvé une caution intellectuelle de poids pour ses choix de politique irakienne. Ce qui lui a permis d’affirmer, alors même que bien des voix s’élevaient – y compris dans le camp républicain – pour réclamer le retrait des troupes américaines, qu’il maintiendrait le cap « même [s’il] ne possède plus que le soutien de Laura et Barney » (sa femme et son chien).
                   
                  C’est au prix de contorsions idéologiques que M. Kissinger, octogénaire, a retrouvé son rôle de conseiller du prince. Hier réservé au sujet de la guerre d’Irak, celui qui a toujours eu un faible pour les dictateurs affirme désormais que le renversement du régime (pourtant laïque) de M. Saddam Hussein était nécessaire car « la guerre d’Afghanistan avait insuffisamment humilié les islamistes ». Il conseille à M. Bush de ne pas reculer d’un pouce, histoire de ne pas répéter les erreurs du Vietnam. Le manque de détermination du public et du Congrès avait alors, selon lui, mené à la défaite. Toute réduction des troupes en Irak reviendrait à « lancer des cacahuètes salées au public : plus il en mangera, et plus il en redemandera ».

                  Quant à la grande idée de l’administration Bush – répandre la démocratie de par le monde –, qui horrifiait tant M. Kissinger, il la juge désormais excellente, car elle permet de fournir un paravent utile à une campagne militaire qu’il désire longue et impitoyable.

                   
                   
                  Ibrahim Warde
                  <bài viết được chỉnh sửa lúc 29.11.2007 04:14:08 bởi marcel >
                  #9
                    marcel 02.01.2008 22:06:03 (permalink)
                    La torture au bon vouloir de Bush

                    Par Philippe GRANGEREAU
                     
                    La nouvelle loi antiterroriste devrait être promulguée
                    ce week-end par la Maison Blanche.


                    «Des outils pour les professionnels.»
                    C'est l'expression employée par George W. Bush pour saluer l'adoption de la législation antiterroriste votée à la hâte par le Sénat jeudi soir. Le texte avait été voté la veille par la Chambre des représentants, et pourrait être promulgué par la Maison Blanche dès ce week-end.

                    Aucun recours légal.
                    Il légalise une version à peine édulcorée des méthodes employées par les Etats-Unis après les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Elle permet la détention indéfinie de toute personne qualifiée de «combattant ennemi» par l'exécutif, c'est-à-dire le président américain. Cette désignation, inscrite pour la première fois dans un texte de loi, inclut toute personne de nationalité étrangère qui soutient «matériellement et intentionnellement» des «groupes terroristes» avec des armes, de l'argent ou d'autres formes d'aide. Une fois détenues, ces personnes n'auront aucun recours légal normal pour faire appel de la validité de leur détention, même si elles ne sont pas inculpées. Actuellement, 450 suspects terroristes sont enfermés à Guantanamo Bay, et aucun n'a encore été jugé. Pour y pallier, le texte établit des tribunaux d'exception, appelés «commissions militaires», dans lesquels les procureurs militaires auront le droit d'utiliser, dans certaines circonstances, des preuves obtenues sous la contrainte ou par ouï-dire, pour condamner des étrangers. Les suspects terroristes américains, en revanche, continueront de comparaître devant des tribunaux fédéraux, où tous les droits de la défense sont garantis. Le texte interdit aux commissions militaires d'utiliser des témoignages obtenus via des techniques d'interrogatoire comprenant des «traitements ou des châtiments cruels, inhabituels ou inhumains» . Mais il n'est rétroactif qu'au 30 décembre 2005, et les «aveux» obtenus antérieurement peuvent être retenus à charge. Cette clause protège ainsi juridiquement les agents de la CIA qui ont usé de la torture avant cette date, et partant, les responsables qui les ont cautionnés.

                    Infractions.
                    Le texte interdit à l'avenir les «traitements cruels ou inhumains» , définis comme des «tortures» et des techniques infligeant de «sérieuses douleurs physiques ou mentales» . Mais il autorise le Président à interpréter «le sens et l'application» des infractions aux conventions de Genève qualifiées de «moindres» ­ à savoir celles comprises entre la «cruauté» et les «abus mineurs». Bush se voit ainsi conférer le pouvoir de déterminer, dans certaines limites, le degré de mauvais traitements qui pourront être infligés aux suspects terroristes.

                    Tous les sénateurs républicains sauf un ont approuvé cette loi, ainsi que 12 des 44 sénateurs démocrates. Plusieurs de ceux qui ont voté pour, ont exprimé le voeu que la Cour suprême invalide ultérieurement les clauses les plus outrageuses de ce texte qui fait ressembler les Etats-Unis, selon l'expression d'un professeur de droit constitutionnel, Sanford Levinson, à une «République bananière».

                    ...


                    Même à l'époque du MacCartysme, les "supposés communistes" avaient plus de droits que les "supposés terroristes" de monsieur Bush. Même à l'époque de la ségrégation raciale, les noirs avaient plus de droits aussi.  Y a de quoi flipper non ?
                    #10
                      marcel 18.01.2008 00:54:15 (permalink)
                      Les mensonges de la cia

                      Par Jacques Coubard

                      Condoleezza Rice est donc venu jouer en Europe « beaucoup de bruit pour rien ». C’est un flop. Elle n’a fait qu’étendre les inquiétudes et les condamnations de pratiques intolérables, dans une Europe qu’on découvre transformée en territoire mis sous dépendance américaine et où l’on peut, sans avoir de compte à rendre, installer en secret des prisons dans huit pays (selon une enquête du Washington Post), faire transiter des centaines de vols de la CIA, et couronner le tout par un mensonge sur l’absence de tortures dans ces centres de détention.

                      Tout serait permis si le but est d’obtenir un renseignement.

                      Comment les États-Unis ont-ils pu se lancer dans une telle aventure sans en mesurer les conséquences ? La réponse figure noir sur blanc dans le document fondateur de la doctrine des néoconservateurs, le Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC). Leur conception du « leadership américain global » les a conduits, après la conquête de la Maison-Blanche, à considérer que rien ne pouvait s’opposer à leurs aventures de maîtres du monde. Il n’y a plus pour eux de frontières, de limites au pouvoir de la nouvelle superpuissance. Ils ont placé les États-Unis au-dessus des lois internationales, lançant la guerre en Irak au mépris de l’ONU.

                      L’usage de la torture est l’un des avatars barbares du dogme. Elle a fait l’objet d’une attention particulière afin de permettre à George Bush, le commandant en chef, de se prétendre délié de tout engagement international. Cinq jours après le 11 septembre 2001, Dick Cheney demandait à un groupe de juristes du ministère de la Justice de mettre au point un texte légitimant la torture. Il était présenté le 2 août 2002 à George Bush sous la forme d’un mémorandum de 50 pages examinant « les possibles oppositions qui permettraient d’écarter toute déclaration affirmant que certaines méthodes d’interrogations violent le statut » des conventions de Genève. Comment les violer donc ? Selon ces experts, celles-ci ne condamneraient que « les conduites les plus extrêmes ». Le mémo en question qui était destiné à rester dissimulé dans les tiroirs de la Maison-Blanche sera publié en entier sur le site Internet du Wall Street Journal et du Washington Post au printemps 2004. Si la personne qui se livre à un « interrogatoire agressif », c’est le terme repris ces jours-ci par Condoleezza Rice, « ne le fait pas dans le seul but de faire souffrir, mais pour obtenir un renseignement » tout est permis, y est-il écrit. Le président peut donc agir à sa guise sans craindre les réactions de l’opinion. Ce qu’il fit immédiatement, donnant l’ordre au Pentagone et à la CIA de lâcher les bourreaux d’abord à Guantanamo, puis à Abou Ghraïb. Le secret ayant été éventé par les images envoyées par les interrogateurs sûrs de leur impunité, par les témoignages des détenus libérés parce qu’ils n’avaient rien à voir avec al Qaeda (voir ci-contre), et enfin par les fuites surgies des services eux-mêmes, le flagrant délit est établi. Les États-Unis se sont délibérément mis hors la loi internationale.

                      Le ballet sinistre des avions et des bourreaux.

                      On trouve dans cette construction juridique de l’illégalité une des raisons qui ont conduit le « commandant en chef » à externaliser en Europe des centres de la CIA qu’il espérait plus discret pour continuer les « interrogatoires agressifs ». Les prisonniers étaient envoyés en Égypte, en Syrie (pourtant vouée à la condamnation des « États voyous ») où les polices locales se chargeaient du sale boulot. Les avions de la CIA livraient aussi les corps à mutiler en Thaïlande, au Maroc (qui démentent), en Indonésie, en Afghanistan, dans les Émirats arabes unis, en Arabie Saoudite, en Grande-Bretagne. Dana Priest, qui publia ces révélations dans le Washington Post le 2 novembre, indique qu’on lui a demandé de ne pas nommer les pays européens hébergeurs pour ne pas embarrasser leurs gouvernements. Mais, selon Human Rights Watch, il s’agit de la Roumanie et de la Pologne, qui nient officiellement, et sans doute d’un État balte.

                      Ainsi commença le ballet sinistre des avions et des bourreaux. Les « extraordinary renditions », que Condoleezza Rice a justifié en Europe, oubliant que cette pratique est clairement interdite par les conventions de Genève. Les avions de la CIA ont effectué 427 vols en Europe, selon Amnesty International, et plus de 600 en tout, selon Der Spiegel. Selon l’association américaine Human Rights Watch, il restait au moins 26 « prisonniers fantômes » dans les sites noirs, à l’arrivé de la secrétaire d’État en Europe. Ils auraient été envoyés dans le désert d’un pays d’Afrique du Nord, vers d’autres prisons secrètes.

                      L’externalisation demeure la règle. Dès le début, Guantanamo avait été placé hors de la juridiction américaine. Il fallait surtout que le crime soit commis ailleurs, là où les lois des États-Unis sur le sort des prisonniers ne pouvaient formellement s’appliquer, les témoignages publics devant un tribunal américain n’ayant pas manqué de soulever la réprobation. Là encore, le calcul a fini par échouer. Bush et son équipe doivent faire face à un texte proposé par le sénateur républicain John McCain (lire ci-contre) exigeant de la CIA l’abandon de la torture, texte qui a été approuvé par le Congrès. Les manoeuvres du vice-président, Dick Cheney, pour que McCain abandonne ou vide sa proposition de tout effet pratique, se sont heurtées à un mur. Le chantage au veto du président n’a pas fait reculer McCain. Des généraux, dont Colin Powell, lui ont apporté leur appui. Et la polémique s’étend.

                      un empire américain ivre de sa superpuissance.

                      Un centre de formation à la torture se trouve à Fort Bragg, la plus grande base militaire des États-Unis. Il a été la semaine dernière le théâtre d’une manifestation symbolique de pacifistes pour demander sa fermeture. Ce genre d’enseignement aux traitements barbares des prisonniers ne date pas des lendemains du 11 septembre 2001. Dès la guerre de Corée dans les années cinquante une formation spéciale fut programmée. Elle continua durant la guerre d’Indochine et les guerres menées en Amérique latine, au Guatemala, au Honduras, au Salvador, au Chili, en Argentine, et fut codifiée dans un manuel établi en 1967, révélé dans le New York Times, le 21 septembre 1996, sous le titre le Manuel de l’horreur.

                      Il demeure un instrument au service d’un empire américain ivre de sa superpuissance, qui ne connaît plus que la loi de jungle au nom de « la promotion de la liberté et de la démocratie » au-delà de ses frontières, selon les dogmes du Projet pour un nouveau siècle américain. C’est la mission civilisatrice de la droite américaine dans un monde dont elle prétend assurer le leadership, à la « satisfaction » des ministres européens du Pacte Atlantique réunis pour lui demander des explications sur tant de mensonges. Complices de la barbarie.

                      #11
                        marcel 30.01.2008 01:09:03 (permalink)
                        Libération, 19 Septembre 2006
                         
                         
                         
                         
                         
                        #12
                          marcel 30.01.2008 14:45:42 (permalink)
                          "Cinq ans après l'invasion américaine de l'Irak, une étude complète des archives montre que les déclarations ont fait partie d'une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé l'opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de prétextes résolument faux", estiment les auteurs de l'étude.

                          Des liens avec Al-Qaïda et l'existence d'un arsenal d'armes de destruction massive en Irak, qui se sont révélées introuvables, ont été mis en avant pour justifier l'intervention américaine. Plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, avaient alors émis de sérieux doutes sur l'existence d'un tel arsenal.
                          L'administration Bush a reconnu en 2005 que ces armes n'existaient pas en mettant fin au travail de l'"Irak survey group", composé d'inspecteurs américains en Irak, mais a souvent justifié sa décision en disant s'être appuyée sur les informations des services de renseignement américains.

                          Or, la compilation et l'analyse effectuées par les deux organisations montrent que l'administration Bush a parfois ignoré ou déformé les éléments fournis par ces agences.

                          L'étude cite un discours de Dick Cheney, affirmant en août 2002: il "n'y a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive". Mais les auteurs soulignent que "selon le directeur de la CIA d'alors, George Tenet, ces affirmations allaient largement au delà des évaluations de l'agence". Ils citent même un responsable de la CIA qui avait confié au journaliste Ron Suskind: "Où est-il allé chercher ça?"

                          En septembre 2002, le président Bush assure que "le régime irakien possède des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus, (...) cherche à avoir la bombe nucléaire et avec des matériaux fissiles pourrait en fabriquer une en un an".

                          L'étude souligne que ces affirmations ont été reprises dans un rapport des agences de renseignement américaines (NIE) quelques jours plus tard alors qu'"aucune analyse n'avait été faite à ce sujet depuis des années car la communauté du renseignement ne l'avait pas estimée nécessaire et la Maison Blanche pas demandée".

                          Les auteurs regrettent qu'il n'y ait pas eu "d'enquête du Congrès sur ce qui s'était passé à la Maison Blanche" dans les mois précédant mars 2003 et épinglent les médias qui, malgré "quelques mea culpa", ont contribué à "valider" les fausses déclarations de l'administration Bush.

                          o O o
                           
                           
                          AUCUN COURAGE
                           
                          Des enfants restent debout,
                          Bras tendus vers le ciel,
                          Les larmes sèchent sur leur visage.
                          Il est venu là.
                          Leurs frères dans les fosses communes,
                          Leurs pères disparus sans laisser de traces.
                          Le déshonneur d'une nation aveugle,
                          Depuis qu'il est venu là.
                           
                          Et je ne vois aucun courage,
                          Plus aucun courage dans vos yeux.
                          Seulement tristesse.

                          Les maisons brûlent plus qu'elles ne sont réparées.
                          L'odeur de la mort est dans l'air.
                          Une femme pleurant de désespoir dit :
                          Il est venu là.
                          Des fusées illuminent le ciel.
                          Au tour d'une autre famille de mourir.
                          Un enfant effrayé même de pleurer dit :
                          Il est venu là.

                          Et je ne vois aucun courage,
                          Plus aucun courage dans vos yeux.
                          Seulement tristesse.

                          Des enfants restent debout,
                          Bras tendus vers le ciel,
                          Mais personne ne demande pourquoi
                          Il est venu là.
                          Les vieux s'agenouillent face à leur destin.
                          Les femmes poignardées, les filles violées.
                          Une génération trempée par sa haine.
                          Oui, il est venu là.

                          Et je ne vois aucun courage,
                          Plus aucun courage dans vos yeux.
                          Seulement tristesse.
                          <bài viết được chỉnh sửa lúc 01.02.2008 14:29:17 bởi marcel >
                          #13
                            marcel 02.02.2008 21:24:08 (permalink)
                            Les mensonges annoncés du Pentagone
                             
                            Philippe Bolopion
                            RFI

                            Dans un effort pour rallier l’opinion internationale à sa guerre contre le terrorisme, le Pentagone étudie des stratégies visant à fournir de fausses informations à la presse étrangère, parfois par le biais d’e-mails truqués. Cette campagne de propagande serait gérée par un «Bureau d’influence stratégique» dont les critiques estiment qu’il menace la crédibilité du gouvernement américain.

                            Voilà un bien piteux départ, pour un organisme censé manipuler les médias dans le plus grand secret. Le New York Times, rapidement suivi par d’autres, a révélé que le Pentagone étudiait sérieusement de rallier à sa cause l’opinion internationale par le biais d’un «Bureau d’influence stratégique» servant d’organe de propagande aux méthodes pour le moins contestables. Dans les projets classés secret-défense qui ont circulé, il est proposé d’utiliser les médias étrangers, dans des pays amis ou ennemis (au Moyen-Orient, en Asie et en Europe), en leur fournissant au besoin de fausses informations de manière à influencer leur ligne éditoriale. L’une des idées est d’envoyer des e-mails provenant de sources bidons à des journalistes, des relais d’opinion ou des leaders étrangers, pour faire avancer les vues de l’armée américaine ou s’attaquer à des pays hostiles.

                            Avec un certain sens de la mise en scène, ces méthodes sont classées «noires» d’un côté, pour tout ce qui est désinformation, et «blanches» de l’autre pour les informations vraies, la communication. «Cela va du plus noir des programmes noirs au plus blanc des programmes blancs» a déclaré au New York Times un officiel du Pentagone. Tout un programme. Pour soutenir le travail du nouveau bureau, le Pentagone loue les services d’une firme de consultants, le Rendon Group, connu pour avoir travaillé à la solde de la CIA et avoir mené des campagnes de propagande dans les pays arabes, notamment au profit de l’opposition irakienne. Le bureau travaillera en lien avec le commandement des opérations psychologiques, qui a notamment déversé des dizaines de milliers de tracts en Afghanistan.

                            Info ou intox ?

                            Au sein même du Pentagone, le projet est source de polémique. «Nous ne devrions pas nous occuper de ça. Laissons les fuites et la propagande à la CIA et aux barbouzes», a déclaré à l’agence Reuters, sous couvert d’anonymat, un responsable du département de la défense. Dans un éditorial, le New York Times estime qu’un «tel programme saperait plus qu’il ne renforcerait les efforts plus larges du gouvernement pour édifier un soutien international», ajoutant qu’un «mélange aussi confus du vrai et du faux ne peut que miner la crédibilité de toutes les informations qui sortent du Pentagone et d’autres parties du gouvernement.»

                            Ces projets de propagande n’ont pas encore reçu l’accord final de l’administration Bush ni du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld qui a demandé à son équipe de juristes de les passer en revue. La CIA les utilise depuis longtemps à l’étranger, mais la loi américaine interdit au Pentagone ou à la CIA de mener des campagnes de désinformation à l’intérieur. Or, à imaginer que le Pentagone mente pour obtenir que des agences de presse comme Reuters ou l’AFP publient de fausses informations, il y a de fortes chances pour que ces fausses informations soient reprises dans les médias américains.

                            Si le plan n’est pas encore avalisé, le «Bureau d’influence stratégique» existe déjà. Il a été créé peu après les attentats du 11 septembre. De petite taille mais généreusement financé, il est dirigé par un général de l’US Air Force et doit contribuer à regagner le soutien de l’opinion mondiale, et surtout des pays musulmans, dans la guerre contre le terrorisme. Il s’agit de répondre à la propagande redoutablement efficace d’Oussama Ben Laden. Le gouvernement a également mis en place des «centres d’information», ouverts 24 heures sur 24 et modelés sur les «war rooms», ces centres nerveux de la communication de crise des candidats aux élections américaines. Il doit aussi contrer les mensonges de l’ennemi, comme les informations de Al Qaïda sur le nombre de victimes civiles ou l’aide alimentaire américaine prétendument empoisonnée.

                            Après les fuites dans la presse sur ces projets, le département de la défense a contre-attaqué en répandant le message selon lequel le Pentagone ne mentirait pas au public, seulement à l’ennemi, pour donner sur le terrain un avantage stratégique aux Américains. «Les officiels du gouvernement, le département de la défense, moi-même et les personnes qui travaillent avec moi disons la vérité aux Américains et aux gens du monde entier» a déclaré Donald Rumsfeld dans une formule digne d’un tract de propagande d’une autre époque. «Le Pentagone n’use pas de la désinformation auprès de la presse étrangère », a-t-il ajouté avant de comparer ce qu’il entend faire avec les subterfuges utilisé par l’armée américaine pour tromper l’ennemi lors du débarquement américain en Normandie. Voilà quelques mois, Donald Rumsfeld avait solennellement promis aux journalistes, en pleine conférence de presse, de ne jamais leur mentir. «Je ne me souviens pas avoir jamais menti à la presse, avait-il affirmé, je n’ai pas l’intention de le faire.» Mentait-il ?
                            #14
                              marcel 22.02.2008 21:49:41 (permalink)
                              "Il y a deux histoires : l'Histoire officielle, mensongère,
                              qui nous est enseignée, et l'Histoire secrète
                              où se trouvent les vraies causes des évènements :
                              une Histoire honteuse.
                              "
                              Honoré de Balzac
                               
                               
                              Les vingt mensonges de George W. Bush
                              par Patrick Martin

                              Le discours de quinze minutes du 17 mars présenté par le Président Bush, qui donnait 48 heures à l'Irak avant de déclencher une guerre, dépassait les exagérations, les demi-vérités et les appels à la peur et aux émotions primitives auxquels on est habitué, incorporant un nombre remarquable de mensonges évidents et faciles à démonter.
                              L'échelle énorme des mensonges suggère deux conclusions politiques : l'administration Bush va en guerre contre l'Irak avec un dédain total pour la démocratie et l'opinion publique et sa propagande de guerre dépend largement du soutien des médias américains, qui ne se contentent pas de ne pas exposer les mensonges, mais les répètent et les renforcent constamment.
                               
                              Sans essayer de faire une liste concrète, on peut énumérer certains des mensonges les plus importants et les contraster avec les réalités généralement reconnues. Tous les mensonges ci-dessous proviennent directement de la traduction française du texte du discours de Bush publié sur Internet par le gouvernement américain.
                               
                              Mensonge 1 : «Mes chers concitoyens, nous voici arrivés aux tout derniers jours de décision concernant les événements d'Irak».
                              On a pris la décision d'attaquer l'Irak il y a longtemps ; depuis on essaie de créer le climat politique nécessaire pour permettre le déploiement des troupes américaines. Selon la presse, notamment le Baltimore Sun du 16 mars, à une des premières réunions du Conseil de sécurité Nationale de sa présidence, plusieurs mois avant les attentats terroristes contre le World Trade Center et le Pentagone, Bush a exprimé sa détermination de renverser Saddam Hussein et sa volonté d'insérer des troupes américaines en Irak. Pour ce faire, il fallait simplement trouver le bon prétexte ­ celui du 11 septembre, 2001.
                               
                              Mensonge 2 : «Pendant plus de dix ans, les Etats-Unis et d'autres pays ont fait des efforts patients et honorables pour désarmer le régime irakien en évitant la guerre».
                              Le régime onusien de sanctions contre l'Irak, dirigé par les Etats-Unis, avec les zones interdites aux avions irakiens et les inspections provocatrices, était un état d'oppression brutale. Les pénuries sciemment orchestrées de nourriture, médicaments et d'autres besoins essentiels ont provoqué la mort de plus d'un million d'Irakiens, dont la moitié étaient des enfants. Deux fonctionnaires de l'ONU qui dirigeaient le programme pétrole-pour-nourriture ont démissionné pour protester contre les conditions que créaient les sanctions en Irak. La CIA a utilisé les inspections pour infiltrer des agents dans UNSCOM, le premier programme d'inspections. Le but de la CIA était d'espionner les dirigeants irakiens et de tenter d'assassiner Saddam Hussein.
                               
                              Mensonge 3 : «Le régime irakien s'est servi de la diplomatie comme d'un stratagème pour gagner du temps et des avantages. Il a uniformément défié les résolutions du Conseil de sécurité exigeant le désarmement complet».
                              L'Irak n'a jamais «défié» une résolution du Conseil de sécurité depuis la fin de la guerre du Golfe de 1991. Il a généralement coopéré avec les instructions de l'ONU, souvent avec des protestations ou des réserves, parce que beaucoup des résolutions violaient largement la souveraineté irakienne. De 1991 à 1998 les inspecteurs onusiens ont assuré la destruction de la vaste majorité des armes chimiques et biologiques et des moyens de les déployer. L'Irak les avait accumulés (avec l'aide des Etats-Unis) pendant la guerre avec l'Iran et a aussi détruit tout le matériel permettant de fabriquer de nouvelles armes.
                               
                              Mensonge 4 : «Les efforts pacifiques visant à désarmer le régime irakien ont tous échoué les uns après les autres, parce que nous n'avions pas affaire à des hommes pacifiques».
                              Selon le Washington Post du 16 mars, parlant des inspections de 1991-1998,»Sous les instructions de l'ONU, l'Irak a détruit 817 des 819 missiles à portée moyenne proscrits, 14 lance-missiles, 9 remorques et 56 sites fixes lanceurs de missiles. Il a aussi détruit 73 de 75 ogives chimiques ou biologiques et 163 ogives conventionnelles. Les inspecteurs onusiens ont aussi observé la destruction de 88.000 armes chimiques vides et non-vides, de plus de 600 tonnes d'agents chimiques en gros et à l'état d'armement, de 600 tonnes d'ingrédients chimiques et de 980 pièces considérées comme essentielles pour produire de telles armes».
                               
                              Mensonge 5 : «le régime irakien continuer de posséder et de dissimuler certaines des armes les plus mortelles qui aient jamais été mises au point».
                              L'article du Washington Post cité ci-dessus remarquait que les membres de la CIA se demandent «si les fonctionnaires de l'administration ont exagéré les renseignements en désirant convaincre le peuple américain et les gouvernements étrangers que l'Irak viole les prohibitions onusiennes contre les armes chimiques, biologiques, ou nucléaires et les systèmes de missile à longue portée». L'article a cité un «analyste de renseignement expérimenté» qui prétendait que les inspecteurs ne trouvaient pas d'armes cachées «parce qu'il n'y a pas grandchose comme stock».
                              L'ancien ministre des Affaires étrangères britannique Robin Cook, qui a quitté le gouvernement Blair lundi pour protester contre la décision de partir en guerre sans l'autorisation de l'ONU, a déclaré : «L'Irak n'a probablement pas d'armes de destruction massive dans le sens normal du terme». Même si l'Irak cache des restes de son arsenal des années 1980, ceux-ci ne mériteraient aucunement la description terrifiante de Bush ­ elles sont primitives et relativement inefficaces. «Certaines des armes les plus mortelles qui aient jamais été mises au point» sont celles déployées par les Etats-Unis contre l'Irak : des missiles de croisière, des bombes guidées, des bombes barithermique, la bombe «daisy-cutter» [littéralement, faucheuse de marguerites] de 5.000 kg, la bombe MOAB à effet de souffle de 10.000 kg récemment testé en Floride. En plus, les Etats-Unis ont explicitement refusé de dire qu'ils n'utiliseraient pas des armes nucléaires.
                               
                              Mensonge 6 : «L'Irak a aussi aidé, formé et abrité des terroristes, y compris des agents d'al-Qaïda».
                              Personne, même dans le gouvernement américain, ne croit sérieusement qu'il y a un lien important entre les intégristes islamiques et le régime laïc nationaliste baasiste d'Irak, qui sont des ennemis mortels depuis des décennies. L'affirmation continue d'une entente al-Qaïda-Irak est une tentative désespérée de lier Saddam Hussein aux attentats du 11 septembre.
                              Cela a aussi l'avantage de cacher la responsabilité de l'impérialisme américain dans la montée du terrorisme intégriste islamique. Les forces d'al-Qaïda ont été largement recrutées, entraînées, armées et déployées par la CIA elle-même, comme partie d'une politique à long terme d'utiliser les intégristes islamiques comme une arme contre les mouvements de gauche dans les pays islamiques. Cette politique a commencé dans les années 1950 ; elle fut particulièrement prononcée avant et pendant l'intervention soviétique en Afghanistan qui a fini en 1989. Oussama ben Laden lui-même faisait partie de forces moudjahidines soutenues par la CIA avant de se retourner contre Washington dans les années 1990.
                               
                              Mensonge 7 : «L'Amérique a essayé de travailler avec les Nations unies afin de parer à cette menace parce que nous voulions résoudre le problème de façon pacifique».
                              L'administration Bush est allée à l'ONU parce qu'elle voulait un blanc-seing onusien pour ses actions militaires et elle voulait que les états membres finance les opérations d'après-guerre, comme lors de la guerre du Golfe de 1991. Les faucons les plus décidés, comme le secrétaire à la Défense Rumsfeld et le vice-président Cheney, ont commencé par s'opposer à l'idée d'aller à l'ONU car ils ne voulaient pas que la diplomatie ralentisse les préparatifs militaires. Ils ont seulement été d'accord après que le secrétaire d'Etat Colin Powell ait affirmé que les préparatifs militaires américains laissaient le temps d'aller à l'ONU pour y obtenir son approbation.
                               
                              Mensonge 8 : «Ces Etats [la majorité au Conseil de sécurité] évaluent comme nous le danger existant, mais n'ont pas notre résolution à y faire face».
                              Ceci contredit presque tous les communiqués sur l'Irak des gouvernements de la France, de la Russie, de la Chine, de l'Allemagne et des autres pays opposés aux actions militaires, qui ont maintes fois répété qu'ils ne voient pas de menace imminente irakienne. Bush traite l'opposition au Conseil de sécurité de poltrons, comme s'ils craignaient d'agir contre Saddam Hussein. Ces pays étaient pourtant bien de plus en plus inquiets, mais devant les Etats-Unis, pas l'Irak. S'ils ont résolu de faire face à quelque chose, à la grande surprise de l'administration Bush, c'était de refuser le soutien de l'ONU pour une guerre que Washington avait déjà décidé de mener.
                               
                              Mensonge 9 : «De nombreux pays ont toutefois la détermination et le courage d'agir contre cette menace qui pèse sur la paix et une large coalition se forme maintenant pour faire respecter les exigences justes de la communauté internationale».
                              Trois nations seulement contribuent des forces militaires à la guerre : 250.000 des Etats-Unis, 40.000 de la Grande-Bretagne et 2.000 de l'Australie. Les autres membres de la «large coalition» sont ceux qui, grâce à des menaces ou à des pots-de-vin, permettent aux Etats-Unis de survoler leurs territoires pour bombarder l'Irak, de stationner des troupes, des navires ou des avions sur leurs territoires ou de fournir une aide technique ou une aide matérielle à la guerre. Aucun de ces pays ne combattra. Tous agissent contre la volonté exprimée par leurs peuples.
                               
                              Mensonge 10 : «Le Conseil de sécurité ne s'est pas montré à la hauteur de ses responsabilités ; nous assumerons donc les nôtres.»
                              Bush définit la responsabilité de l'ONU comme étant d'approuver toutes les actions du gouvernement américain. Par rapport à l'ONU, cependant, les Etats-Unis ont certaines responsabilités bien définies, y compris de ne pas faire la guerre sans l'autorisation du Conseil de sécurité, sauf en cas de défense immédiate. Sous l'article 42 de la charte de l'ONU, c'est au Conseil de sécurité, pas aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne, de décider comment on assurera le respect des résolutions du Conseil de sécurité, telle la résolution 1441. La décision américaine de «faire respecter» son interprétation de 1441 quelle que soit la volonté du Conseil de sécurité contredit en fait la loi internationale.
                               
                              Mensonge 11 : «Si nous devons entamer une campagne militaire, elle sera dirigée contre les hommes sans foi ni loi qui gouvernent votre pays et non pas contre vous.»
                              La stratégie militaire américaine, largement expliquée dans la presse, est un bombardement aérien de l'Irak si intensif que «le choc et l'affolement» du peuple irakien forcera les armées irakiennes à se rendre en masse. Selon une version dans la presse, les forces américaines et britanniques «préparent à lancer la nuit les frappes aériennes les plus dévastatrices sur un seul pays dans toute l'histoire des forces aériennes. On détruira simultanément des centaines de cibles dans toutes les régions de l'Irak». Les prédictions des pertes de civils irakiens sous l'impact immédiat des bombes et missiles varient entre des milliers et des centaines de milliers ou même plus quand on tient compte de l'effet à long terme des bombes.
                               
                              Mensonge 12 : «Lorsque notre coalition les chassera du pouvoir, nous vous distribuerons les vivres et les médicaments dont vous avez besoin.»
                              Ceci est particulièrement cynique, puisque l'effet immédiat de l'ultimatum de 48 heures de Bush était l'évacuation des travailleurs humanitaires de l'ONU et l'annulation du programme pétrole-pour-nourriture, qui nourrit 60 pour cent de la population irakienne. Quant aux médicaments, les Etats-Unis ont systématiquement privé le peuple irakien de médicaments essentiels pendant les 12 dernières années, insistant que même le matériel médical le plus essentiel, tels les antibiotiques ou les seringues, étaient à «multi-usage» et devaient être proscrits pour qu'ils ne servent pas à un programme de guerre biologique.
                               
                              Mensonge 13 : «Nous détruirons l'appareil de la terreur et nous vous aiderons à construire un nouvel Irak qui sera prospère et libre.»
                              Le but de l'administration Bush est d'installer un régime fantoche à Bagdad, prenant d'abord la forme d'une dictature militaire américaine. On n'exagère pas en disant que le gouvernement américain a été l'aide principale aux dictatures du monde, de Pinochet au Chili et Suharto en Indonésie à Saddam Hussein lui-même qui, selon un rapport récent, a commencé sa vie politique en tant qu'assassin anti-communiste participant à un complot de la CIA pour assassiner le président irakien Qasem, gauche-nationaliste, en 1959.
                              Un rapport secret du département d'Etat décrit par le Los Angeles Times du 14 mars a non seulement conclu qu'un Irak démocratique n'allait sans doute pas sortir de la dévastation de la guerre, mais que ceci ne serait même pas désirable du point de vue des intérêts américains, car «le sentiment anti-américain est si répandu que des élections à court terme pourraient installer au pouvoir un gouvernement islamiste hostile aux Etats-Unis».
                               
                              Mensonge 14 : «Si Saddam Hussein devait choisir l'affrontement, le peuple américain saura que l'on a pris toutes les mesures nécessaires pour éviter la guerre et également toutes les mesures nécessaires pour la gagner.»
                              Ceci combine un mensonge et une vérité brutale. L'administration Bush a pris toutes les mesures possibles pour s'assurer que la guerre aura lieu, traitant le redémarrage des inspections de l'ONU avec une hostilité à peine dissimulée et réservant son venin pour ces pays qui suggèrent qu'il est possible d'arriver à une solution diplomatique en Irak. En menant la guerre, l'administration Bush accepte en effet d'utiliser «toutes les mesures», y compris les armes nucléaires, pour la gagner.
                               
                              Mensonge 15 : «Rien n'est certain dans la guerre, sauf les sacrifices.»
                              Il y aura des sacrifices énormes pour le peuple irakien et des sacrifices en vies et économiques pour le peuple américain aussi. Mais pour la vraie base politique de Bush, la couche la plus aisée au sommet de la société américaine, il n'y aura pas de sacrifices. L'administration cherche une réduction d'impôts de 700 milliards, y compris l'abolition des impôts sur les dividendes des sociétés. De grandes sociétés américaines se préparent à obtenir des centaines de millions de dollars de profits en reconstruisant l'infrastructure irakienne détruite par l'assaut américain. On peut citer comme exemple la société de contruction pétrolière Halliburton, que le vice-président Cheney dirigeait avant de rejoindre l'administration Bush et qui continue à lui réserver un salaire.
                               
                              Mensonge 16 : «le seul moyen de réduire les dommages causés par la guerre et sa durée est d'appliquer toute la force et toute la puissance de notre armée et nous sommes prêts à le faire».
                              Tout agresseur dit qu'il déplore les souffrances de la guerre et tente de critiquer la victime qui résiste, prolongeant ainsi les maux. Bush n'agit pas différemment. Ses prétentions hypocrites à de la «sollicitude» pour le peuple irakien ne peuvent dissimuler le fait que cette guerre, comme les apologues de l'administration l'avouent ouvertement, est une «guerre voulue», sciemment poursuivie par le gouvernement américain pour poursuivre ses intérêts stratégiques au Moyen-Orient.
                               
                              Mensonge 17 : «La menace terroriste qui pèse sur les Etats-Unis et le reste du monde diminuera dès que Saddam Hussein sera désarmé.»
                              Personne, même dans le gouvernement et l'établissement militaire américains, ne le croit sérieusement. Le personnel anti-terroriste américain a dit à maintes reprises que conquérir et occuper l'Irak, tuant des milliers d'Arabes et de musulmans et enrageant l'opinion publique du monde islamique comme ailleurs, loin de diminuer la menace terroriste, l'augmentera.
                               
                              Mensonge 18 : «Nous agissons maintenant parce que les risques de l'inaction seraient encore beaucoup plus grands. Dans un an, peut-être cinq ans, la capacité de l'Irak de nuire aux autres pays libres serait multipliée à l'infini.»
                              Ceci contredit directement l'expérience des douze dernières années, pendant lesquelles les capacités militaires de l'Irak ont constamment diminué. Saddam Hussein n'a jamais menacé un «pays libre», si ce terme a un sens, mais seulement l'Iran et les monarchies pétrolières réactionnaires du Golfe Persique, qui ont tous des régimes dirigeants aussi répressifs que le sien.
                               
                              Mensonge 19 : «En réclamant le respect des justes exigences du monde, nous honorerons également les engagements solennels de notre pays.»
                              Les justes exigences du monde ont trouvé expression dans la mobilisation de millions de personnes qui ont manifesté dans des villes à travers le monde les 15 février et 15 mars contre un assaut unilatéral américain contre l'Irak. Bush se pose en défenseur d'anciennes résolutions du Conseil de sécurité contre l'Irak («les justes exigences du monde»), tout en contredisant la volonté de la majorité du Conseil de sécurité, des gouvernements du monde et de l'humanité.
                               
                              Mensonge 20 : «Contrairement à Saddam Hussein, nous croyons que le peuple irakien mérite la liberté et est capable de l'assumer. Les Etats-Unis, avec d'autres pays, oeuvreront à promouvoir la liberté et la paix dans cette région.»
                              Substituons pour «le peuple irakien» «le peuple égyptien», «le peuple de la péninsule arabe», «le peuple pakistanais», ou ceux d'autres dictatures appuyées par les Etats-Unis, pour ne pas parler des Palestiniens qui vivent sous une occupation israélienne brutale soutenue par les Etats-Unis. Le gouvernement américain croit-il qu'ils «méritent la liberté» ou qu'ils soient «capables de l'assumer» ? Quand le parlement de la Turquie, sous la pression de l'opinion publique, a voté pour interdire aux Etats-Unis l'utilisation du territoire turc pour envahir l'Irak, l'administration Bush a fait un appel aux forces armées turques pour faire pression sur le gouvernement pour renverser cette décision démocratique.
                               
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