Il m’a dit que j’étais la plus éloignée des étoiles dont la lumière était si faible que lui seul l’a remarquée. Il a composé des petits poèmes qu’il récitait quand nous nous promenions dans les rues désertes après minuit. Et je riais, riais gaiement de ses poèmes, riais si fort qu’il s’est mis à rire lui aussi. Puis il m’a dit qu’il était si heureux de me voir rire, qu’il voulait devenir un clown pour m’amuser. Nous passions des nuits errant sur les grandes boulevards tranquilles de la ville endormie, racontant les événements de la journée, discutant nos idées, ou simplement restant silencieux l’un à côté de l’autre, totalement heureux. Notre endroit préféré était le banc sur la rive du fleuve qui traversait la ville. L’eau, qui était noire et calme comme la nuit, reflétait les lumières des bateaux qui valsaient doucement, menés par les taquines vaguelettes. Quelquefois, il pleuvait. Avec le poncho, nous formions un petit abri chaleureux, et nous regardions la pluie, si heureux, simplement heureux d’avoir un être auprès de nous pour partager les choses absurdes de notre vie quotidienne. Nous passions quelquefois des heures dans les cafés, regardant les gens aller et venir à travers les vitrines, devinant la vie des autres, ne parlant point de notre avenir. Des mois, et peut-être des années, s’étaient passés, et nous restions dans la même situation. Rien ne changeait, rien ne nous empêchait d’être heureux, mais rien ne nous rendait plus proches l’un de l’autre. Il y avait un mur qui existait entre nous, une barrière que nous n’avons point mentionné mais nous avions toujours conscience d’elle.
Puis le temps s’arrête. Il me quitte, il quitte le pays. Je retrace les mêmes boulevards, seule, pleurant quelquefois. Il m’écrit souvent, très souvent, mais il n’est plus là, me laissant avec les souvenirs doux, qui soudainement deviennent amères, et je plonge dans ma solitude ne sachant comment en sortir, espérant désespérément le retour du temps perdu, cependant je me retrouve moi-même en train de marcher en rond, divisée entre l’amour et la haine, l’amour d’un homme qui m’est si cher et la haine de ce même homme qui m’abandonne dans mes pensées. Le temps s’arrête pour longtemps.
Je me suis finalement réveillée de mon malheur. Les souvenirs sont devenus doux de nouveau. Je n’écris plus à mon ami. Il n’existe plus en moi comme un souvenir dominant, mais seulement comme un souvenir qui ne me dérange plus.
<bài viết được chỉnh sửa lúc 07.10.2008 04:51:27 bởi phuongmainguyen >