Les premiers rayons de soleil
phuongmainguyen 04.10.2008 13:45:18 (permalink)
Le français, c’est la chaleureuse lumière jaunâtre au-dessus de la longue table de la salle à manger chaque soir après le dîner.  Le français, c’est le mignon petit sapin qui se dresse fièrement dans le bois rêvant d’avoir l’occasion de vivre une vie splendide mais éphémère ; c’est la jolie petite chèvre de monsieur Seguin qui lutte courageusement pendant toute la nuit contre le loup féroce ; c’est la mère qui échange sa magnifique chevelure blonde, sa voix aimable et même sa jeunesse pour racheter la vie de son enfant dans les mains indifférentes de la Mort ; c’est le vieux bûcheron au dos courbé par le poids des fagots qui se lamente péniblement en rentrant chez lui chaque soir….  Le français, ce sont les leçons de dignité, de courage, d’amour, de peur….  Mais le français, surtout, c’est l’histoire du petit Gilbert qui joue innocemment avec les rayons du soleil aux bons matins.
 
Etant un peu moins âgé que moi, ma tante partageait mes leçons de français.  Je ne sais combien de soirées nous avons passé dans cette salle à manger où nous avons été inspirées par les petits contes français.  Nous étudiions de nombreux récits dans les livres divers, mais les événements sur la vie du petit Gilbert restaient toujours mes favoris.  Le petit Gilbert, âgé de quelque mois, se réveilla un matin et vit les rayons de soleil, qui ressemblaient à ses boucles d’or, pénétrant silencieusement dans son berceau.  Il faisait la conversation enfantine avec ses nouveaux amis sans éveiller ses parents qui étaient encore endormis dans leur chambre.  Les images d’enfance du petit Gilbert illustrées dans le livre restent voilées dans le brouillard de ma mémoire mais la vive couleur dorée des petits rayons de soleil apparaissent toujours clairement à travers la distance brumeuse da ma propre enfance.  Le petit Gilbert était toujours parfaitement heureux dans tout le livre, excepté à la dernière leçon.  Quand il a eu trente ans, le petit Gilbert est revenu dans sa ville natale pour chercher la maison où il avait vécu avec ses parents.  Il est peut-être revenu aussi pour chercher ses premiers amis d’enfance.  J’ai toujours imaginé qu’il entra dans la maison, ouvrit la porte, monta l’escalier, vit son berceau et ses petits rayons de soleil.  Je ne me souviens de rien de cette lecture excepté un sentiment de mélancolie nostalgique qui pénétrait doucement dans mon cœur, se dispersait lentement dans tout mon corps et m’enveloppait finalement d’une tristesse dominante et incompréhensible.
 
Quand j’ai annoncé à ma famille que j’allais suivre quelque cours de français, tout le monde me regarda comme si je suis devenue soudainement folle.  Personne ne sait que chaque fois que j’ouvre la porte de ma classe, inconsciemment je deviens le petit Gilbert âgé de trente ans ou la petite fille de six ans : je suis dans ma ville natale, je visite la villa de mes grands-parents, je monte le petit escalier obscur, je tourne le verrou, j’ouvre la porte de la salle à manger, je viens m’asseoir sur la chaise à côté de la longue table et j’attends.  J’attends l’arrivée de mon grand-père, de ma tante et de mes premiers rayons de soleil.
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