La valse aux adieux - Milan Kundera
Éditions Gallimard, collections "Du Monde entier" et "Folio". Traduit du tchèque par François Kérel.
Dans une ville d'eaux, huit personnes en quête de bonheur s'étreignent, puis s'éloignent. Une jolie infirmière enceinte vit une brève rencontre avec un célèbre musicien de jazz lâche et frivole. Éternel exilé, victime des purges, un ancien militant désabusé par la vie est sur le point de quitter définitivement le pays. Une jeune fille, victime du passé de son père. Un gynécologue qui invente un eugénisme d'un genre nouveau. Un riche Américain au pouvoir mystique. Un laideron persécuté de toutes parts. Un amoureux transi et une femme belle et suicidaire.
La Valse aux adieux clôt la trilogie romanesque dont
La Plaisanterie et
La Vie est ailleurs formaient les premiers volets. Construit avec la rigueur d'un texte classique – un espace temps de cinq journées -, ce livre a la truculence d'une bonne blague racontée avec plaisir et dérision, mais il est en même temps le fruit d'une rare synthèse où la lucidité se mêle à l'invention. C'est en tout cas le roman le plus drôle de Kundera qui orchestre avec son humour habituel, dosant sarcasme et tendresse, une valse de hasards, de quiproquos et de confusions amoureuses, qui jalonnent toute l'œuvre de Kundera. Un passionnant suspense, où la réalité historique, cette fois, reste le moteur caché d'une intrigue qui se maintient à la frontière du réel et du fantastique. Un vaudeville noir, une apparente comédie de mœurs où les questions les plus graves sur l'oppression politique en Tchécoslovaquie, la fertilité, la religion, la fidélité, l'amour, la dissimulation, l'individu et le groupe sont posées avec une légèreté blasphématoire qui nous fait comprendre que le monde moderne nous a privés même du droit au tragique. Tout l'univers de Kundera baigne dans une poésie moderne. Des portraits incisifs et des destins se croisent, se tournent le dos, s'entremêlent dans une valse menée avec brio. C'est son dernier livre écrit en tchèque et en Tchécoslovaquie.
Pascale Arguedas