Le mois de décembre
MINUIT , CHRETIENS Minuit, Chrétiens, c’est l’heure solennelle Où l’Homme-Dieu descendit jusqu’à nous, Pour effacer la tache originelle Et de son père apaiser le courroux. Le monde entier tressaille d’espérence A cette nuit qui lui donne un sauveur, Peuple, à genoux ! Attends ta délivrance ! Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur . Le Rédempteur a brisé toute entrave ; La terre est libre et le ciel est ouvert . Il voit un frère où n’était qu’un esclave L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer . Qui lui dira notre reconnaissance ? C’est pour nous tous qu’il naît, qu’il souffres et meurt . Peuple, debout ! Chante ta délivrance ! Noël ! Noël ! Chantons le Rédempteur !
Placide Cappeau De Roquemaure ( 1809-1877 ) ***
NUIT DE NOËL La terre est noire ; L’église, blanche . Que cache-t-elle Pour être ainsi Tellement belle Dans l’air noirci ? Rien qu’un enfant Qui vient de naître Entre deux bêtes Si ingénues Que, dans leur ombre , Il tient le monde Dans son poing nu .
Maurice Carême
NOËL Le ciel est noir, la terre est blanche ; - Cloches, carrillonnez gaiement !- Jésus est né . – La Vierge penche Sur son visage charmant . Pas de courtines festonnées Pour préserver l’enfant du froid , Rien que des toiles d’araignées Qui pendent des poutres du toit . Je comprends tout ce qu’elle disent , Car le poète est un oiseau ; Mais captif , ses élans se brisent Contre un invisible réseau . Des ailes ! des ailes ! des ailes ! Comme dans le chant de Ruckert Pour voler, là-bas avec elles Au soleil d’or, au printemps vert ! Théophile Gautier
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SOULIERS DE VELOURS Marchons dans la neige blanche Dans un espace sans bruit ; Aux pas paisibles et lents , A une allure tranquille, Sous des voiles de blanches dentelles. J’irai chaussée de soie, Et toi de laine Blanche comme le lait d’une vache blanche, Plus belle Que la poitrine d’une mouette . Nous marcherons à travers la ville silencieuse Dans une paix sans vent ; Nous marcherons sur le duvet blanc , Sur une toison d’argent, Sur quelque chose de plus doux que ceci. Nous marcherons en souliers de velours ; Partout où nous irons Le silence tombera comme des rosées Sur le blanc silence. Nous marcherons dans la neige . Elinor Wilie
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FIN D’ANNEE Sous les cieux faits de filasse et de suie , D’où choit morne et logue pluie, Voici pourrir, Au vent tenace et monotonne , Les ors d’automne ;
Voici les ors et pourpres mourir. Ô vous qui frémissiez, doucement volontaires, Là-haut , contre le ciel, tout au long du chemin, Tristes feuilles commes des mains, Vous gisez, noires, sur la terre . L’heure s’épuise à composer les jours ; Lautant, comme un rôdeur, par les plaines circule ; La vie ample et sacrée , avec des regrets sourds, Sous un vague tombeau d’ombre et de crépuscule, Jusques au fond du sol se tasse et se recule. Dites, l’entendez-vous venir le son de glas, Venir du fond des infinis là-bas, La vieille et morne destinée ? Celle qui jette immensément au tas Des siècles vieux, des siècles las , Comme un sac de bois mort , l’année . Emile Verhaeren
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