Paul Verlaine
Le petit berger
(A poor young shepherd)
J’ai peur d’un baiser
Comme d’une abeille.
Je souffre et je veille
Sans me reposer.
J’ai peur d’un baiser !
Pourtant j’aime Kate
Et ses yeux jolis
Elle est délicate
Aux longs traits pâlis.
Oh !que j’aime Kate !
Comme saint-Valentin !
Je dois et je n’ose
Lui dire au matin…
La terrible chose
Que saint-Valentin !
Elle m’est promise,
Fort heureusement !
Mais quelle entreprise
Que d’être un amant
Près d’une promise !
J’ai peur d’un baiser
Comme d’une abeille.
Je souffre et je veille
Sans me reposer.
J’ai peur d’un baiser !
Paul Verlaine.
Paul Verlaine.
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La lune blanche
La lune blanche
Luit dans les bois;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...
Ô bien-aimée.
L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...
C'est l'heure exquise.
Paul Verlaine
[image]http://diendan.vnthuquan.net/upfiles/95654/DA0E59AFFC30419E9C45255132B87ADF.jpg[/image]
Paul Verlaine est né à Metz en mars 1844. Sa famille quitte Metz pour Paris en 1851. Verlaine obtient son baccalauréat en 1864, s’inscrit en droit, mais c’est la poésie qui l’attire. Verlaine renonce à ses études et travaille de prime abord pour une compagnie d’assurances et ensuite comme expéditionnaire à l’Hôtel de Ville de Paris.
À l’âge de vingt-deux ans, il publie à compte d’auteur les Poèmes saturniens (1866) et, en 1869, Fêtes galantes. Il rencontre Mathilde Mauté à l’âge de vingt-cinq ans et l’épouse en 1870. Le siège de Paris, les troubles de la Commune (1871), et la rencontre de Rimbaud en 1871 bouleversent sa vie : les deux poètes vivent une relation passionnée et partent en Angleterre et en Belgique (Verlaine écrit alors Romances sans paroles). En juillet 1873, Verlaine tire sur son ami et est emprisonné en Belgique.
Lorsqu’il sort de prison, il est seul car sa femme Mathilde Mauté a obtenu la séparation de corps. Il part alors de nouveau en Angleterre où il est professeur. En 1877, il quitte l’Angleterre pour enseigner à Rethel.
En mars 1884, il publie un essai, Les Poètes maudits. À partir de 1887, la célébrité de Verlaine est incontestable mais il mène une vie de débauche (alcool, etc.) et séjourne régulièrement à l’hôpital… Il meurt dans un certain dénuement en janvier 1896.
<bài viết được chỉnh sửa lúc 14.02.2012 01:02:04 bởi M.H. Nguyen >
Il pleure dans mon coeur
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
Paul Verlaine
SPLEEN Les roses étaient toutes rouges
Et les lierres étaient tout noirs.
Chère, pour peu que tu ne bouges,
Renaissent tous mes désespoirs.
Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l'air trop doux.
Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre !
Quelque fuite atroce de vous.
Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,
Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas ! Paul Verlaine (1844-1896) in "Romances sans paroles".
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte
Paul Verlaine
EN SEPTEMBRE
Parmi la chaleur accablante
Dont nous torréfia l'été,
Voici se glisser, encor lente
Et timide, à la vérité,
Sur les eaux et parmi les feuilles,
Jusque dans ta rue, ô Paris,
La rue aride où tu t'endeuilles
De tels parfums jamais taris,
Pantin, Aubervilliers, prodige
De la Chimie et de ses jeux,
Voici venir la brise, dis-je,
La brise aux sursauts courageux...
La brise purificatrice
Des langueurs morbides d'antan,
La brise revendicatrice
Qui dit à la peste : va-t'en !
Et qui gourmande la paresse
Du poëte et de l'ouvrier,
Qui les encourage et les presse...
" Vive la brise ! " il faut crier :
" Vive la brise, enfin, d'automne
Après tous ces simouns d'enfer,
La bonne brise qui nous donne
Ce sain premier frisson d'hiver ! "
Paul Verlaine
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